Isère : les salariés d'Ecopla veulent garder espoir

A Saint-Vincent-de-Mercuze, au nord de Grenoble (Isère), Ecopla c'est une usine qui a des allures de vaisseau fantôme. Le bruit des machines a laissé la place au silence. Plus de matières premières, plus de fabrication. "ça fait mal au cœur", expliquent les salariés.

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Dans les bureaux, ils peaufinent leur projet de reprise. "On revient régulièrement. On a encore des clients qui appellent. J'ai reçu un coup de fil personnellement chez moi d'un client qui voulait des barquettes. Il ne savait pas où se servir. C'est le savoir-faire français qu'on est en train de perdre", ajoute Angélique, 38 ans, dont 13 passés chez Ecopla.

"Que des numéros"

Une entreprise que Manuel connaît depuis son enfance. "J_e passais devant avec mes parents quand j'étais môme. Un jour, je suis rentré en disant à ma femme que je ne resterai pas. Finalement, ça fait 24 ans que je suis là. Ecopla, c'est une grosse partie de ma vie. Mais là, on s'aperçoit qu'on n'est plus des êtres humains. On est que des numéros. On dit 'le social', mais il n'y a plus de social_", explique le père de famille de 47 ans.

Manuel et ses collègues se sentent victimes d'une injustice. Des difficultés qui se sont enchaînées : licenciements, départs volontaires, un trou de trois millions dans la trésorerie alors que le carnet de commandes était plein !

De nombreux soutiens

Les soutiens s'enchaînent : l'union régionale des Scop de Lyon, mais aussi les élus locaux. Ecopla, c'était le leader de la barquettes en aluminium. Une entreprise de 77 salariés qui avait de nombreux clients dont des grands noms de l'agroalimentaire : Pasquier, Senoble, Marie, Brossard...

Depuis le 1er mars et la mise en redressement judiciaire, les ouvriers sont partagés entre déception et espoir. "C'est assez bizarre : je ne me sens pas chômeur, car j'ai un but. ça me facilite la vie. Il y a une entraide", commente Manuel, qui croit en ce projet de Scop. "Si on ne pensait pas que ça peut marcher, on ne viendrait pas", confie Angélique.

Trente ans d'expérience... pour 1850 euros par mois

Les fins de mois sont difficiles, à l'image de Gaëtan, chez Ecopla depuis presque 30 ans. Depuis ses 18 ans, il est passé par tous les métiers : technicien outillage, bureau d'études, fabrication... Difficile de faire bouillir la marmite avec 30 ans d'expérience et... 1850 euros par mois. "Heureusement que ma femme est là", note le salarié. Le projet de Scop reprendrait une vingtaine de salariés sur les 77 que comptait Ecopla.

"Ecopla, c'est une grosse partie de ma vie. Mais là, on s'aperçoit qu'on n'est plus des êtres humains. On est que des numéros. On dit "le social"... mais y a plus de social"

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