Héros d'un incendie à Romans-sur-Isère, un boulanger en grande précarité aujourd'hui

La fatigue se voit immédiatement sur le visage d'Ezzedine Hamdi. Depuis l'incendie de sa boulangerie, il y a 10 mois, sa vie est à l'arrêt. Une situation qui place le boulanger en grande difficulté financière. Accompagné de son meilleur ami, il accepte de raconter son quotidien.

"Sans lui, il y aurait eu des morts"

Au milieu de la boulangerie, Ezzedine Hamdi regarde les dégâts avec beaucoup de tristesse. "Je suis fatigué", explique-t-il. "Il est vraiment endetté de plusieurs dizaines de milliers d'euros. Il n'arrive même plus à payer les loyers" ajoute Ali, son meilleur ami, inquiet. En effet, le niveau de français d'Ezzedine ne lui permet pas d'expliquer sa détresse. "Je m'inquiète réellement pour lui", insiste son ami.

Depuis le mois de juillet et son acte héroïque pour sauver ses voisins coincés dans l'immeuble en feu, la situation professionnelle et financière d'Ezzedine est au point mort. Difficile de comprendre pourquoi le commerce n'ouvre pas ses portes, après quelques travaux. Il faut dire que le boulanger et le propriétaire des murs se renvoient tour à tour la balle. L'un explique que le Tunisien ne veut pas faire entrer l'expert dans le magasin et le fournil. L'autre répond que c'est faux, et est convaincu que le propriétaire souhaite le mettre dehors.

"Comme vous le voyez, le matériel est rouillé. Rien que le pétrin, il coûte 10.000 euros. Les frigos aussi sont tout abîmés à force de rester là sans entretien," traduit Ali qui veut que la situation se décoince rapidement pour son ami. En effet, pour celui qui porte la voix d'Ezzedine, la situation a également des conséquences sur sa santé. "Depuis l'incendie, il a des problèmes qu'il n'avait pas avant. C'est aussi une conséquence du stress généré par cette situation. Il faut qu'il puisse reprendre le travail".

Bientôt en situation irrégulière ?

L'autre point qui inquiète le boulanger, c'est sa situation administrative. "Il lui reste la carte de résidence italienne, mais dans quelques mois, quand elle va expirer, il va se retrouver comme quelqu'un qui vit en situation irrégulière sur le territoire français. Alors qu'il était chef d'entreprise, qu'il travaillait. Il était en règle avec l'URSSAF, les impôts. Et quand il en parle (aux autorités et à la mairie NDLR) on lui dit qu'il faut déposer une demande auprès de la préfecture, s'agace son ami. Ce n'est pas une récompense, c'est pour tout le monde en fait. Ce n'est pas pour quelqu'un qui a sauvé plus d'une dizaine de vies. La maire de Romans-sur-Isère doit avoir beaucoup de travail, je le comprends, mais j'aimerais bien qu'elle aide mon ami", ajoute le chauffeur de taxi lyonnais. De son côté, la mairie explique avoir apporté son soutien à Ezzedine pour ses démarches avec l'assurance.