Passer au contenu
Publicité

Amazon poursuit en justice 44 salariés pour exercice illégal du droit de grève à Gidy

Par

44 salariés d'Amazon de Gidy, dans le Loiret étaient poursuivis ce mardi pour exercice illégal du droit de grève pour avoir bloqué partiellement le site sur fond de négociations salariales. Le groupe réclame 300 euros par salarié. Le tribunal judiciaire d'Orléans rendra son jugement vendredi.

Des militants syndicalistes ou politiques sont venus soutenir les salariés d'Amazon ce mardi matin devant le palais de justice d'Orléans Des militants syndicalistes ou politiques sont venus soutenir les salariés d'Amazon ce mardi matin devant le palais de justice d'Orléans
Des militants syndicalistes ou politiques sont venus soutenir les salariés d'Amazon ce mardi matin devant le palais de justice d'Orléans © Radio France - François Guéroult

C'est une première judiciaire à Orléans. La société Amazon poursuit 44 salariés pour exercice illégal du droit de grève sur le site de Gidy, le hall d'expédition des colis (non loin du site principal d'Amazon dans le Loiret, à Saran). Il y a eu en fait un blocage partiel du site, qui a duré six jours, entre le mercredi 15 mars et lundi dernier, sur fond de revendications salariales. Le géant du e-commerce réclame une sanction de 300 euros par salarié (pour régler les frais de justice). Le tribunal judiciaire d'Orléans, saisi en référé, rendra sa décision vendredi.

Publicité

Le piquet de grève est légal, pas le blocage

Les juges devront trancher la question suivante : jusqu'où peut aller le droit de grève ? Pour Amazon, les choses sont simples. Sur les 400 travailleurs du site de Gidy (dont en fait 150 intérimaires), il y a eu lors de ce mouvement jusqu'à 104 grévistes recensés qui se sont relayés pour tenir le piquet de grève, avec à la clé des entraves à la liberté de travailler pour les non-grévistes, à la libre-circulation des marchandises et donc à la liberté de commercer. Sur cette période de six jours, 220.000 colis n'ont pas pu être livrés et sont restés sur le site, affirme Amazon, qui a assigné 44 des salariés grévistes.

Mais c'est le principe même d'une grève que d'avoir un impact sur l'activité de l'entreprise, rétorquent Maître Sylvie Mazardo et Maître Quentin Roussel, les avocats des salariés d'Amazon, qui rappellent qu'en France, le piquet de grève est légal, seul le blocage total du site peut être répréhensible. Or, tout au long de ses 120 pages de constat, l'huissier a relevé que les camions pouvaient passer, certes au compte-gouttes, et de manière très ralentie, mais donc que le blocage n'a pas été total. "On parle d'actes illégaux ? Mais quand et de la part de qui ? Ce n'est pas précisé par Amazon alors qu'on parle d'une liberté constitutionnelle", fustige Maître Mazardo. L'enjeu est important, car une condamnation des salariés ouvrirait la porte à une éventuelle procédure de licenciement pour faute grave.

L'émotion des salariés assignés

D'où l'émotion bien palpable de Tibass Kangudélégué syndical Sud, qui fait partie des salariés assignés. "Beaucoup d'émotion, confie-t-il à la sortie de l'audience qui a eu lieu ce mardi matin. Parce qu'on a le sentiment d'être traités comme des délinquants. Amazon veut nous mettre la pression et bafouer notre droit de grève, ce n'est pas acceptable. Et pire, s'ils s'amusent à licencier quelqu'un !"

Et le syndicaliste de pointer le fond du problème, les salaires. "Amazon amasse des millions d'euros mais ne veut pas investir sur l'humain. Nous avons demandé une revalorisation de salaires conséquente, 400 euros nets pour tous : par rapport à ce qu'ils proposent dans le cadre de la négociation annuelle obligatoire, c'est le jour et la nuit (NDLR : la direction d'Amazon propose une hausse moyenne de 6% des rémunérations et la revalorisation du forfait mobilité durable). Bien sûr qu'avec notre grève, cela a perturbé le travail et cela gêne les millions d'euros amassés. En fait, ce sont eux qui ont la pression, parce que tout le monde voit l'inflation et qu'il faut revaloriser les salaires."

Le jugement sera donc rendu vendredi, ce sera d'ailleurs au lendemain d'un nouvel appel à la grève chez Amazon sur tous les sites de France, et alors que la négociation salariale annuelle est censée se poursuivre.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined