Grève aux thermes de Vichy : des curistes soutiennent le mouvement et se sentent "pris en otage"
En grève depuis le 16 juin, une partie des salariés des thermes de Vichy poursuivent leur mouvement pour obtenir des hausses de salaires. Les curistes encore présents sur place ne peuvent pas accéder aux soins thermaux et désespèrent face à la longueur de ce conflit social.
Ils sont en permanence une soixantaine de grévistes, toujours présents sur le parvis des thermes Callou de Vichy. Ils réclament de la considération, et des salaires dont les montants correspondent à la hausse du niveau de vie, lesté par l'inflation. Commencé le 16 juin dernier, ce conflit dépasse le simple cadre de l'établissement thermal. Il touche les curistes, le commerce et finalement l'ensemble de la ville, qui tente d'ailleurs d'apaiser la colère les salariés et des curistes.
Pour les grévistes, la direction ne veut rien savoir, et "on ne peut pas rien obtenir" plaide Fabienne Belin Jeannin, représentante du personnel (FO). "Ça commence à être compliqué pour tout le monde, ils commencent à durcir les relations, c'est dur pour les curistes et pour la ville, il faut trouver une solution."
5% d'augmentation
Les grévistes demandaient initialement 10% d'augmentation, avant d'obtenir 5%. Mais "c'est un faux 5%" estiment les syndicats. Si pour la direction, c'est une valorisation, aux yeux des grévistes ce petit rebond comprend une augmentation due à l'inflation et qui suit les augmentations du Smic en janvier et en mai, décidées par le gouvernement. Cette hausse de 5% est donc un trompe-l'œil pour les syndicats, en réalité, elle correspondrait davantage à une hausse de 2%. Au-delà des mesures plus techniques, la direction accepterait les demandes de hausses salariales pour les agents de maîtrise, l'étalement des jours de grèves et des augmentations de la valorisation des compétences pour le personnel soignant, supprimées en 2022.
Pourtant, d'après Romain Kaurent de la CGT, les salariés ont bel et bien montré de la bonne volonté dans ces négociations, en acceptant d'abaisser les hausse de salaires de 10 à 5% de demande, mais aussi en baissant leurs exigences sur le montant d'une prime censée compenser la perte de pouvoir d'achat. De 1.000 à 500 euros d'abord, au fil des négociations, la prime a baissé jusqu'à un seuil de 100 euros. Une maigre compensation difficile à accepter pour les grévistes.
Le personnel est donc à la peine, car en ce début d'été, cette grève va leur faire perdre plus de deux semaines de salaire, mais la motivation collective demeure intacte. Fabienne Belin Jeannin l'assure "ceux qui sont là ont de la détermination". Mais ces deux semaines représentent aussi un sérieux manque à gagner pour la direction, qui n'a pas répondu à nos sollicitations, sauf sur le fait que des négociations étaient en cours. Restent les curistes, concernés au premier chef, dont une partie ne toujours pas quitté Vichy, et qui soutiennent ouvertement le mouvement. Une pétition a recueilli quelque 300 signatures.
Des curistes... sans cures
Certains curistes sont partis et d'autres sont restés jusqu'au bout de ce qui aurait du être leur période cure. Niva, par exemple est venue de Saint-François en Guadeloupe avec un groupe d'une quinzaine de curistes arrivés de Guyane et des Antilles. Elle s'emporte contre "une prise d'otage", précisant qu'elle soutient la grève, mais que les messages délivrés quotidiennement par la direction ne font rien avancer. Après trois jours de cure seulement, les soins ont été stoppés alors qu'elle devait effectuer 18 jours de soins. Le petit groupe se retrouve à tourner en rond, venant chaque matin aux nouvelles, inquiet des sommes à verser pour l'hébergement à Vichy, à quelque 8.000 km de chez eux.
Seule la cure est prise en charge par la sécurité sociale, dès lors les transports et l'hébergement coûtent vite cher, surtout s'il faut revenir faire une cure plus tard et changer les réservations de vols en pleine saison. Niva tient à préciser les choses : "nous ne sommes pas venus faire du tourisme, ici à Vichy, nous sommes venus en soin".
Venu pour des cures et apaiser ses rhumatismes et son appareil digestif, Felix en est à sa 44e cure. Il déplore l'absence d'avancées entre les deux parties. Tous appellent à un consensus et insistent sur une réelle augmentation pour les salariés. Du reste, "on attend pour rien" confie-t-il, "on tourne en rond, Vichy n'est pas grand, on a tout visité". "Les soins se terminent samedi, c'est trop tard, c'est fini" regrette Niva.
Une communication inaudible
**"**On attend un mail tous les soirs pour s'entendre dire que le lendemain, ce sera pareil" résume Marie-Thérèse, une curiste bretonne. "On laisse venir ceux qui viennent le lundi, les laissant dans l'impossibilité de négocier leur logement (en location) tout ça pour ne pas faire un geste en direction des grévistes." Selon Marie-Thérèse, ceux qui ont des locations se retrouvent à débourser des grosses sommes pour rien, une colère redoublée par la communication de crise de l'établissement jugée inefficace. "Dans une salle surchauffée, la plupart des curistes n'a rien compris aux messages de la direction."
"Tous les jours, on espère la reprise pour reprendre la cure et être bien soignée. Je suis solidaire des grévistes depuis le départ vu leurs conditions de travail" confie Mariette, une autre curiste, qui précise également "ces conditions ont une incidence sur la qualité de la cure." Là, réside aussi un point commun entre les curistes et les grévistes, le désir de maintenir des conditions d'emploi optimum, pour garantir des soins de qualité aux thermes de Vichy. En attendant la fin du conflit, les curistes privés de soin reviennent chaque jour, et échangent avec les grévistes.
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