Blocage des agriculteurs : quelles conséquences pour les supermarchés et les restaurants ?

"Si je ne suis pas livrée dans les prochains jours, je vais devoir fermer, pas le choix", s'inquiète Sandra Moine, cheffe du restaurant l'Eden à Coublevie. Spécialisé en poisson et fruits de mer, ses produits viennent principalement de Bretagne ou du Sud, et le week-end dernier, la restauratrice n'a pas été livrée : "J'ai réussi à servir mes clients grâce à mes stocks mais aujourd'hui les frigos sont vides... Mon pire cauchemar serait de revivre la situation du Covid : être assis à une table de mon restaurant, sans client". Malgré son inquiétude, la cheffe continue de soutenir le mouvement des agriculteurs, qu'elle juge légitime : "Il faut que les choses changent là haut, qu'ils soient entendus et que nous puissions avancer tous ensemble !" clame Sandra Moine.

ⓘ Publicité

Des trous dans les rayons

Mêmes difficultés d'approvisionnement dans les rayons des supermarchés. A Grenoble, un des magasins de l'enseigne Utile a été contraint de fermer ses portes deux jours, faute d'approvisionnement. Les enseignes Vival restent ouvertes, même si certains produits manquent dans les rayons depuis plusieurs jours. "On essaie d'aligner les produits pour cacher les trous", ironise Ludivine Delahaye, une employée. Sur les quatre livraisons attendues, le magasin en a reçu une seule, "une grande partie de nos produits vient de Montélimar, mais les axes sont bloqués" détaille-t-elle derrière sa caisse.

L'employée aussi redit son soutien au monde agricole, même si face aux rayons vides elle reconnaît : "nous aimerions bien être rapidement livré, sinon ça pourrait devenir compliqué pour notre chiffre d'affaires".

Faire de la pédagogie pour éviter les pénuries

Même si les chips, pâtes, conserves et gâteaux se font de plus en plus rares dans ce magasin, ils ne sont pas en rupture. Chez Super U, les gérants ont misé sur la transparence pour éviter tout "achat panique", en comblant les trous des rayons par des affiches explicatives.

Vincent Poun, co-directeur de ce Super U à Grenoble explique la démarche : "Il faut être transparent pour ne pas créer la panique. Si un client achète inutilement cinq paquets de pâtes au lieu de deux, cela peut créer une pénurie." Le gérant insiste : les produits existent, ils sont en route, ils auront simplement un peu de retard.