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Gironde : à Mérignac, la reprise prudente d'un chantier du bâtiment à l'heure du coronavirus

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Plusieurs semaines après l'appel du gouvernement, la reprise du BTP reste contenue. 80% des chantiers sont toujours à l'arrêt en Gironde. L'adaptation aux nouvelles mesures sanitaires reste la priorité. Reportage sur un chantier qui reprend à Mérignac.

Emmanuel Malandain, à la tête d'une société de gros oeuvre, a fait reprendre progressivement ses salariés pendant le confinement. Emmanuel Malandain, à la tête d'une société de gros oeuvre, a fait reprendre progressivement ses salariés pendant le confinement.
Emmanuel Malandain, à la tête d'une société de gros oeuvre, a fait reprendre progressivement ses salariés pendant le confinement. © Radio France - Solène de Larquier

Sept salariés s'activent près de la clinique des sports de Bordeaux-Mérignac, ils portent tous des masques de chirurgien "plus légers et pratiques que d'autres masques que l'on a pu tester" commente le gérant. L'entreprise Malandain, PME d'une vingtaine de salariés spécialisée en gros oeuvre, est en train de réaliser les fondations d'une nouvelle salle d'opération et d'une salle de réveil. 

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Depuis le 6 avril, Emmanuel Malandain a fait reprendre ses hommes deux par deux, en les formant. "On en est vraiment aux balbutiements. Les gars avaient des autonomies à travailler ensemble, par deux, trois ou quatre. Maintenant on leur demande de travailler seuls dans leur coin, avec une aide accessoire, c'est compliqué. Ce sont des années de formation que l'on demande, en quinze jours, de casser" explique le gérant. 

On n'est pas dans le temps de la productivité, mais celui de l'apprentissage"

Après trois semaines de chômage partiel, Pedro Sanchez, conducteur de travaux avait hâte de reprendre. "On en avait envie, déjà pour la survie de l'entreprise" même s'il le reconnaît : "On a repris dans un climat anxiogène entre ce qu'on entendait dans les médias, le manque d'informations et la peur de ramener le virus chez nous mais comme on est dans une PME, on a pu se montrer flexible.

Entendez par là, composer de plus petites équipes pour respecter les distances et surtout prendre le temps d'intégrer les nouvelles consignes, elles sont d'ailleurs placardées partout sur des affiches. Sur le casque de Justino Barreiro, on peut lire "référent covid-19", il est chargé de veiller au respect des règles sur le chantier mais peut aussi répondre aux questions. "On n'est pas dans le temps de la productivité, mais celui de l'apprentissage" ajoute Emmanuel Malandain. 

Un salarié nommé référent covid-19 sur ce chantier BTP à Mérignac.
Un salarié nommé référent covid-19 sur ce chantier BTP à Mérignac. © Radio France - Solène de Larquier

Des chantiers repensés en zones, d'importants surcoûts

Il a fallu repenser le chantier en zones. Poser du sparadrap pour séparer la base-vie : les bungalows où sont installés les sanitaires, le réfectoire ou encore le bureau que Pedro Sanchez partage avec le chef de chantier. "Nous sommes tout le temps l'un sur l'autre. Au fur et à mesure de la journée, dans le vif de l'action, le virus peut nous sortir de la tête et ce sera un rappel, qu'il ne faut pas traverser la ligne et nous protéger l'un et l'autre." 

Du sparadrap a été posé pour délimiter les parties communes.
Du sparadrap a été posé pour délimiter les parties communes. © Radio France - Solène de Larquier

Le guide de bonnes pratiques sanitaires, publié début avril par l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP), impose d'ailleurs une désinfection toutes les deux heures des parties communes. "C'est quasiment impossible à tenir et puis ça ne garantie rien du tout, il vaudrait mieux responsabiliser les hommes, moi je leur ai fourni un kit de nettoyage à chacun" argumente Emmanuel Malandain. La gestion de cette base-vie revient d'ailleurs aux entreprises de maçonnerie, un coût supplémentaire énorme non prévu dans les contrats initiaux. 

Des affiches rappelant les consignes pour lutter contre le coronavirus ont été placardée sur ce chantier BTP à Mérignac, près de Bordeaux.
Des affiches rappelant les consignes pour lutter contre le coronavirus ont été placardée sur ce chantier BTP à Mérignac, près de Bordeaux. © Radio France - Solène de Larquier

80% des chantiers encore à l’arrêt en Gironde

Les nouvelles mesures sanitaires engendrent évidemment un surcoût, cela va du kit de protection aux déplacements. "On a des chantiers à Pauillac, d'autres à Saint-Emilion ou encore ici à Bordeaux. Avant les camions pouvaient contenir six hommes, maintenant c'est pas plus de deux." Il chiffre ainsi le coût supplémentaire entre 18.000 et 20.000 euros par mois à la charge de sa PME. C'est sans compter la baisse de productivité, encore difficilement chiffrable. Il faut également prendre en considération l’interdépendance entre les différents corps de métiers mais aussi vis-à-vis des fournisseurs qui n’ont pas tous repris. 80% des chantiers sont encore à l’arrêt en Gironde. 

"Il va falloir repenser nos bases" abonde le gérant de l'entreprise basée à Saint-Jean d'Illac, "mais je suis sûr que l'innovation va nous y aider, toute la chaîne va être confrontée aux mêmes problèmes, du fournisseur au client. Il ne faut pas augmenter le prix de la construction." Lui a déjà plusieurs idées, comme la mise en place de portes sans poignées, que l'on pourrait pousser avec le coude, comme dans les cantines scolaires.  

Pedro Sanchez, conducteur travaux, supervise la reprise de ce chantier BTP à Mérignac.
Pedro Sanchez, conducteur travaux, supervise la reprise de ce chantier BTP à Mérignac. © Radio France - Solène de Larquier

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