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Guerre en Ukraine : va-t-on manquer de crêpes en Bretagne ?

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Le conflit russe en Ukraine déséquilibre la production mondiale et locale de sarrasin, indispensable pour confectionner nos délicieuses crêpes bretonnes. Producteurs et crêpiers s'attendent à une hausse des prix, voire à une pénurie de blé noir en 2023, et appellent les agriculteurs à semer.

Le prix du sarrasin devrait augmenter dans les mois à venir. (Illustration) Le prix du sarrasin devrait augmenter dans les mois à venir. (Illustration)
Le prix du sarrasin devrait augmenter dans les mois à venir. (Illustration) © Radio France - Philippe Modol

Les Bretons vont-ils devoir faire l'impasse sur les crêpes dans quelques mois ? C'est en tout cas ce que craignent une partie des professionnels du secteur. En cause, la pénurie et le renchérissement probable du sarrasin : la production de cette céréale, indispensable à la confection des délicieuses krampouezh bretonnes et autres galettes-saucisses, est en effet affectée indirectement par la guerre en Ukraine. 

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Une production en baisse en Bretagne ? 

De longues soirées sans complètes et sans crêpes au beurre : on n'en est pas encore là, mais la tension va apparaître dans quelques mois, anticipe Gilles Stéphant, patron de la crêperie "Le chant des Sirènes" à Plomeur, dans le pays Bigouden, et président de la fédération des crêpiers en Bretagne. "Nous encourageons nos adhérents à se fournir en farine locale, mais la France ne produit qu'un tiers des 12.000 tonnes consommées annuellement dans le pays", rappelle-t-il. Le reste vient surtout de Chine, mais aussi de Russie, premier producteur mondial de sarrasin. 

La plupart des crêperies bretonnes utilisent de la farine produite en Bretagne, mais là aussi, la production est à la peine. Près de la moitié des 400 producteurs de blé noir affiliés à l'association Blé Noir Tradition Bretagne, garante de l'indication protégée (IGP) du blé noir breton, n'ont pas prévu de semer de sarrasin ce printemps. "Un certain nombre préfère se tourner vers le froment ou le tournesol, dont les cours ont flambé suite au conflit", constate la directrice de l'association, Christine Larsonneur. "On ne va pas pouvoir fournir tous nos meuniers. Le risque, c'est qu'on disparaisse tout simplement, qu'il n'y ait plus de sarrasin cultivé en Bretagne". La culture de cette céréale millénaire est pourtant vertueuse, rappelle Christine Larsonneur. "On n'utilise pas de pesticides, très peu d'intrants et d'azote. C'est une culture propre". 

"On ne veut pas disparaître"

Quelles conséquences pour les consommateurs ? "L'essentiel de la production de sarrasin, c'est pour les crêpes et les galettes", souligne Christine Larsonneur. "Pas de sarrasin cet automne, ça veut dire pas de crêpes dans les crêperies à l'été 2023". D'autant que l'importation ne sera probablement pas aisée, et coûtera cher. "La Russie consomme presque tout ce qu'elle produit, et les pays de l'Est producteurs, comme la Pologne, garderont leur production pour eux". 

Déjà, les prix ont augmenté dans les crêperies. "Même si la pâte ne représente que 7 à 8% du coût total d'une crêpe, on est dans un contexte de hausse globale des prix des matières premières, le beurre notamment, et de l'énergie", s'inquiète Gilles Stéphant. Lui a augmenté ses prix de 2% en moyenne, "même si l'électricité, elle, a pris 25%". "Mais il y a un équilibre à trouver avec le pouvoir d'achat des clients, qui n'est pas extensible. La crêpe au beurre coûte en moyenne 2 euros, on peut la faire à 2,10 euros ou 2,20 euros mais pas plus !"

Face à la pénurie qui guette,l'association Blé Noir Tradition Bretagne incite de nouveaux producteurs à semer du blé noir d'ici la mi-juin, et appelle les pouvoirs publics à mieux soutenir la filière. "Le blé noir est une culture emblématique de la Bretagne, pour produire un plat typique de la Bretagne, les crêpes, on ne veut pas disparaître !"

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