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Eyesee, le drone d'inventaire grenoblois

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Créée en novembre 2021 la société Darwin drones, basée à Grenoble, met au point et commercialise une solution pour effectuer des inventaires par drone, baptisée Eyesee. Elle a déjà séduit l'Oréal, Volvo trucks et Bayer. Rencontre avec son Pdg Éric Pierrel.

Éric Pierrel, Pdg de Darwin drones et le drone d'inventaire Eyesee Éric Pierrel, Pdg de Darwin drones et le drone d'inventaire Eyesee
Éric Pierrel, Pdg de Darwin drones et le drone d'inventaire Eyesee © Radio France - Laurent Gallien

Eyesee est un drone qui promet de simplifier et d'automatiser les inventaires dans les grands entrepôts logistique. Parce que savoir si les produits ou approvisionnements sont rangés au bon endroit, et en quantité suffisante n'est pas seulement important au moment du bilan annuel, à l'aide bataillons d'intérimaires. La société grenoblois Darwin drones, créée en novembre 2021, développe et commercialise une solution mise au point à la fois chez Squadrone et chez Hardis Group. Le potentiel est énorme et les premiers clients plutôt séduits. Entretien avec Éric Pierrel, le PDG de Darwin Drones.

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France Bleu Isère - Éric Pierrel vous mettez au point et commercialisez Eyesee, un drone "d'inventaire". Qu'est-ce que c'est très exactement ?

Éric Pierrel : Le but du jeu, c'est d'éviter de mettre deux personnes sur une nacelle élévatrice pour monter à quinze mètres de haut scanner des codes barres. Ce n'est pas extrêmement efficace comme process. L'idée, c'est d'avoir un drone qui va faire ça à votre place, de manière semi autonome. Il est supervisé par un humain - c'est juste une obligation légale de toute façon, pour appuyer sur le bouton rouge d'arrêt d'urgence, si quelqu'un arrive avec un chariot élévateur par exemple - il faut pouvoir mettre des systèmes en sécurité. Mais l'humain n'a pas besoin de piloter le drone qui vole tout seul. Pendant ce temps là, le superviseur peut simplement se contenter de regarder le retour vidéo pour, par exemple vérifier si les palettes sont en bon état. L'inventaire, lui, est automatique.

Techniquement le drone scanne tout simplement des codes barres. Par contre ce qui est plus difficile c'est de voler dans un espace clos...

C'est effectivement là qu'est toute l'intelligence du drone. Premier challenge : il n'y a pas de GPS dans un espace clos. Donc pour se repérer dans l'entrepôt, nous, on utilise des bornes ultra white band. C'est une technologie qui permet le repérage au centimètre près ou quasiment et ça permet au drone de savoir devant quel emplacement il est en train de voler. Parce que le but, c'est dire, il y a la palette "Tartempion" à l'emplacement W 27. Pour ça, il faut qu'il sache où il est. Ensuite, il y a tout ce qui est évitement d'obstacles, sécurité, parce que si le drone perd un signal pour une raison ou une autre, il ne faut pas qu'il vienne se crasher sur les palettes ou sur l'opérateur. Donc tout ça aussi, ça demande des capteurs divers et variés. C'est le deuxième sujet vraiment cette technologie d'évitement d'obstacles, de gestion de ses moteurs, gestion de sa batterie. C'est un système extrêmement complexe quand même.

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Est-ce que ça s'adapte à toutes les tailles de drones ou il y a une taille nécessaire, ou standard, pour le drone d'inventaire ?

Alors le notre fait à peu près 80 cm sur 80 cm. Il est assez gros pour des questions de stabilité parce qu'en indoor il se perturbe lui même avec son flux d'air. Donc on a besoin d'une certaine taille pour assurer la stabilité. Ça veut dire qu'on ne peut pas passer dans des toutes petites allées, les allées trop étroites. C'est aussi un système où il y a un enjeu d'autonomie. Là, on ne peut pas se permettre d'embarquer une trop grosse batterie. Donc nous, on a une autonomie de quinze ou 20 minutes par exemple.

L'avantage disiez-vous c'est que ça évite de faire monter un ou des opérateurs dans des nacelles. Eyesee permet aussi de faire de l'inventaire plus souvent et quasiment en continue ?

Le modèle traditionnel de l'inventaire c'est on ferme l'entrepôt une semaine à la fin de l'année et on fait l'inventaire fiscal annuel. Et pour ça, on fait venir cinq semi-remorques remplis de nacelles et une cinquantaine d'intérimaires. Nous, l'idée, c'est qu'on va accompagner, typiquement, des clients qui passent en "inventaire tournant". Il y a le fait de pouvoir sortir un chiffre à la fin de l'année pour satisfaire les exigences du commissaire aux comptes mais l'intérêt de l'inventaire c'est surtout de savoir ce qu'on a en stock pour savoir, en amont de la ligne de production, si on a ce qu'il faut pour produire dans la journée, ou en aval, si on va pouvoir honorer des commandes. Il n'y a rien de plus désagréable que de commander une armoire chez Ikea en click & collect et puis d'arriver et de se rendre compte qu'elle n'est pas là.

Votre société a été créée fin 2021 et vous avez déjà touché des clients potentiels important, quels sont-ils ?

Alors oui, on est une société récente, mais le projet existe depuis 2016. Il a été co-développé par Hardis, qui a une spécialité en outil de gestion des entrepôts, et Squadrone Systeme, qui est un bureau d'études drone. Donc, il y a eu quelques années de développement technique et de début de commercialisation en mode prototype. Ça, ça veut dire qu'on part avec une vitesse initiale non nulle et on a effectivement déjà équipé des clients comme comme L'Oréal, comme Volvo trucks, comme Bayer. On fait des tests avec Ikea pour reprendre l'exemple de tout à l'heure. Nous sommes aussi chez Iveco en Espagne par exemple. Donc tout ça c'est les clients qu'on a déjà équipé et l'étape d'après, c'est évidemment de pouvoir agrandir cette "emprise marché", soit chez les clients où nous sommes déjà, soit bien sûr chez de nouveaux clients.

Ça, ça dépendra des retours des clients...

Oui, en fait, on commence à voir la suite du déploiement. Je vous donne un exemple on a équipé une usine GKN, donc c'est un équipementier automobile, qui est près du Mans. On les a équipés en septembre dernier et on commence à discuter avec eux du fait d'équiper leurs autres usines européennes. Donc ça peut aller relativement vite. Le fait de se rendre compte du gain de productivité, du gain de sécurité... C'est aussi une question de sécurité et d'attractivité du métier. Faire l'inventaire, c'est quelque chose d'un peu rébarbatif. Quand on dit aux opérateurs qui vont faire voler un drone, des fois on arrive à changer le paradigme. Donc on peut arriver à prouver assez rapidement l'intérêt et donc à passer en phase de déploiement chez nos clients.

Votre réussite va créer des emplois supplémentaires? Aujourd'hui vous êtes combien chez Darwin drones ?

Aujourd'hui, il y a treize personnes dans la société. C'est essentiellement des équipes qui travaillaient déjà sur le projet avant et on a fait une petite levée de fonds l'an dernier (1 million d'euros NDLR) pour commencer à démarrer l'activité. On aura vocation à en faire une autre. C'est une activité qui va demander un peu de capital, comme tout activité hardware. Mais oui, bien sûr, le but, c'est de créer de l'activité et de créer de l'emploi. Aujourd'hui, on a une bonne trentaine de drones déployés. Le marché total, c'est 150 000 entrepôts. Donc on a du travail. en perspective il n'y a aucun doute là-dessus.

A l'avant du drone Eyesse : des capteurs, une caméra, des lumières et un lecteur de codes barres
A l'avant du drone Eyesse : des capteurs, une caméra, des lumières et un lecteur de codes barres © Radio France - Laurent Gallien

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