Enquête pour harcèlement scolaire à Ille-sur-Têt : aucune preuve pour l'instant pour qualifier les faits
Après une plainte pour harcèlement et une pour diffamation, deux collégiennes d'Ille-sur-Têt (Pyrénées-Orientales) se retrouvent au cœur d'une affaire médiatique qui prend de l'ampleur, mais l'enquête ne permet pas, pour l'heure, de prouver le harcèlement scolaire dénoncé.
Tout n'est peut-être pas si simple dans cette affaire présumée de harcèlement scolaire au collège d'Ille-sur-Têt. Bientôt trois semaines que Marie, la maman d'Océane, a découvert une lettre de sa fille de 13 ans dans laquelle elle expliquait subir du harcèlement de la part d'une de ses camarades de classe de 5e et pensait au suicide.
La maman d'Océane avait alors décidé de médiatiser son histoire, rapidement relayée, jusqu'à atteindre le premier ministre Gabriel Attal qui avait réagi sur le réseau social X.
Mais aujourd'hui, les faits de harcèlement scolaire ne sont toujours pas qualifiés. "L'enquête a avancé toute la semaine dernière avec des entretiens menés par l'équipe de direction qui n'a pas retenu de preuves suffisantes pour parler de harcèlement à ce stade" détaillait ce week-end Anne-Laure Arino, la directrice académique des Pyrénées-Orientales.
Le problème c'est que, pour l'heure, aucune décision claire n'a pu être prise quant à la suite de la scolarité des deux collégiennes.
Dispute ou harcèlement ?
Au départ il avait été question de mesures d'éloignement et de sanctions disciplinaires dans l'hypothèse de faits de harcèlement, mais au fur et à mesure de l'enquête, il a finalement été reconnu des tords aux deux jeunes filles.
La maman d'Océane annonçait en effet vendredi dernier que sa fille faisait à son tour l'objet d'une exclusion temporaire de trois jours de l'établissement pour une altercation avec sa présumée harceleuse.
Dans sa vidéo, déjà visionnée plus de deux millions de fois depuis vendredi, Marie, la maman d'Océane, raconte que sa fille est désormais accusée d'avoir insulté, bousculé et mis un coup de pied à l'autre élève, selon les faits rapportés par la lettre d'exclusion du collège Pierre Fouché.
"Voilà comment on traite aujourd'hui les élèves qui arrivent à bout de souffle et sont à deux doigts de mettre fin à leurs jours dans le système de l'Education nationale" s'est indignée Marie sur les réseaux sociaux.
En face, la famille de la jeune fille, accusée de faits de harcèlement qui ont initié l'enquête, refuse de médiatiser cette affaire. Leur avocate, Me Alexandra Buthion-Rivière, a finalement pris la parole ce week-end pour dénoncer "une supercherie".
"Nous ne sommes pas dans une affaire de harcèlement scolaire, et je m'inquiète de voir qu'une simple dispute entre adolescentes puisse prendre de telles proportions" a-t-elle ajouté.
L'Éducation nationale temporise
L'Éducation nationale se retrouve dans une position délicate, face à la sensibilité des dossiers de harcèlement scolaire, alors il faut temporiser, quitte à rétropédaler. Le choix a donc été fait, ce week-end, de suspendre les sanctions et les mesures d'éloignement prises à l'encontre des deux adolescentes, selon un communiqué de presse du rectorat de Montpellier.
"Du fait de l’incompréhension suscitée par ces mesures disciplinaires et dans un souci d’apaisement, Anne-Laure Arino, la Directrice académique des services de l’éducation nationale des Pyrénées-Orientales, a demandé à la cheffe d’établissement de suspendre temporairement leur application" est-il précisé.
Deux plaintes déposées
Ce lundi 4 mars, Anne Laure Arino se rendra au collège d'Ille-sur-Têt pour préparer le retour des deux élèves de 5ème et "trouver la suite la plus apaisée pour tous, aux côtés de la direction et en lien avec les familles".
Le contexte reste cependant très tendu. Des procédures pénales sont en cours. Une plainte pour harcèlement a été déposée par la famille d'Océane, tandis que la famille de la jeune fille accusée a porté plainte pour diffamation.
Pour l'heure, le procureur de la République n'a pas encore rendu ses conclusions. Il attend l'expertise psychologique d'Océane.
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