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Dans l'Orne, des pailles en seigle bio pour remplacer celles en plastique

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Face à à l'interdiction du plastique à usage unique en 2021, des solutions alternatives apparaissent. Un agriculteur et un designer se sont lancés dans la fabrication de pailles en seigle bio à Bellême dans l'Orne. Une production 100% locale et écologique et qui offre des débouchés importants.

Les pailles en seigle bio sont 100% naturelles, biodégradables, résistantes aux liquides chauds et froids et sont produites localement.
Les pailles en seigle bio sont 100% naturelles, biodégradables, résistantes aux liquides chauds et froids et sont produites localement. - ©La Perche

Six millions de pailles en plastique sont consommées chaque jour en France. Le marché est gigantesque, mais se trouve face à une date butoir : au 1er janvier 2021, les plastiques à usage unique seront interdits. Gros consommateurs, les cafés, hôtels et restaurants, mais aussi les particuliers doivent trouver des solutions alternatives. Dans le Perche ornais, on s'est lancé dans la fabrication de pailles 100% naturelles.

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Le seigle bio, fibre végétale presque aussi solide que le bois

"On n'a rien inventé, résume Jeff Lubrano, designer installé dans le Perche, nos grands parents se servaient de pailles naturelles pour boire leur limonade". C'est lui qui a eu l'idée. Pour la mener à bien, il a cherché et trouvé un agriculteur bio, Mike Sallard, installé à Bellême dans l'Orne. "Je produis de l'orge, du blé, et d'autres céréales, mais c'est le seigle qui convient le mieux", explique-t-il. Cette fibre végétale n'est pas aussi solide que le bois mais s'en rapproche. Et elle résiste bien aux liquides. "Nous l'avons passée une trentaine de fois au lave vaisselle, et elle résiste à condition de bien l'essuyer à chaque fois".

Le bonheur est dans le Perche pour Mike Sallard, agriculteur bio, et Jeff Lubrano, designer, qui se sont associés pour produire des pailles 100% naturelles.
Le bonheur est dans le Perche pour Mike Sallard, agriculteur bio, et Jeff Lubrano, designer, qui se sont associés pour produire des pailles 100% naturelles. © Radio France - ©La Perche

Des moissons avec un engin qui date des années 20

Grâce à une campagne de financement participatif sur internet et à un appel à projets qui leur a permis de remporter 7.000 euros, ils ont commencé à acheter du matériel d'usinage. La première récolte aura lieu début août sur dix hectares. Et c'est une moisson particulière. "La tige du seigle est fragile, et on ne peut pas moissonner avec les engins modernes, explique Mike, on se sert donc d'une moissonneuse lieuse qui date des années 20 !" Les deux associés ont également mis en place un procédé de stérilisation innovant et 100 % naturel. L'objectif de cette première récolte est de produire six millions de pailles.

Solution 100% naturelle et 100% made in Normandie

Et le marché potentiel est gigantesque. Avec l'interdiction à venir du plastique à usage unique, de nombreux établissements ont déjà commencé à tester des solutions alternatives. Mais rien de concluant pour l'instant selon Jeff : "Les pailles en carton résistent mal aux liquides, les pailles en inox sont de beaux objets, mais les cafetiers se les font voler ! Et les pailles en bambou produites en Indonésie ont un bilan carbone désastreux". La start-up espère donc avoir de beaux jours devant elle, avec une solution écologique, naturelle et vertueuse, "qui offre un revenu supplémentaire à l'agriculteur". Une solution locale également, 100% made in Normandie. D'où le nom choisi pour la petite paille "La Perche, parce qu'elle est produite dans le Perche et que face à la pollution plastique aujourd'hui on tend la perche !

La paille en seigle bio résiste aux liquides, aussi bien chauds que froids.
La paille en seigle bio résiste aux liquides, aussi bien chauds que froids. © Radio France - ©La Perche

Ils sont les premiers à se lancer sur le marché, alors ne craignent-ils pas la concurrence ? "Au contraire, assure Jeff, plus on sera nombreux à produire, plus le plastique perdra du terrain, et ça quoi qu'il arrive c'est positif !" Les deux associés pensent déjà à la suite, pour utiliser la tige de seigle au maximum. "Avec le bout plus mince de la tige, on envisage de fabriquer des cotons tiges et des bâtons de sucette". Quant au prix de cette paille végétale, 8 centimes l'unité, c'est clairement élevé comparé au coût dérisoire des pailles en plastique, mais si la production augmente, les coûts baisseront forcément. Mike et Jeff comptent aussi sur le changement des mentalités : "Combattre le plastique à usage unique, c'est l'affaire de tous".

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