Pourquoi Strasbourg a été choisie pour être capitale mondiale du livre 2024

Ce mardi 23 avril, Strasbourg sera officiellement et pour un an, la capitale mondiale du livre, un label décerné depuis 2001 par l'Unesco. France Bleu vous explique à quoi va ressembler l'événement et pourquoi la capitale européenne et alsacienne a remporté ce titre.

Capitale mondiale du livre, c'est quoi ?

A travers le label "capitale mondiale du livre", les villes choisies par l'Unesco s'engagent à promouvoir le livre et la lecture pour tous, avec un programme d'activités au rayonnement national et international. Strasbourg est la 24e ville, et la première française, à porter ce titre, après Madrid, Alexandrie, Bogota, Montréal, Conakry ou encore Accra en 2023.

Tout au long de cette année, et jusqu'en avril 2025, 200 actions festives, éducatives ou sociales sont prévues autour de la lecture. Les grands événements de l'année sont associés à la thématique, comme le marché de Noël qui donnera lieu à un programme autour du conte et du merveilleux. Le budget total de l'opération s'élève à 4.500.000 euros.

Premier événement dès ce mardi : un bookcrossing géant, un grand partage de livres, de 10h à 12h place de la République. Pendant un an, le livre et la lecture doivent être partout, comme sur la façade de la gare, couverte de portraits de Strasbourgeois, posant avec leur ouvrage préféré.

Strasbourg, berceau du livre imprimé avec Gutenberg

Pour devenir capitale mondiale du livre, Strasbourg a d'abord convoqué son histoire. Le XVe siècle notamment quand un certain Johannes Gensfleich, plus connu sous le nom de Gutenberg passa plus de dix ans dans la capitale alsacienne. Son obsession : la mise au point de la technique de la typographie nécessaire à l'imprimerie.

Quand Gutenberg arrive à Strasbourg, en 1434, il a tout juste 35 ans. Il s'installe dans les environs du couvent Saint- Arbogast de la Montagne verte. Au départ, il est orfèvre et fabrique des miroirs. Mais cette spécialité autour du métal, la présence de fonderies à Strasbourg et la demande toujours plus forte en livres manuscrits l'amènent à imaginer sa toute nouvelle technique autour de la typographie, pour reproduire mécaniquement des textes.

En 1438, à Strasbourg, il fait plusieurs tentatives. Six ans plus tard, il quitte la ville. Sans que l'on sache vraiment l'état d'avancement de son invention. Ce qui fait dire à certains historiens que Gutenberg aurait peut-être bien inventé l'imprimerie en Alsace. Sauf qu'officiellement, c'est bien dix ans plus tard que l'imprimerie est inventée, avec la publication en 1454 à Mayence, dans le Saint-Empire romain germanique, de la fameuse Bible à 42 lignes, premier ouvrage d'importance imprimé en Occident.

Une ville active autour du livre, de l'édition et de l'illustration

Dans le dossier qui a séduit l'Unesco, Strasbourg a aussi un autre très gros atout, le nombre de ses bibliothèques : 59 au total. La Bibliothèque Nationale Universitaire est aujourd'hui encore la deuxième plus grande bibliothèque de France, après la Bibliothèque François Mitterrand, à Paris. Elle propose aux lecteurs et chercheurs près de 4 millions de documents "couvrant l'intégralité de la production humaine, des tablettes cunéiformes mésopotamiennes à la documentation numérique la plus contemporaine".

A cela s'ajoutent 25 librairies et 40 maisons d'édition strasbourgeoises. La ville compte aussi des auteurs célèbres comme la romancière Agnès Ledig ou Tomi Ungerer, disparu en 2019, qui a légué 14.000 dessins à sa ville natale et qui a donné son nom à un musée, Centre national de l'illustration. L'atelier d'illustration de la Hear, la Haute Ecole des arts du Rhin -certes en difficultés financières- est réputé et a formé des générations d'auteurs, dont Mathieu Sapin, Serge Bloch, Marjane Satrapi ou John Howe.

Pour lancer cette année de réjouissances littéraires, la Grande lecture doit animer Strasbourg la semaine du 23 avril dans 150 lieux, en présence de nombreux auteurs.