La "Duchesse-Anne" va perdre ses trois mâts, une nouvelle étape dans la rénovation de ce vieux gréement

Elle va perdre un peu de sa superbe. La Duchesse Anne va être déshabillée de ses trois mats, le temps de sa rénovation. L’opération vient de démarrer sur ce vieux gréement emblématique de Dunkerque et de son musée portuaire. C'est un chantier délicat et minutieux qui va beaucoup dépendre du vent.

Alors que, depuis des mois, la Communauté urbaine de Dunkerque travaille sur le démontage du pont en bois du voilier ou encore sur la dépollution des peintures au plomb de la cale, ces travaux -qui vont coûter entre 10 et 12 millions d'euros-  entrent dans le vif du sujet avec sa partie la plus spectaculaire.

Ne va rester que la partie basse des mâts

Dany Dumélié est le Directeur des bâtiments à la Communauté urbaine de Dunkerque : "On démonte l'ensemble des mâts, donc tout ce qui, à l'époque, supportait les voiles, des voiles qui n'ont jamais été remises en place. Les mâts sont en trois parties, avec une partie basse qui est attachée à la coque, qui restera en place et qui dépassera de 10m une fois l'ensemble démonté, par rapport au pont ;  une partie intermédiaire et une partie terminale que l'on appelle le mat perroquet. On démonte aussi l'ensemble des vergues, qui supportaient les voiles, avec tous les accessoires. L'ensemble représentant ce qu'on appelle le gréement du bateau."

La partie supérieure du mât se situe à 48 mètres au-dessus du pont et donc le chantier de démontage va beaucoup dépendre du vent, qui en doit pas être supérieur à 30 km/h. L'entreprise a signé un contrat forfaitaire qui ne dépend pas de la durée du chantier de démâtage et donc des aléas climatiques. Mais les trois mâts de la Duchesse-Anne devraient avoir quitté le paysage dunkerquois d'ici quelques semaines.

Ce chantier est un défi enthousiasmant, raconte Florence Vareilles, de la société Naval projects : "cette mâture est un peu particulière puisqu'il faut d'abord déposer toutes les parties hautes, puis aller par étage pour pouvoir démâter. Je fais cela couramment dans le cadre de mon métier, mais sur cette taille de bateau et puis sur un vieux gréement, c'est rare ! Je connais plutôt les gréements modernes. Là, c'est hors du commun, avec le nombre conséquent de cordages qu'il y a et qui s'imbriquent dans les mâts. C'est ce qui fait la complexité de l'opération."

"On avait déjà travaillé sur le Belem, poursuit Florence Vareilles. Et c'est quand même une petite fierté d'être sur ce bateau qui est l'emblème de Dunkerque. Nous sommes très fiers de participer à cette opération."

La suite de ce chantier, ce sera d'envoyer le bateau en cale sèche à Dunkerque ou ailleurs. L'appel d'offres est en cours avec cette contrainte que la Duchesse-Anne ne peut pas prendre la mer, même en remorque. Son retour est prévu dans le bassin du commerce pour la Tall Ships races, les courses de grands voiliers programmées à Dunkerque à l'été 2025.