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Savoie : les salariés de l'usine chimique MSSA de Saint-Marcel en grève, "on a peur de mourir au travail"

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Une partie des salariés de l'usine de produits chimiques MSSA à Pomblière-Saint-Marcel (Savoie) s'est mise en grève vendredi pour dénoncer des conditions de travail indignes. Le syndicat Force ouvrière parle d'une cinquantaine d'accidents en 2023 dont certains ouvriers brûlés gravement.

Une soixantaine de salariés de l'usine de produits chimiques MSSA de Pomblière-Saint-Marcel sont en grève pour dénoncer des accidents du travail en série Une soixantaine de salariés de l'usine de produits chimiques MSSA de Pomblière-Saint-Marcel sont en grève pour dénoncer des accidents du travail en série
Une soixantaine de salariés de l'usine de produits chimiques MSSA de Pomblière-Saint-Marcel sont en grève pour dénoncer des accidents du travail en série © Radio France - Isabelle Gaudin

Ils campent devant les grilles de MSSA Métaux Spéciaux à Pomblière-Saint-Marcel (Savoie), en Tarentainse. Une soixantaine de salariés a commencé une grève ce vendredi matin pour alerter sur les problèmes de sécurité criants de l'usine de produits chimiques. Le syndicat Force ouvrière a recensé une cinquantaine d'accidents en 2023, dont certains très graves, avec des ouvriers gravement brûlés et hospitalisés à Lyon. Une rencontre a eu lieu dans l'après-midi avec la direction.

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Les salariés ont notamment obtenu un opérateur en plus par équipe pour la filière lithium. Il y aura aussi des suivis mensuels sur la sécurité. Une réunion est prévue mercredi prochain avec la direction pour finaliser cet accord. Le travail a repris vendredi soir à 20h05.

"J'ai été brûlé à la jambe, j'ai eu le droit à une greffe de peau"

Avec eux, les salariés brandissent les images des victimes. Elle sont insoutenables, notamment celles de leurs collègues brûlés au lithium ou au sodium. Patrick fait partie des ouvriers qui ont eu un accident grave l'année dernière. "Je suis en fabrication, en électrolyse et je travaille au lithium. Donc c'est le secteur où il y a eu sur l'année 2023 des brûlés comme moi, j'ai été touché à la jambe. C'est chimique. Donc j'ai eu le droit à la greffe sur la jambe, sur le mollet et sur la fesse. L'an dernier, on a eu plus de 50 accidents. Et on en recense déjà deux depuis la semaine dernière, on attaque l'année déjà fort", s'inquiète Patrick.

Aujourd'hui, Patrick a un poste aménagé. "C'est moi qui ai créé de nouvelles procédures de sécurité ou remis à l'ordre du jour certaines déjà existantes. C'est pour ça que je dis qu'on a toujours un train de retard, qu'on attend un accident pour agir. Pour mon cas, l'armoire électrique pour mettre en chauffe les conteneurs, parce que c'est dû à ça, elle est apparue le lendemain de mon accident, alors qu'elle aurait dû être mise en place depuis des mois et des mois. Au lieu de faire du préventif aujourd'hui, on ne fait que réparer. Donc nos installations vieillissent, elles se désagrègent et finalement on se retrouve à travailler dans des conditions indignes", se désole cet ouvrier.

Les salariés ont montré des images insoutenables de leurs collègues victimes de graves brûlures, comme celui-ci au pied, transporté à Lyon
Les salariés ont montré des images insoutenables de leurs collègues victimes de graves brûlures, comme celui-ci au pied, transporté à Lyon © Radio France - Isabelle Gaudin

"L'un de mes collègues s'est transformé en torche humaine"

Sami travaille depuis 15 ans chez MSSA à Pomblière-Saint-Marcel et il n'en peut plus de tous ces drames. "J'ai assisté à trois accidents, donc franchement, je n'ai plus envie de revivre ça. A l'heure actuelle, il y a un ami qui a mis le pied dans un filtre de sodium et il a failli se faire amputer. Ça lui a bouffé la peau jusqu'à l'os. C'est horrible. Et dernièrement, notre collègue qui a eu des brûlures, s'est transformé en torche humaine sous nos yeux. On a dû intervenir à quatre personnes pour l'éteindre et c'était horrible. C'est traumatisant de voir ça."

Majid El Jilali, délégué Force ouvrière, explique qu'aujourd'hui les salariés sont à bout : "c'est une usine qui a 120 ans. Elle est en état de délabrement, tout simplement. On a l'impression d'être dans un navire qui est en train de couler à petit feu et les jours sont comptés. En attendant, ce sont nos vies qui sont en danger."

Un site classé Seveso seuil haut

MSSA est le leader mondial pour la production de sodium et site Seveso classé seuil haut. Aujourd'hui, les salariés craignent pour leur sécurité mais aussi pour celle des habitants autour, directement concernés en cas d'incident chimique. "Le constat est vraiment amer. On se demande ce que la direction fait pour régler tous ces problèmes de sécurité. On va au travail en bonne santé et on se demande si on va ressortir en bonne santé. Le climat est vraiment anxiogène. La sonnette d'alarme a été tirée depuis belle lurette et la seule réponse de la direction, c'est la réduction des effectifs ou des licenciements abusifs, il faut que ça s'arrête", dénonce Majid El Jilali, délégué syndical Force ouvrière.

Pierre Didio, le secrétaire général de Force ouvrière en Savoie est en colère devant l'impuissance de l'inspection du travail. "Elle fait son travail après chaque accident, il y a des recommandations, mais elles ne sont pas prises en compte par l'employeur !". Force ouvrière espère qu'avec les discussions de ce vendredi, les choses vont changer petit à petit à l'usine MSSA.

En 2020 déjà, pendant le confinement, les salariés avaient fait 25 jours de grève pour dénoncer la "sécurité défaillante" du site et obtenir de meilleurs salaires. Le syndicat Force ouvrière avait exercé un droit d'alerte à l'époque.

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