"Je m'identifie au sacrifice de ces jeunes" : des lycéens retracent la libération de Saint-Malo par des GI américains

C'était il y a presque 80 ans. En août 1944, plus de deux mois après le débarquement des alliés en Normandie, la ville de Saint-Malo, occupée par les allemands, était libérée par les soldats de la 83e Division d'Infanterie américaine. La bataille dura près de trois semaines. Elle fut longue et tragique avec 500 morts dans les deux camps et 90 victimes parmi les civils. Au lycée Jacques-Cartier, des élèves de terminale avec leur professeure d'histoire, Fabienne Massard-Wimez et avec l'aide du directeur des archives municipales Marc Jean, ont travaillé pendant plusieurs semaines sur cette histoire sombre de leur ville en suivant le parcours de cette division de GI américains qui ont débarqué en Normandie le 18 juin 1944.

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Un grand oral

Au terme de leur travail de recherche, les élèves, répartis en six groupes thématiques, ont fait leur grand oral devant leurs camarades aidés d'un diaporama. "L'avancée de la 83e DI", "les bombardements de Saint-Malo", "les internements au Fort National", "les combats de la cité d'Alet", "la reddition allemande sur l'ile de Cézembre" et "l'histoire des bornes de la liberté", voilà les six sujets retenus donnant lieu à des exposés d'une dizaine de minutes chacun. Les archives municipales ont joué un rôle clé : "Je leur ai fourni une approche historique locale de la bataille avec des documents originaux, des photos et des films", précise son directeur Marc Jean et aussi spécialiste de l'histoire de Saint-Malo.

Des élèves conquis

Les lycéens se sont investis à fond dans ce projet "on ne peut que s'identifier à ces jeunes hommes", témoigne Jean. "Moi encore plus puisque je veux devenir officier plus tard dans l'armée. Je m'identifie à ces jeunes et au sacrifice qu'ils ont fait pour nous, pour notre liberté. Je vais souvent courir du côté de la cité d'Alet. Je ne peux que penser à eux, je ne les remercierai jamais assez." Morgane se sent aussi impliquée : "J'ai appris plein de choses, notamment sur le cité d'Alet dont parle Jean où les combats entre allemands et américains ont été rudes. On passe devant des blockhaus ou des bornes de la liberté et on se dit que c'est le passé, mais ça ne nous dit rien de l'histoire. C'est important de faire des exposés comme aujourd'hui". Pour Romane, "on a des regards nouveaux et ça ouvre l'esprit sur notre ville."

"Remettre du local"

Pour leur professeure d'histoire, on intéresse davantage les élèves en partant de leur ville "c'est remettre du local dans une histoire qui est assez européenne", explique Fabienne Massard-Wimez. "C'est important de savoir qu'il y avait une communauté juive à Saint-Malo, qu'il y avait des résistants à Saint-Malo, que des américains sont morts à Saint-Malo. Les soldats de la 83e division étaient jeunes, ils sont morts à 20 ou 25 ans pour un pays qui n'était pas le leur et une ville qui n'était pas la leur non plus". L'histoire et le devoir de mémoire sont essentiels : "Le 8 mai et le 11 novembre, on joue avec le conservatoire pour les commémorations et c'est assez émouvant. Au lycée, on s'est replongé dans l'histoire de la ville où on vit et ça nous aide à savoir d'où on vient", assure Romane.