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Des associations havraises dénoncent une différence de traitement entre les réfugiés ukrainiens et les autres

Une centaine de manifestants ont protesté ce mercredi 4 mai au Havre contre le sort de familles de réfugiés contraintes de dormir dans la rue avec leurs enfants, dont certains sont nés en France. Ces associations dénoncent une différence de traitement entre les réfugiés ukrainiens et les autres.

Les associations qui ont organisé la manifestation ont recensé au moins 18 enfants et adolescents sans logement stable Les associations qui ont organisé la manifestation ont recensé au moins 18 enfants et adolescents sans logement stable
Les associations qui ont organisé la manifestation ont recensé au moins 18 enfants et adolescents sans logement stable © Radio France - Olivia Cohen

Une centaine de manifestants se sont rassemblés devant la sous-préfecture du Havre ce mercredi 4 mai 2022 vers 17 heures pour dénoncer le sort de familles réfugiées contraintes de dormir certains soirs dans la rue avec leurs enfants. Dans le cortège, figuraient des militants associatifs, membres notamment de RESF (Réseau éducation sans frontières), des enseignants, des fédérations de parents d'élèves, notamment la FCPE 76, et les familles concernées.

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Selon ces associations qui ont conjointement appelé à se rassembler, au Havre, au moins une vingtaine d'enfants et d'adolescents (18 selon le dernier décompte) dont certains sont nés en France vont à l'école le jour et ne savent pas où ils vont dormir le soir avec leurs familles. En appelant le 115, ces familles se voient attribuer parfois des hébergements d'urgence mais il faut en changer toutes les deux semaines, voire toutes les semaines.

"Il y a deux poids deux mesures entre les réfugiés ukrainiens et les autres !"

Les familles présentes à la manifestation viennent d'Angola, de République démocratique du Congo, de Géorgie, d'Afghanistan et elles sont laissées dans la rue ou dans des logements de courte durée alors qu'elles ont des enfants, explique Alain Ponvert, coordinateur au Havre du Réseau éducation sans frontières, qui dénonce une différence de traitement avec les réfugiés ukrainiens : "Il y a deux poids deux mesures ! La République française, actuellement, accueille et loge plus de 70.000 personnes d'origine ukrainienne. On ne va pas nous dire que Le Havre n'est pas capable de loger une dizaine de familles avec enfants d'autres origines, ce n'est pas possible !" 

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Et Alain Ponvert de pointer ce qu'il considère comme une hypocrisie : "Lorsqu'on se bat pour la liberté, l'égalité, la laïcité, la fraternité, comme on nous le répète à chaque fois fort justement, on ne peut pas faire un tri dans l'accueil des réfugiés, ce n'est pas possible, c'est inhumain !"

Ces associations ont sollicité la mairie du Havre qui les a renvoyées vers la sous-préfecture, qui les renvoie vers le numéro d'urgence 115, chargé de trouver des hébergements d'urgence aux personnes sans logement. Les manifestants n'ont pas été reçus par la sous-préfète ce mercredi soir, mais les associations devraient avoir un rendez-vous dans les jours à venir.

"Je travaille bien à l'école, j'aimerais bien avoir une maison"

Chrysolithe, 8 ans et né en France, est venu manifester devant la sous-préfecture avec sa maman, dont les demandes de régularisation ont été refusées. Chrysolite va à l'école, tout comme sa grande sœur qui prépare son brevet des collèges. Mais le soir, Chrysolithe ne jamais où il va dormir : "Je préfèrerais avoir une maison que dormir dans la rue, je travaille bien à l'école, ma sœur aussi travaille bien à l'école, j'aimerais bien avoir une maison mais on ne le veut pas !" Le petit garçon aime beaucoup l'école, notamment l'écriture : "Je ne suis pas très bon en écriture mais j'aime bien parce que je cherche à m'améliorer."

Deus, lui, vit depuis cinq ans au Havre, sa petite dernière est née en France, elle a connu la rue dès l'âge de six mois. Deus a pourtant une promesse d'embauche, il est électricien et malgré cela, toutes ses demandes pour régulariser sa situation ont été refusées. Il attend encore une nouvelle réponse, mais dans l'intervalle, pas de toit fixe et il doit constamment rassurer sa fille aînée, qui a 7 ans : "Dès que l'école est finie, elle nous pose des questions, elle nous demande 'Ce soir, on dort où ?', elle est très angoissée et nous n'avons pas toujours de réponse à lui donner." 

Deus fait face mais reconnaît que c'est "compliqué" : "Parfois, il n'y a pas de place au 115 et on doit se débrouiller." Deus a des soutiens qui l'ont accompagné à la manifestation, notamment l'un des professeurs de sa fille de 7 ans, qui glisse : "On ne peut pas être indifférent, cela se passe dans ma classe, sous mes yeux !"

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"Ça fait huit ans qu'on est au Havre, on se sent bien ici !"

Louis* et sa mère Juliette* (*leurs prénoms ont été changés) sont dans le même cas de figure, raconte Louis : "Je suis en terminale, j'ai le bac à la fin de l'année, ce n'est pas facile de suivre en cours parce qu'on change constamment d'endroit, mes potes me soutiennent, me disent que ça va se régler mais c'est sûr que c'est dur, on vient de Kinshasa, ça fait huit ans qu'on est au Havre et on se sent bien ici !"

Qu'on ballotte ces enfants d'hôtel en hôtel, Alain Ponvert trouve cela scandaleux : "Parce que ces gamins, vaille que vaille, ils tiennent à aller à l'école, il s'accrochent, certains sont d'excellents élèves, il n'y a aucun absentéisme !" 

Ces associations réclament que l'on trouve de toute urgence un logement durable à ces familles.

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