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La marque "C'est Creusois" s'arrête après plus de deux ans d'activité : les adhérents amers

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Lancée en pleine période Covid, la marque "C'est Creusois" arrête finalement son activité. La présidente de la plateforme parle d'une "situation financière difficile". Cet arrêt brutal suscite beaucoup d'interrogations chez les 160 adhérents.

Les fondateurs ont imaginé ce logo pour donner de la visibilité aux savoir-faire creusois. Les fondateurs ont imaginé ce logo pour donner de la visibilité aux savoir-faire creusois.
Les fondateurs ont imaginé ce logo pour donner de la visibilité aux savoir-faire creusois. © Radio France - Camille André

C'est la fin de l'aventure pour une entreprise qui mettait en avant l'économie locale. La marque "C'est Creusois" s'arrête après deux ans et demi d'activité. Lancée en juillet 2020, après le premier confinement, la plateforme souhaitait mettre en avant les circuits courts et les forces vives de la Creuse. Sur son site, l'entreprise affirmait compter plus de 160 adhérents et partenaires dans le département.

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Des producteurs, des créateurs, des artisans creusois réunis sous un même logo jaune et bleu, avec une boutique en ligne. Après un bon démarrage, la marque avait même emménagé dans un local à Guéret, rue Eugène France, près de la place Bonnyaud.

Une situation financière compliquée ?

La situation économique de l'entreprise a néanmoins fini par vaciller. Sur la page Facebook de la marque, la présidente annonce finalement sa fermeture, pour "stopper l'hémorragie financière". Elle parle de problèmes de gestion financière et remercie tous ceux qui ont participé à l'aventure, "des gens passionnés, humains, bienveillants, motivés et motivants".

Après un début en fanfare pendant la crise sanitaire, les adhésions s'enchaînent. Mais fin 2021, l'argent manque, reconnaît Sylvain Gengo, l'un des fondateurs : "Le bilan n'était pas bon, on était à - 20.000 euros, je pense."  Sylvain Gengo évoque une opération "gratuite" menée pendant trois mois qui empêche l'argent des adhésions de rentrer. Pour Clément Thomas, l'ancien directeur général, c'est tout le modèle économique qui pêche : "Les adhésions ne nous font pas vivre. Une marque de territoire sans subventions publiques, ce n'est pas un modèle viable."

Des désaccords internes

Courant 2022, les deux associés se brouillent. Clément Thomas s'en va en raison selon lui d'une divergence de point de vue. "Incompétence", tacle Sylvain Gengo. Pendant ce temps la marque végète : aucun village "C'est Creusois", aucun marché organisé pour les adhérents. Sylvain Gengo finit aussi par quitter le navire à l'automne. L'année 2022 a donc vu le départ de deux des quatre fondateurs de C'est Creusois, ceux qui occupaient les postes de président et de directeur général.

La nouvelle présidente Stessy Fourneron arrive dans ce contexte, elle rachète les parts de l'un d'eux sans avoir selon elle connaissance de la situation économique. Elle finit par réaliser l'ampleur du problème : "J'ai un découvert de 6.000 euros, un peu plus de 5.000 euros de factures en attente, à quoi s'ajoutent le loyer et la taxe foncière. Quand je n'ai pas pu payer ma salariée, je me suis dit "Il y a urgence."" Elle assure avoir fait des économies : "J'ai rendu la voiture, j'ai vendu du matériel pour un peu plus de 800 euros, mais le modèle économique n'était pas suffisant pour perdurer. J'ai juste repoussé le mur qu'on était déjà en train de se prendre. " Sur les conseils de sa banque et d'une association spécialisée, elle décide de déposer le bilan.

Des adhérents amers

Pour les 160 adhérents, cet arrêt brutal est une douche froide. Tous étaient fiers d'arborer le logo jaune et bleu "C'est Creusois" ; ils payaient 200 à 1.000 euros par an pour faire partie de la marque et bénéficier de sa plateforme de vente en ligne. "On a seulement reçu un mail pour nous informer de la fin. On a mal réagi avec mon mari, parce qu'on nous lâche du jour au lendemain alors qu'on a payé une cotisation de 400 euros. Qu'ont-ils fait de notre argent ?" s'interroge Natacha Faureau, éleveuse à Saint-Frion.

Même questionnement pour Jérémy Boucher, ex-adhérant et forgeron dans l'est de la Creuse : "Récupérer des adhésions sans faire vraiment de publicité ni organiser d'événement, ça a l'air très flou. Est-ce que c'est de l'ingérence ou de l'incompétence ?" Sylvain Gengo répond aux soupçons d'enrichissement personnel : "Pendant ces deux années, j'ai gagné un peu plus que le SMIC. On n'a pas dégagé d'argent, il y avait beaucoup de charges : une voiture, un loyer, quatre salaires."

La justice doit maintenant décider de l'avenir de "C'est Creusois", même si la liquidation semble probable. De leur côté, certains adhérents sont en train de se concerter pour voir si des suites peuvent être données, pour se faire dédommager.

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