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Harcèlement scolaire : "rendez-vous compte que ça fait du mal aux gens" témoigne Valentin dans les Yvelines

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C'est la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire ce jeudi. L'occasion pour Valentin, 13 ans, de prendre son courage à deux mains et de témoigner. L'adolescent, scolarisé dans les Yvelines et passionné de danse, est harcelé depuis deux ans.

Image d'illustration Image d'illustration
Image d'illustration © Maxppp - Alexandre MARCHI

"J'avais honte mais au final, heureusement que j'en ai parlé parce que sinon ça aurait pu aller beaucoup plus loin." Du haut de ses 13 ans, Valentin*, adolescent passionné de danse et aux longues jambes ne veut plus avoir peur de ses harceleurs. Il n'est pas totalement sorti de sa galère, une enquête est en cours et son principal harceleur est convoqué à la gendarmerie, mais son collège des Yvelines, ses parents et même ses copines de classe, font front autour de lui. "Il ne s'est rien passé depuis une semaine mais je préfère pas encore retourner à la cantine parce que la plupart de mes copines n'y mangent pas donc c'est là que les garçons viennent me voir", explique l'adolescent. Le voir pour l'insulter, le bousculer. Jamais de coups. Pas encore en tout cas.  

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Mais récemment, ses harceleurs sont allés encore plus loin, avec des menaces de mort envoyées sur le groupe WhatsApp de toute la classe. Les amies de Valentin n'ont pas voulu laisser passer, elles sont allées voir la CPE. Un courage que salue Audrey*, la maman de Valentin. "Elles ont été top, elles ont écrit des lettres à la CPE, elles ont accepté de témoigner à la gendarmerie après notre dépôt de plainte. C'est très important. Pour moi un témoin qui se tait, fait partie du clan des harceleurs pour moi." 

"Le harcèlement est l'affaire de tous évidemment, mais je ne veux pas faire porter la responsabilité ou une culpabilité sur les épaules des enfants", tempère Norah Fraisse. "Si les élèves sont intéressés par le sujet, qu'ils veulent se battre avec nous alors ils doivent lever le doigt, ils peuvent devenir ambassadeurs via le programme pHARE", rappelle la fondatrice de l'association Marion Fraisse du nom de sa fille, retrouvée pendue en 2014 après des mois de calvaire. Le Programme National de lutte contre le harcèlement à l'école va former 10 ambassadeurs par établissement. Pour Norah Fraisse, à l'origine de cette journée nationale pour le harcèlement scolaire, "il faut former tous les adultes qui évoluent autour de l'enfant. Les enseignants bien sûr, les animateurs périscolaires, les 50.000 jeunes diplômés du BAFA chaque année. Ils doivent tous apprendre à recueillir la parole et à la prendre en compte. Sans ça, les enfants ne parleront plus. Il faut sensibiliser les parents aussi et pour ça nous lançons une campagne d'affichage dans les Transilien d'Île-de-France. 600.000 voyageurs sensibilisés chaque semaine en prenant le train." 

"Une impunité totale" 

Et puis "il faut que la justice passe" réclame Norah Fraisse pas convaincue par une énième loi sur le harcèlement scolaire. "La loi dit, mais la loi ne condamne pas. Il faut arrêter de dire et il faut des actes. Il y a une impunité totale pour ces jeunes, quand on arrive à porter plainte, c'est classé sans suite", s'anime la mère qui a perdu la chair de sa chair comme elle dit. Marion avait pourtant alerté et fait la liste de ses harceleurs. 

Il faut savoir d'abord, qu'avant 13 ans, un enfant ne peut pas être condamné rappelle Maryvonne Caillibotte, la procureur des Yvelines. "Il n'est pas considéré comme n'ayant pas de discernement La loi dit qu'il ne peut pas se rendre compte de ce qu'il a fait et des implications." Après 13 ans, en revanche, la loi prévoit bien entre deux et trois ans de prison pour les faits les plus graves. Mais parce que les harceleurs sont mineurs, la justice doit quand même privilégier les "peines éducatives". Les travaux d'intérêt général, les stages par exemple. Des peines frustrantes pour les victimes et leurs parents comprend bien la procureure.

Les agresseurs de Valentin en effet, ont eu droit à un rappel à la loi. L'élève qui l'a menacé de mort, lui, n'a pas encore été convoqué par les enquêteurs. "Un rappel à la loi pour eux, des dizaines de séance de psy pour Valentin", regrette Audrey. Parce qu'il faut réussir à s'en remettre de tout ça." Un travail qui permet aujourd'hui à Valentin d'oser passer un message à ses agresseurs : "arrêtez et rendez-vous compte des conséquences, que ça fait du mal aux gens." 

*les prénoms ont été changés à leur demande. 

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