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Travail de salariés sans-papiers en Indre-et-Loire : un phénomène qui ne touche pas seulement la restauration

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Cet été l'affaire O'Tacos a fait beaucoup de bruit. Treize employés travaillaient sans autorisation dans les restaurants de Tours. Dans le secteur de la restauration, l'emploi de personne sans-papiers est assez peu évoqué. Ce n'est pas le seul secteur économique touché par ce phénomène.

En Indre-et-Loire, il n'y a pas que la restauration qui est touchée par l'emploi de travailleur sans-papiers. En Indre-et-Loire, il n'y a pas que la restauration qui est touchée par l'emploi de travailleur sans-papiers.
En Indre-et-Loire, il n'y a pas que la restauration qui est touchée par l'emploi de travailleur sans-papiers. © Maxppp - Jérémie FULLERINGER

Le travail de personnes sans-papiers est-il répandu dans le département ? Cette question se pose après la révélation du travail de treize employés bangladais dans les restaurants O'Tacos* l'été dernier. Pour l'avocate des salariés, Maitre Yasmina Selatna, si cette situation est arrivée dans le secteur de la restauration, le problème est plus large. "De mon point de vue, je vois qu'effectivement, c'est quelque chose qui répand, un fléau qui touche tout le département d'Indre et Loire. Ce n'est plus cantonné aux grandes villes. Dans la restauration, c'est le vivier où on trouve beaucoup de situations, mais il n'y a pas qu'eux. Il ne faut pas les stigmatiser. Il y a d'autres entreprises qui sont concernées", assure-t-elle. Elle pense notamment au nettoyage, à la livraison de colis ou au bâtiment.

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Une certaine omerta dans la restauration

Aborder le sujet du travail de personnes sans-papiers en Touraine est assez difficile. "C'est un sujet tabou, il ne faut pas trop en parler pour que ça reste secret le maximum possible. Ça permet d'éviter les contrôles", se plaint d'ailleurs un restaurateur qui veut rester anonyme. Pour lui, si la situation persiste, c'est qu'il n'y a pas assez de contrôle de l'inspection du travail. "Personnellement ça m'est déjà arrivé de les appeler et de demander un contrôle. Ils ne se déplacent pas forcément. Au mieux, ils donnent des conseils", regrette-t-il.

De son côté, l'inspection du travail assure qu'elle contrôle régulièrement les entreprises de tous les secteurs et sur tous les types d'infraction. Mais parfois certaines entreprises ne sont pas contrôlées, car il y a un choix à faire. Pour un autre restaurateur, il n'y a pas beaucoup de cas en Indre-et-Loire, car ils ne connaissent pas les filières qui permettraient d'embaucher ce type de personnes. Il estime aussi que c'est plus intéressant et moins risqué d'avoir des stagiaires ou des apprentis. Pour le président de l'Union des Métiers de l'Industrie de l'Hôtellerie du département, Jean-Marie Gervais, le syndicat patronal alerte ses adhérents sur les risques et l'illégalité de ce genre de pratique. Quand un cas est mis en exergue, c'est ensuite toute la restauration qui est pointée du doigt. 

Des salariés qui ne parlent pas 

Un autre problème vient aussi de la situation administrative des employés. Maître Yasmina Selatna, avocate spécialisée en droit du travail et droit des étrangers, le voit bien dans son cabinet. "Mes clients ne viennent pas pour se plaindre ni pour dénoncer une situation au travail. Ils viennent pour régulariser leur situation sur le territoire français. Malheureusement, à part eux, personne d'autre ne pourra dénoncer la situation. Évidemment, ils ne vont pas aller se rendre au commissariat de police pour faire les démarches parce qu'ils ont peur de se retrouver en rétention administrative", explique-t-elle. C'est souvent elle qui les alerte sur l'exploitation dont ils sont victimes. 

Pour les syndicats, cette situation est intolérable. La CGT demande par exemple la régularisation de tous les travailleurs illégaux. Mais l'avenir n'est pas rose pour Arnaud Chemain. Il est secrétaire fédéral à la CGT commerce distribution service. "L'Etat a mis en place un bonus/malus pour les contrats courts. L'employeur qui, pour sa vaisselle le week-end, prenait un plongeur le samedi et le dimanche ne le fera plus parce qu'il va avoir un malus, qui pourra être conséquent. _C'est la porte est ouverte au travail dissimulé__. Voilà vers quoi on tend dans la profession"_, affirme-t-il. 

* Un restaurant O'Tacos rouvre d'ailleurs ce mercredi à Tours Centre à 11h, rue de Bordeaux. La franchise ayant été rachetée par le nouveau repreneur.

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