Le cinéma Le Cérétan va-t-il disparaître à Céret ?

Le dossier est épineux depuis bientôt deux ans à Céret : le cinéma cherche repreneur.

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Aucune solution en deux ans

Depuis 1975, le Cérétan, le cinéma en centre-ville de Céret est tenu par Michel Laporta. Un passionné qui fait vivre seul cette salle de 170 places, très appréciée des cinéphiles du Vallespir. Mais à 70 ans, il cherche désormais à passer la main.

"Vous savez, c'est quelque chose auquel il faut penser, on ne sait pas ce qu'il peut arriver, et du jour au lendemain, vous pouvez priver une ville de son cinéma" confie Michel Laporta.

Pour éviter cette situation, il y a deux ans, il s'est tourné vers la mairie pour les avertir de son souhait de cesser son activité au 31 décembre 2023. Une étude a alors été lancée, pendant huit mois, pour examiner la faisabilité du rachat. La mairie a même, un temps, préempté le cinéma, lorsqu'un investisseur immobilier s'est montré intéressé.

Mais revers pour le septuagénaire, en janvier 2024, lorsque la mairie lui annonce ne finalement plus avoir les finances disponibles pour acquérir le Cérétan.

"Nous avons eu beau retourner le problème dans tous les sens, impossible d'envisager le rachat et les travaux, nous avions d'autres projets prioritaires comme la création d'un centre de santé et la reconstruction d'un EHPAD" explique Maria Lacombe, adjointe en charge de la culture et de l'évènementiel.

Un multiplexe à Céret

Pour autant, elle l'assure, la culture reste une priorité : "Nous n'abandonnerons jamais le cinéma, nous avons d'ailleurs un projet de création, mais ce ne sera pas dans le bâtiment du Cérétan", confie-t-elle.

En effet, Céret envisage de créer un multiplexe, c'est-à-dire un méga cinéma, plus récent et plus grand, avec plusieurs salles. "Nous avons rencontré les deux diffuseurs du département et un cinéma avec une seule salle comme au Cérétan, ils nous ont bien fait comprendre que ce n'était pas rentable".

Sauf que "le cinéma de Céret fait partie du patrimoine de la ville" martèle Michel Laporta. Du côté du ciné-club Cinétoiles, l'annonce fait aussi grincer des dents. "Ça fait mal de voir que cette salle va peut-être disparaître et passer aux mains d'un investisseur immobilier. Mais nous ne sommes pas acteurs de la situation" regrette le co-président, Alain Royer.

Le fond du problème, c'est la question des travaux. Du côté de la mairie, Maria Lacombe assure que "l'accès pour les personnes à mobilité réduite est à faire", et qu'il faudrait "tout casser pour installer un ascenseur", quand Michel Laporta répond que "tout est aux normes, sinon les assurances ne nous couvriraient pas et on ne ferait pas long feu", avec pour preuves plusieurs échanges avec le Centre national du cinéma (CNC).

Dans un mail de janvier 2024, il est confirmé "qu'aucun travaux n'est à prévoir en l'état pour continuer à exploiter le cinéma et en obtenir l'autorisation". De même, en janvier 2024, la commission de sécurité a émis un avis favorable après sa visite du Cérétan.

Des investisseurs immobiliers sur le coup

Le problème, aujourd'hui, c'est qu'à ce prix, environ 700.000 euros pour 700 mètres carrés en cœur de ville, les investisseurs sont frileux à l'idée de reprendre le cinéma en tant que tel, et y verraient plutôt d'autres projets purement immobiliers.

"Aujourd'hui, si un acheteur se présente, et je ne suis pas inquiet pour ça, je vendrai et je tirerai définitivement le rideau du Cérétan", finit par glisser le propriétaire des lieux, désolé de la situation.

"C'est difficile, car il y aura les grands oubliés, les élèves, notamment avec le programme 'Collégiens au cinéma', et puis les associations qui promeuvent le cinéma d'art et essai, eux, personne ne s'en soucie" regrette-t-il.

Le ciné-club Cinétoiles a par exemple perdu une centaine d'adhérents depuis que les séances ne se font plus au Cérétan. "Nous étions 300, et depuis qu'on a dû se rabattre sur la salle de l'Union, nous sommes 170" soupire Alain Royer.

En effet, si la mairie propose la salle culturelle de l'Union pour que le ciné-club puisse assurer ses soirées films sur grand écran, la situation est loin d'être optimale, selon les adhérents, mais il faudra s'accoutumer car "Le Cérétan ne deviendra jamais un cinéma municipal" conclut Maria Lacombe.