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Le conseil départemental des Ardennes refuse de mettre la main à la poche pour sauver l’Adapah - Amaelles

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2900 personnes âgées ou en perte d'autonomie sont suspendues à la procédure de redressement judiciaire d'Amaelles (ex-Adapah 08). Le Conseil départemental des Ardennes refuse d'accroître ses financements à l'association d'aide à domicile, pointant une gestion hasardeuse.

Dans les Ardennes, les 500 salariés et 2900 bénéficiaires de l'aide à domicile de l'Adapah sont en sursis Dans les Ardennes, les 500 salariés et 2900 bénéficiaires de l'aide à domicile de l'Adapah sont en sursis
Dans les Ardennes, les 500 salariés et 2900 bénéficiaires de l'aide à domicile de l'Adapah sont en sursis © Radio France - Alexandre Blanc

Amaelles (ex-Adapah 08) qui intervient auprès de 2900 bénéficiaires dans les Ardennes est en redressement judiciaire depuis 18 janvier dernier et avait rendez-vous au tribunal à Charleville-Mézières pour faire le point sur le dossier ce mercredi 10 mais 2023.

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La dette n’est plus un problème

Depuis l’ouverture du redressement judiciaire, les négociations menées par l’administrateur judiciaire avec les créanciers ont permis de faire chuter la dette initiale de 3 millions d’euros. La Caisse d’Epargne a consenti à abandonner 400 000 euros de créance, tandis que le Conseil départemental des Ardennes versait en janvier 803 000 euros d’avance de trésorerie à l’Adapah - Amaelles, sans exiger de compensation.

La trésorerie actuelle de l’Adapah, qui s’élève à 1,3 million d’euros, permet de tenir jusqu’en juin. Si l’on y ajoute un million d’euros d’actifs immobiliers, la dette n’est plus le problème premier.

Une activité déficitaire

Ce qui constitue désormais le principal point de préoccupation, c’est la "rentabilité" de l’activité. Le déficit a atteint 2 millions d’euros en 2022. Tant que l’Adapah disposait de 20 millions d’euros de réserve, le déséquilibre financier était gérable. Il n’est plus soutenable aujourd’hui. Il faut trouver l’argent ailleurs.

Afin d’éponger la dette et de combler les pertes d’activité, l'administrateur judiciaire demande 12 millions d’euros de financement au conseil départemental des Ardennes pour 2023, au lieu de 10 en moyenne. Le tarif horaire facturé au département pour chaque intervention réalisée passerait de 27 à 31 euros. Refus à l’unanimité de la commission permanente le 17 avril dernier.

"L’argent public n’est pas là pour combler une gestion hasardeuse"

Le conseil départemental des Ardennes met en avant les efforts déjà consentis. 3,7 millions d’euros de subvention exceptionnelle ont été accordés à l’Adapah - Amaelles sur la période 2020-2022 pour passer la crise du Covid, revaloriser les salaires et les indemnités kilométriques. Une avance de trésorerie de 803 000 euros a également été versée en janvier. Mais cette fois, c’est niet !

"L’argent public n’est pas là pour combler une gestion hasardeuse", se justifie le président du conseil départemental des Ardennes, Noël Bourgeois. Car si le besoin d’argent est plus grand, ce n’est pas parce que l’activité se développe. Au contraire. De plus de 450 000 heures d’intervention par an, l’Adapah table sur 360 000 cette année.

Un volume d'activité en baisse pour des effectifs stables. 503 salariés au 31 décembre, dont 346 en CDI. "On paye des gens à ne rien faire", s’insurge Noël Bourgeois. Le président du Conseil départemental des Ardennes dit rester ouvert à la discussion, à condition que les propositions de redressement tiennent compte de la nécessité d’adapter l’organisation et les moyens de l’association. "Il faut que des mesures fortes soient prises", estime Noël Bourgeois. Carlos Fernandez, représentant CGT des salariés, convient lui-même que l’Adapah - Amaelles "pourrait être une association pérenne, peut-être avec moins de salariés".

Une reprise possible et de la casse sociale à craindre

L’autre porte de sortie serait l’option d’un repreneur. Un appel d’offre a été lancé. Les candidats ont jusqu’au 31 mai pour déposer leur offre de reprise. De premiers rendez-vous sont prévus cette semaine.

Avocat des salariés, maître Emeric Lacour redoute que cela n’attire une offre prédatrice, qui ne s’intéresserait qu’au portefeuille de bénéficiaires à récupérer. "Si cession il y a, il faut s’attendre à de la casse sociale et à un gros risque de centaines de licenciements", craint son homologue maître Xavier Médeau.

Les salariés de l'Adapah à la sortie de l'audience du 10 mai
Les salariés de l'Adapah à la sortie de l'audience du 10 mai © Radio France - Alexandre Blanc

Or beaucoup de salariées sont des femmes de plus de 40 ans, avec enfants à charge : "ce sont elles qui ramènent le steack à la maison !", renchérit Carlos Fernandez. Le délégué CGT s’inquiète d’une catastrophe sociale pour les 2900 bénéficiaires mais aussi d’une casse d’emploi considérable, les 500 salariés de l’Adapah représentant, 0,6% de l’emploi salarié des Ardennes.

Une nouvelle audience est prévue le 14 juin. Si la procédure aboutit à la liquidation de l’Adapah - Amaelles, le Conseil départemental des Ardennes se dit prêt à déclencher un dispositif de coordination et d’accompagnement afin de garantir la continuité de la prise en charge des 2900 bénéficiaires.

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