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Le marché de la maison individuelle à la peine en Bretagne

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Si la liquidation des Maisons Rennaises a fait grand bruit en septembre dernier, une vingtaine de constructeurs bretons ont mis la clef sous la porte ou ont été placés en redressement judiciaire en moins d'un an. Le marché des maisons individuelles compte de nombreuses victimes.

Les Bretons sont plus souvent propriétaires de leur logement que dans les autres régions Les Bretons sont plus souvent propriétaires de leur logement que dans les autres régions
Les Bretons sont plus souvent propriétaires de leur logement que dans les autres régions © Maxppp - Patrick Lefevre

En Bretagne comme ailleurs en France, ce n'est pas la grande forme dans le secteur de la maison individuelle. Depuis la disparition des Maisons Rennaises à l'automne 2023, l'hémorragie continue. En un an, selon le cabinet Altares, on compte 23 défaillances d’entreprises du secteur dans la région, dont dix sur le seul premier trimestre 2024 (huit ayant leur siège en Ille-et-Vilaine). Quand le tribunal ne prononce pas une liquidation immédiate, il place l’entreprise en redressement judiciaire.

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La conjoncture s'est fortement dégradée ces derniers mois et "le volume d'activité aujourd'hui est à un point bas historique, qui datait du début des années 1990", déplore Damien Hereng, le président de la Fédération Française des Constructeurs (FFC) de maisons individuelles. Et de détailler une "augmentation importante des coûts de construction, entre 25 et 30%", ainsi que des prêts nationaux qui "ont baissé quasiment de 50% en l'espace de deux ans".  Même analyse de Clément Villeroy de Galhau, président du tribunal de commerce de Rennes, qui relie la situation "à la baisse de l'obtention de permis de construire de l'ordre de 40%, liée à la fois à la politique de zéro artificialisation nette, à la hausse des taux, à la hausse du prix des matières et à la difficulté de trouver des terrains".

Il n'y a pas de régions épargnées et en Bretagne, ce sont donc 23 entreprises de construction de maisons individuelles qui ont déposé le bilan depuis un an, contre sept l’année précédente.

Charlotte devant le chantier à l'arrêt de la maison qu'elle attend depuis près de trois ans.
Charlotte devant le chantier à l'arrêt de la maison qu'elle attend depuis près de trois ans. © Radio France - Eric Bouvet

Outre les salariés des entreprises défaillantes, les clients se retrouvent aussi abandonnés, avec une maison inachevée, et pour certaines truffées de malfaçons. C’est le cas de Charlotte, qui a fait appel à BLM 35 pour construire une maison à Bonnemain, près de Combourg. Trois ans après le début du projet, la maison est loin d’être finie et présente de nombreuses malfaçons. Et Charlotte a appris il y a quelques jours que le constructeur (que nous avons tenté désespérément de joindre) a déposé le bilan et est en redressement judiciaire.

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Cette angoisse évoquée par Charlotte, Damien Héreng en est conscient mais se veut aussi rassurant : "Forcément, c'est toujours un petit peu anxiogène de lire qu'il y a des chantiers qui sont à l'arrêt parce que le constructeur a été défaillant". Mais le Président de la FFC rappelle que les clients du constructeur sont protégés par des garants, qui ont pour mission de mener à bien le projet de construction. C’est aussi ce que rappelle Daniel Vennetier, le fondateur de l'association AAMOI, Association d'Aide aux Maîtres d'Ouvrage Individuels, dont le service juridique est basé à Saint-Jouan-des-Guérets près de Saint-Malo. En cas de cessation de paiements et de liquidation, "il faut se dire que ça va être difficile, mais les gens vont avoir leur maison". Car les constructeurs de maisons individuelles, ont une obligation légale de garantie de livraison « à prix et délai convenus ». L'absence de cette garantie, est passible de "deux ans de prison et 300.000 € d'amende", selon Daniel Vennetier, dont l’association, fondée en 2001, a traité 14.500 dossiers. Il y a une accélération, "c'est très net, on a beaucoup d'adhésion de personnes dont les chantiers sont arrêtés". Il pointe aussi les cas de constructeurs qui "essaient de finir la maison coûte que coûte, le moins cher possible" avec des "sous-traitants de mauvaise qualité" ou demandant de "régler directement les sous-traitants, via des délégations de paiement".

De son côté, Clément Villeroy de Galhau, rappelle une mission peu connue, mais souvent salutaire, du tribunal de commerce : Les mesures de prévention, qui, "avant cessation des paiements, sauvent 70 à 80 % des entreprises qui viennent voir le tribunal, alors qu'après une cessation des paiements, on ne sauve que 20 % des entreprises". Reste que la prévention ne fait pas toujours des miracles, puisque Les Maisons Rennaises, mises en liquidation en septembre dernier, étaient passées par une mesure de prévention.

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