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"C'est une dévalorisation" : un collectif hip-hop en Isère s'opposent à une loi qui prévoit un diplôme pour l'enseigner

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Le projet de loi, toujours au Parlement, prévoit la mise en place d'un diplôme d'État pour enseigner les danses urbaines, dont le hip-hop. Des associations, regroupés dans le collectif "CNous" en Isère, dénoncent une "dévalorisation" de leur travail et demandent le retrait du texte.

Un cours de hip-hop à la Murette (Isère). Ratiba (à gauche) est la professeure. Un cours de hip-hop à la Murette (Isère). Ratiba (à gauche) est la professeure.
Un cours de hip-hop à la Murette (Isère). Ratiba (à gauche) est la professeure. © Radio France - Romain Bitot

"C'est une vision colonialiste de la culture hip-hop". Cristèle Bernard ne mâche pas ses mots pour qualifier le projet de loi voté par les députés jeudi 7 mars. Il prévoit d'étendre la professionnalisation de la danse, déjà appliquée au jazz, à la danse contemporaine et classique, à tous les autres domaines, dont le hip-hop. Même si le texte doit encore être examiné par le Sénat, les pratiquants de cette danse urbaine se battent pour la faire retirer. En Isère, le collectif "CNous", qui regroupe six associations de hip-hop, et dont Cristèle Bernard est la co-fondatrice en 2010, a publié une tribune contre le texte.

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Concrètement, si le projet de loi venait à être adopté, il faudrait un diplôme Bac+3 pour enseigner des danses comme le breaking, le popping ou encore l'house dance. Cristèle Bernard y voit une dévalorisation du travail déjà accompli par les professionnels : "On a des enseignants qui ont monté des structures, qui ont fondé des écoles et sont partis à l'étranger en Corée et aux États-Unis. Pour eux ce n'est pas un bac+3 qu'il leur faudrait, c'est un doctorat au minimum", explique-t-elle. "Le gouvernement veut faire du hip-hop une culture élitiste et on va perdre tout ce qui façonne notre culture de transmission (...). Certains n'ont pas les moyens de passer un diplôme, n'ont même pas le bac, et c'est mettre de côté toute la mixité sociale du hip-hop".

"Je ne passerai pas ce diplôme"

Ratiba, une professeure de hip-hop avec 30 ans d'expérience et qui enseigne aujourd'hui à La Murette notamment (Isère), est sur la même ligne. "Je vais être claire. Pour moi, ce n'est pas une culture qui peut être dirigée par un gouvernement", affirme-t-elle. "Le diplôme, je ne vais pas le passer. Ça veut dire que je vais perdre 200 élèves. Je travaille pour trois-quatre structures différentes, elles devront aussi trouver quelqu'un d'autre". Un bouleversement pour elle, comme pour ses danseuses en herbe, toutes adolescentes. "Ça ne donne plus envie d'y aller si ce n'est pas elle la prof qui nous coach", explique Lilou. "Nous on s'en fiche qu'elle ait ce diplôme ou pas, ça ne change rien. On a formé une famille et si on perd le mentor qu'on a, c'est plus pareil", ajoute Anaëlle.

Ratiba, professeure de hip-hop depuis 30 ans.
Ratiba, professeure de hip-hop depuis 30 ans. © Radio France - Romain Bitot

"Notre culture est libre, on a des artistes incroyables qui remplissent des salles de spectacle, qui nous représentent à l'étranger. Donc je ne comprends pas pourquoi l'État vient mettre son nez dans nos affaires.", renchérit Ratiba. Elle affirme par ailleurs ne pas craindre pour son salaire si elle ne peut plus coacher. Pas une raison de lâcher le combat pour autant, la passion est trop forte. Elle demande le retrait pure et simple de la loi, comme pour Cristèle Bernard : "Avant tout, il faut que les collectivités et l'État soutiennent et concertent davantage les acteurs. On ne veut pas d'une monopolisation d'une culture par le gouvernement. Il faut qu'il arrête de vouloir mettre en place ce diplôme", conclue-t-elle.

Une pétition lancée au niveau national

Pour tenter de faire fléchir le gouvernement, une pétition a été lancée en octobre dernier au niveau national. Pour le moment, elle a reçu 18.000 signatures.

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