Yonne : le cyclorail de Puisaye, c'est fini

C'est la fin d'une époque à Charny ! Le cyclorail de Puisaye vient de cesser son activité pour de bon, après 22 ans de rires et de balades à coups de mollets, en famille ou entre amis. Les petits wagons ont fait leur dernière sortie sous la pluie, ce 31 octobre. Les propriétaires font valoir leur droit à la retraite. Pour l'instant, aucun projet de reprise n'a pu se concrétiser.

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Patrick Bertrand et son épouse Annick se sont lancé en juillet 2002. Ils ont reçu en moyenne 7 000 visiteurs par an. Une aventure humaine et professionnelle inoubliable. "Un petit peu avant l'an 2000, j'ai vu un reportage à la télévision sur un site dans le Cantal", se souvient Patrick Bertrand, "j'habitait Villiers Saint Benoît et il y avait le rail qui passait en-dessous. Je savais que la partie des rails qui allait vers Charny ne pouvait pas être exploitée par le train car il y avait trop de travaux sur la voie ferrée".

130 000 personnes

Après mûre réflexion et après de nombreuses visites un peu partout en France et en Europe (notamment en Belgique et en Allemagne), le couple décide de se lancer. Et ça n'a pas été de tout repos : "La voie ferrée, en gros, c'était la jungle amazonienne", raconte Patrick en riant, "j'ai mis un an pour tout nettoyer tout seul. On nous prenait pour des fous mais la preuve : on a reçu près de 130 000 personnes quand même !"

Lui et son épouse gardent de nombreux souvenirs heureux : "On a reçu plusieurs fois des petits bébés. Le record, c'était des bébés de 13 jours ! On a aussi reçu un bébé de... 102 ans !" Autre souvenir inoubliable : l'astro-cyclorail en 2015 avec la présence du regretté Hubert Reeves, très attaché à la Puisaye, qui avait accompagné les visiteurs à la belle étoile.

"Cela fait un an qu'on prévient les élus !"

L'Icaunais déplore la manque de soutien des élus locaux, en particulier de la communauté de communes, pour encourager un projet de reprise. "Cela fait un an qu'on prévient les élus ! Mais sans leur accord, sans la signature de nouvelles conventions, c'est impossible d'avancer. Je ne veux pas rentrer dans les détails mais c'est extrêmement compliqué : il faut des autorisations ministérielles, préfectorales, de la SNCF... j'en passe et des meilleures. Donc si on ne fait pas ça en amont, c'est quasiment un an de perdu ! Et pour lancer la prochaine saison touristique, c'est maintenant !", s'agace Patrick Bertrand.

Un projet de reprise au point mort

"Il y avait un énorme projet d'une grande association culturelle. Des comédiens voulaient transformer la gare en théâtre et ensuite utiliser le rail pour le côté ludique avec les enfants... mais ils n'ont reçu aucune réponse quand à l'avenir de la voie ferrée ! Personne ne bouge, je n'ai eu aucune réunion en deux ans, aucune lettre. Sans contacts, on ne peut pas avancer !", poursuit le désormais retraité, dépité.

Pour l'instant, c'est un syndicat intercommunal (un SIVU) qui est propriétaire des rails mais il va disparaitre le premier janvier et c'est la communauté de communes de Puisaye qui reprendra cette compétence. Son président, Jean-Philippe Saulnier Arrighi, confirme qu'un projet de reprise porté par l'AGADOP, l'association culturelle de la grange aux dîmes, est effectivement à l'étude, mais il ne faut rien précipiter. "On est bien conscient que le vélorail a toute son importance touristique et économique sur le territoire, mais je crois que les demandes formulées par le vendeur sont assez lourdes financièrement, y compris pour l'association. Donc tout ça, ça doit s'analyser et c'est le conseil communautaire, in fine, qui décidera", explique-t-il.