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Charleville-Mézières : le lycée Chanzy en appelle aux parents pour trouver des profs remplaçants

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Deux professeurs d’anglais et de français du lycée Chanzy sont absents depuis le mois de septembre sans être remplacés. La direction de l’établissement de Charleville-Mézières demande de l’aide aux parents pour trouver un contractuel.

L'entrée du lycée Chanzy, à Charleville-Mézières L'entrée du lycée Chanzy, à Charleville-Mézières
L'entrée du lycée Chanzy, à Charleville-Mézières © Radio France - Alexandre Blanc

"Je profite de ce message pour vous solliciter personnellement dans la recherche d’un contractuel. (…) N’hésitez pas à prendre contact avec mon secrétariat si vous aviez des pistes d’embauche". C’est le SOS lancé aux parents par la direction du lycée Chanzy de Charleville-Mézières, via la messagerie de l’espace numérique de travail.

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Absent depuis le 18 septembre sans être remplacé, un professeur d’anglais qui enseigne aux classes de seconde, première et terminale ne reprendra pas le travail avant le 31 décembre. Voilà 8 semaines que les élèves concernés n’ont pas cours de langues vivantes. Dans le même établissement, il manque aussi un remplaçant pour une professeure de français elle aussi absente depuis septembre.

"Ça m'a interpellée !"

"Ça m’a interpellée. Là, je me suis dit que c’est la première fois que je voyais un établissement faire appel aux parents pour pallier le recrutement d’un professeur", s’étonne la maman d’un élève de première concerné, à la lecture du message. "L’Education nationale ne se suffit plus à elle-même". Son fils s’arrange avec des camarades pour recevoir les cours en photo. "Surtout que maintenant, il y a le bac avec le contrôle continu. Donc comment ça se passe quand il n’y a pas de professeur ?", s’inquiète la maman.

40% de la note du bac dépend désormais du contrôle continu du travail réalisé en classe. "Les modalités du contrôle continu pourront être adaptées", indique le rectorat de l’académie de Reims.

Lancé à la rentrée 2023 par le gouvernement, le Pacte enseignant vise à améliorer la donne. Il offre une indemnité de 1250 euros aux professeurs volontaires pour assurer 18 heures de remplacement dans l’année. "Ce pacte a été bien mobilisé. C’est assez positif !", se réjouit Valérie Pinset, secrétaire générale du rectorat de l'académie de Reims, qui juge néanmoins prématuré d’en dresser un bilan chiffré. Mais cela ne concerne que les remplacements de moins de deux semaines, gérés au sein-même de chaque établissement, entre collègues en quelque sorte.

Des tensions sur les remplacements de longue durée

Au-delà de 15 jours d’absence, la gestion du remplacement incombe au rectorat. Celui de Reims reconnaît "une certaine tension" pour remplacer les absences dans les collèges et les lycées. "L’ensemble des employeurs est confronté à des difficultés de recrutement. Nous sommes confrontés comme tout le monde à ces mêmes difficultés", constate Valérie Pinset, sa secrétaire générale.

Dans les collèges et lycées de l'académie de Reims, 15% des absences de plus de deux semaines ne sont pas remplacées, indique le rectorat. Un chiffre à comparer à la moyenne nationale qui affiche seulement 5% de remplacements de longue durée non assurés.

Professeur de sciences de la vie et de la terre au collège Jeanne Mélin de Carignan et secrétaire départemental adjoint de Force ouvrière lycées et collèges (SNFOLC) dans les Ardennes, Sylvain Garon en a fait l’expérience. Lui-même a été absent 6 semaines à la rentrée sans être complètement remplacé : "Je les ai prévenu de mon hospitalisation au mois d’août. Au bout de quatre semaines d’absence, c’est moi qui ai trouvé un remplaçant en discutant avec mes voisins !", raconte l’enseignant.

L’attractivité du métier en question

Cette pénurie manifeste de professeurs remplaçants résulte d’une difficulté plus globale à recruter de nouveaux professeurs. En 2023, sur 23 700 postes ouverts au concours de professeurs dans le public, 3000 n’ont pas été pourvus. En 2022, c’était 4000.

Conséquence : au lieu de remplacer leurs collègues absents, les remplaçants comblent le déficit de recrutement. " Les 491 titulaires sur zone de remplacement (TZR) avaient toute une zone géographique à couvrir et si un professeur était absent, ils étaient disponibles pour le remplacer. Mais maintenant, ils sont nommés à l’année sur des postes qui ne sont pas pourvus parce qu’il n’y a plus de candidat ", explique Mathias du Souich, professeur de mathématiques au collège Jeanne Mélin de Carignan, syndiqué Sud Education.

Quant aux 747 contractuels de Champagne-Ardenne, ils ne suffisent pas à "mettre un professeur devant chaque classe", conformément à l’engagement présidentiel d’Emmanuel Macron.

Le rectorat lance un plan d’actions

Cette problématique de remplacement et de recrutement, "ça fait partie des priorités de l'année !", assure la secrétaire générale du rectorat de l’académie de Reims, Valérie Pinset.

Le rectorat de Reims annonce donc un "plan d’actions". Deux chargés de mission viennent d’être embauchés pour renforcer l’équipe d’une dizaine de personnes chargée des remplacements. "Ces personnels travailleront spécifiquement sur le recrutement de longue durée", précise Valérie Pinset. Le plan d’action se fixe comme priorité "de renforcer et diversifier notre communication, de revoir nos procédures de recrutement pour recruter plus vite, d’accompagner davantage nos personnels débutant dans l’installation sur le territoire et dans la formation, et d’offrir des conditions de travail plus sécurisantes en durée de contrat et en rémunération", liste la numéro 2 de l’académie.

Il y a effectivement des améliorations possibles, confirme le professeur Sud-Education Mathias du Souich : "On a tous des exemples autour de nous de collègues qui commencent en tant que contractuels et qui attendent un mois et demi ou deux mois avant de toucher leur salaire", dénonce-t-il.

En attendant que son plan d’actions porte éventuellement ses fruits, l'académie de Reims essaye de "dépanner" les classes les plus lésées en envoyant un professeur en soutien sur des périodes de deux ou trois semaines.

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