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Fin du contrat australien de Naval Group : un an après, Cherbourg entre amertume et rebond

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Le 15 septembre 2021, l'Australie décidait de briser l'accord conclu avec l'industriel Naval Group portant sur douze sous-marins. Une annonce vécue comme un coup de poignard à Cherbourg. Un an plus tard, l'affaire a laissé des traces, mais on veut voir de l'avant.

Un an après la rupture du "contrat du siècle", Naval Group souhaite rebondir Un an après la rupture du "contrat du siècle", Naval Group souhaite rebondir
Un an après la rupture du "contrat du siècle", Naval Group souhaite rebondir © Radio France - Pierre Coquelin

"Un séisme", "un coup de tonnerre", "un coup de poignard dans le dos"... Autant d'expressions qui ont été utilisées pour décrire ce 15 septembre 2021, jour de la rupture du "contrat du siècle" pour Naval Group. Depuis 2016, un accord évalué à 56 milliards d'euros liait l'industriel français et l'Australie pour la conception de douze sous-marins d'attaque. Mais mi-septembre, le gouvernement de Canberra fait volte-face, rompt ce contrat et se tourne vers les Etats-Unis : ce nouvel accord prévoit la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire aux Australiens. Jusqu'ici, Naval Group et Canberra travaillaient sur des bâtiments à propulsion conventionnelle.

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Repositionner 

Dès le lendemain, les salariés du site cherbourgeois de l'industriel sont sonnés. Le PDG du groupe, Pierre-Eric Pommelet, se rend dans le Cotentin, où 500 salariés travaillaient sur le programme australien. Les inquiétudes émergent, pour Naval Group et ses sous-traitants. Autre question : quel avenir pour les quelques 80 familles australiennes présentes à Cherbourg et ses environs ? 

"Un sentiment d'immense gâchis, de déception pour les équipes de Naval Group à Cherbourg. Ce n'est pas le choix des hommes et des femmes qui étaient venus s'installer ici, ou des Français partis en Australie. C'est un choix des dirigeants politiques de l'époque. Un mauvais choix", commente aujourd'hui le maire de Cherbourg-en-Cotentin Benoît Arrivé. "Cinq à six familles sont restées. Certains ont retrouvé du travail dans d'autre secteurs", ajoute l'élu. 

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Passée la stupéfaction de la rupture du contrat, la priorité de l'industriel a été de repositionner les salariés concernés par le contrat. Dans l'immédiat, les embauches sont gelées. Sur le site de Cherbourg, on précise que "personne n'a été laissé de côté" : des entretiens individuels sont réalisés pour trouver des solutions à chacun. La grande majorité est replacée sur des programmes pour la Marine nationale, comme Barracuda ou les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de troisième génération (SNLE 3G). 

Une soixantaine de salariés a fait une mobilité géographique vers d'autres sites de l'industriel. D'autres ont choisi de quitter Naval Group. Les Australiens présents à Cherbourg sont pour la très grande majorité rentrés au pays : pour des questions de secret défense notamment, c'était très compliqué de les repositionner sur d'autres missions en France. En juin, le nouveau gouvernement australien s'est engagé à verser 555 millions d'euros de compensation au groupe français. Une somme qui doit aussi servir à aider les sous-traitants touchés par cette rupture de contrat.

Fiva remonte la pente

Ce contrat australien, ce devait être le gros coup de boost de l'activité du bureau d'études cherbourgeois Fiva : il devait à terme représenter 35 à 40% de son chiffre d'affaires, et une soixantaine de personnes devait s'y consacrer. "On a eu un gros choc en septembre. L'hiver a été compliqué à passer", explique Serge Boniface, le directeur général de Fiva. Chômage partiel, licenciement de huit personnes fin 2021, écroulement des perspectives en Australie... le bureau d'études doit revoir ses plans. 

L'écosystème local va permettre à Fiva de maintenir une activité, notamment via le nucléaire et Orano. Certaines équipes sont redéployées en assistance chantier pour les sous-marins de la série Barracuda. "Et on a redémarré une activité études pour CMN sur des patrouilleurs océaniques", ajoute Serge Boniface. Fiva travaille également sur des bâtiments de surface pour Naval Group Lorient. En septembre 2022, l'entreprise qui compte 120 salariés sort la tête de l'eau et réembauche à nouveau, avec des perspectives à court et moyen termes (SNLE 3G, futur porte-avions nucléaire, contrats export de Naval Group).

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Nouveau contrat avec l'Australie ? 

"Un an après, on peut dire que le choc a été absorbé plus rapidement que prévu, confie le président de l'agglomération du Cotentin David Margueritte. On s'attendait à une dégradation de la situation économique du territoire, ça n'a pas été le cas". Du côté de Naval Group, on regarde vers l'avenir : à Cherbourg, ça passe donc par les programmes Barracuda et SNLE 3G, mais aussi l'export. Le carnet de commandes est jugé "important, significatif"

L'industriel reste présent en zone indo-pacifique (Inde, Indonésie), au Brésil, etc. Quant à un retour en Australie ? Des rumeurs courent depuis l'été 2022 sur une offre du chef de l'Etat Emmanuel Macron de quatre sous-marins au nouveau gouvernement australien. Le 1er septembre, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu a rencontré son homologue australien à Brest : une rencontre qui donne du poids à cette hypothèse. "On n'a aucune information", confie une source interne chez l'industriel. Mais cette affaire l'a montré : rien n'est impossible. 

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