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Producteur de porc bio à Oudon, il se reconvertit en maçon

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Producteur de porc bio, Jérémy Diais s'est reconverti en maçon. Installé depuis 2018 à Oudon, près d'Ancenis, il n'a pas résisté à la crise qui frappe la filière bio. Rencontre sur son chantier, aux Herbiers.

Jérémy Diais, maçon sur un restaurant en construction aux Herbiers, a notamment gardé de sa vie d'avant un tee-shirt des Jeunes Agriculteurs. Jérémy Diais, maçon sur un restaurant en construction aux Herbiers, a notamment gardé de sa vie d'avant un tee-shirt des Jeunes Agriculteurs.
Jérémy Diais, maçon sur un restaurant en construction aux Herbiers, a notamment gardé de sa vie d'avant un tee-shirt des Jeunes Agriculteurs. © Radio France - Anne Bertrand

Jérémy Diais rêve depuis l'adolescence d'être agriculteur. Pas du tout issu du milieu, il reprend une exploitation en 2018 à Oudon qu'il transforme pour faire un élevage de porcs bio, avec 60 truies. Au début, tout se passe bien. Depuis le Covid, la vente directe, auprès des particuliers, marche bien. Et elle s'envole quand Jérémy Diais démarche les restaurateurs : "En trois ans, je suis passé de 20.000 euros de chiffre d'affaires en vente directe à 150.000 euros." La vente directe représente 15% de la production de Jérémy. Le reste part en circuit long, l'éleveur de porc oudonnais travaille avec la coopérative Terrena, à Ancenis.

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Mais arrive 2022. Avec la guerre en Ukraine, le prix des céréales explose : +15% de hausse sur l'aliment. Dans le même temps, les consommateurs se détournent du bio à cause de l'inflation et la coopérative impose une baisse de 15 centimes du kilo sur le porc. Jérémy ne voit plus que ses pertes engendrées, soit 40 euros par cochon : "Je suis parti en dépression, en burn out complet. Je ne pouvais plus aller voir mes animaux. Économiquement, ça m'a énormément impacté. J'ai été suivi par une psychologue qui m'a dit stop, il faut vous arrêter."

À cette période, Jérémy vient en plus d'avoir des jumelles, avec sa femme. "Certains soirs quand elle ne me voyait pas rentrer, elle s'inquiétait", raconte-t-il avec émotion. "Elle s'inquiétait, car elle ne savait pas si j'étais encore vivant ou pas. Pour le coup, c'est la complexité du domaine agricole sur ce sujet : les non-dits."

Redevenir agriculteur ? "Il ne faut jamais dire jamais !"

Au mois d'août, nouvelle hausse de 15% sur le prix des céréales. Et Terrena demande à baisser la production, "c'est-à-dire qu'on perd de l'argent et ils nous demandent en plus de produire moins". Jérémy décide de tout arrêter. Il est aujourd'hui maçon sur un restaurant en construction aux Herbiers. Même sans formation, une entreprise a accepté de l'embaucher. L'éleveur trouve le "métier diversifié, avec des tâches intéressantes" et il a gagné en qualité de vie : "Financièrement, ça va mieux. Les salaires ne sont pas les mêmes. J'ai mes week-ends. Je démarre de bonne heure, mais à 17 heures, je suis à la maison."

Jérémy Diais a aujourd'hui fait "son deuil de l'exploitation" mais quand on lui demande s'il pourrait redevenir un jour agriculteur, il répond dans un éclat de rire : "Il ne faut jamais dire jamais !" D'ailleurs, ce jour-là sur le chantier, il porte un tee-shirt des Jeunes Agriculteurs : "On quitte le monde agricole, mais on y reste toujours ancré !"

L'exploitation bio a été reprise en conventionnel

L'ancien producteur bio garde malgré tout de l'amertume vis-à-vis de l'État, qui ne soutient pas assez la filière à ses yeux. Et ce n'est pas "l'enveloppe de crise" de 60 millions d'euros, annoncée le 17 mai par ministre de l'Agriculture qui va y changer quelque chose : "Il y a déjà la loi Egalim qui doit imposer 20% de bio dans les cantines. Si l'État respectait sa propre loi, le bio irait beaucoup mieux. Au lieu d'aller sortir 60 millions, qu'ils achètent les 20% de bio".

L'exploitation de Jérémy Diais a été reprise par un producteur de cochons en conventionnel début avril. Lui a gardé la maison... et deux cochons :  "Je n'ai pas arrêté totalement, j'ai gardé ces deux cochons qui vont finir dans mon congélateur !"

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