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Muguet : les fleuristes corses "mieux armés" face aux vendeurs non-professionnels ?

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En Corse, où la tradition du muguet du 1er mai reste forte, l’absence de producteurs locaux oblige les fleuristes à s'approvisionner sur le continent. Ils doivent également naviguer face à la concurrence accrue mais "encadrée" des vendeurs non-professionnels.

La vente de muguet est encadrée La vente de muguet est encadrée
La vente de muguet est encadrée © Maxppp - Alexis Sciard / IP3 PRESS

Le 1er mai, fête du travail, est aussi le jour où le muguet, symbole de bonheur, est vendu partout en France. Cette tradition, initiée en 1561 par le roi Charles IX, continue de prospérer malgré une concurrence croissante entre fleuristes et vendeurs non-professionnels. Cette journée représente une part significative du chiffre d’affaires annuel pour les fleuristes, comparable à celle de la Saint-Valentin ou la Fête des Mères.

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"Cela ne nous impacte pas vraiment"

Mélissa, vendeuse chez Botanika à Bastia, souligne les défis rencontrés avec l’augmentation des bancs au bord de route : “Ça peut être négatif pour nous parce que les clients qui s’arrêtent au bord de la route ne viennent pas forcément en boutique. En tout cas, les prix sont, cette année, beaucoup plus élevés sur les bancs que dans ma boutique, dit-elle, illustrant la pression que subissent les commerces traditionnels face à ce type de vente de muguet, décriée du fait d'"achats en gros, à très bas prix".

Néanmoins, chez Naty Fleurs, également situé dans les quartiers sud de la ville, l’approche est plus philosophique. Il faut du travail pour tout le monde, il faut du muguet pour tout le monde. Ce qui est important c’est la fête. Cela ne nous impacte pas vraiment. Et ceux qui veulent de la qualité, ils viendront de toute façon chez leur fleuriste”, explique cette artisane.

"Il n'y a plus de producteurs de muguet en Corse"

Pour Sylvie Mori, installée à Ajaccio, dans la rue Fesch et présente sur le marché, "le muguet est un incontournable". Elle le décline sous différentes formes, "en brin ou en bouquet bulle, accompagné de rose ou pivoine". Côté approvisionnement, elle le déplore en sa qualité de fille d'ancien producteur, "il reste encore quelques producteurs de chrysanthèmes en Corse mais pour le muguet c'est terminé. Il est surtout cultivé à Nantes ou dans le Var, car il est aujourd'hui très compliqué d'en cultiver avec le changement climatique".

Dans ce contexte, “le muguet représente une tradition d’abord et ensuite une obligation. C’est une tradition obligatoire” , confie ce Bastiais, fidèle à sa fleuriste et affirmant l’importance culturelle et presque rituelle de ce brin de fleur lors du 1er mai. “C’est un porte-bonheur. Si je pouvais en offrir à tout le monde, je le ferais” , ajoute une cliente.

Une pratique encadrée

Si une tolérance existe pour permettre à des non professionnels de vendre du muguet en ce 1er mai, la pratique n’en demeure pas moins encadrée afin d’éviter une concurrence déloyale vis-à-vis des fleuristes professionnels : les vendeurs occasionnels ne peuvent vendre que des brins individuels, sans emballage et cueillis en forêt. En Corse, la forêt privée couvre 405 000 hectares soit 80% de la superficie forestière de l'île. En forêt privée comme en forêt publique, la cueillette doit être autorisée par le propriétaire forestier . Autrement, elle est interdite, indique l'ONF sur son site internet. À noter également que seul le ramassage des tiges en fleur est toléré mais en quantité limitée : "ce que la main peut contenir", soit 10 à 15 tiges par personne. Un ramassage trop volumineux peut faire l'objet d'une amende : le code forestier prévoit des sanctions pénales à l'encontre des auteurs de prélèvements abusifs.

D'autre part, les vendeurs non-professionnels doivent maintenir une certaine distance des fleuristes professionnels. Il est par ailleurs interdit normalement d'installer tables, tréteaux et chaises sur le trottoir, sous peine de se voir affliger une amende de 300 euros.

Interviews : Ghjuvan'Marcu Santelli et Paulu Antone Squarcini

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