Oradour-sur-Glane : un projet photographique sur les descendants des martyrs en vue des 80 ans du massacre

Près du cimetière d'Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne, où il habite, Marcel Brissaud nous montre la photo encadrée de ses grands-parents, Marcel et Francine, et de sa tante, Marie. Tous trois ont disparu lors du massacre du 10 juin 1944.  Cette photo est l'une des rares traces existantes de ses aïeux, "on a fait un montage pour qu'ils soient tous les trois", explique Marcel. En effet, avec l'incendie de la maison, il ne restait que les photos qui se trouvaient chez des membres de la famille.

ⓘ Publicité

Mêler vie des descendants et souvenirs des martyrs

Marcel Brissaud a tenu à ce que cette photographie et celle du mariage de ses parents - son père Martial Brissaud, 17 ans en 1944, a eu la vie sauve en se cachant dans le grenier de la maison familiale - apparaissent dans le portrait qui lui est consacré par deux photographes : Pierre Larose et Florent Darthout.

En ce début d'année 2024, ces deux artistes de région parisienne sont venus à Oradour-sur-Glane pour faire le portrait de 11 descendants de martyrs ou de rescapés du village. Une initiative qui s'inscrit dans leur œuvre "Mémoire habillée" et qui consiste ici à prendre en photo les descendants avec, à la fois des objets ou vêtements symboliques de leur vie, mais aussi de celles de leurs aînés qui ont vécu le 10 juin 1944.

Chaque descendant participe "à son échelle" à cette mémoire

Cette initiative des deux artistes interroge la place du massacre chez les descendants de la première, deuxième, troisième, voire quatrième génération. Florent Darthout, originaire de Haute-Vienne, note que "ce massacre a marqué au fer rouge la plupart des personnes qui vivent encore dans la région autour d'Oradour". Cette mémoire se transmet et "chacun y participe à son échelle".

Ainsi, Marcel Brissaud a mis en lumière les photographies de sa famille mais aussi des tenues rappelant sa passion pour le cyclisme, ou le football quand il était plus jeune. Il a également amené une photo d**'un voyage en vélo de Dachau à Oradour-sur-Glane**, réalisé à l'occasion de la cérémonie des 70 ans du massacre il y a dix ans. Un voyage en plusieurs étapes et avec des Allemands, un symbole de paix car "s'il n'y a pas de résilience, on n'avance pas", conclut Marcel Brissaud.

Un projet soutenu par l'Association nationale des familles de martyrs

Agathe Hébras a également participé au projet. La petite-fille de Robert Hébras, le dernier survivant du massacre mort il y a plus d'un an, a eu envie de montrer que "même si on s'investit pour la mémoire de la Seconde Guerre mondiale", on peut tout à fait "être une jeune femme de 30 ans qui a des passions dans sa vie". Une manière de jouer "sur cette ambivalence" en choisissant à la fois des objets hérités de Robert Hébras, comme ses décorations, et un casque de moto, l'une de ses passions.

Ces portraits ont reçu le soutien de l'Association nationale des familles de martyrs qui souhaite accompagner les photographes dans leur publication. Mais l'ambition est également d'afficher ses portraits le jour de la cérémonie des 80 ans du massacre d'Oradour-sur-Glane, le long du chemin reliant la nouvelle église au Centre de la mémoire. Mais cela nécessite des financements et des partenaires.

Si vous souhaitez aider au financement de ces projets vous pouvez vous rapprocher de l'Association des familles de martyrs ou des photographes en envoyant un courriel à communication@pierreetflorent.fr.