La Dolomie du Poitou, une alternative à la paille pour la litière des ovins et des bovins

"Il n'y a qu'ici qu'on la trouve sous cette forme-là", explique Sébastien Baudinière, responsable commercial chez Iribarren. L'entreprise exploite différents types de matériaux et notamment la Dolomie du Poitou, un sable de couleur ocre clair, originaire du crétacé. Il n'y a que dans le Sud-Vienne, près de Lussac-les-Châteaux qu'on trouve ce matériau sous cette forme sableuse. "La chance qu'on a, c'est d'avoir cette dolomie en poudre qui nous permet de ne pas utiliser d'explosifs, souligne Sébastien Baudinière. On a simplement des engins de type pelleteuse qui enlèvent la couche de terre végétale sur environ 50 cm et ensuite, on a la poudre naturelle dessous qu'on extrait."

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L'entreprise Iribarren extrait chaque année près de 25 000 tonnes de cet or jaune. Entre 500 et 800 éleveurs ovins et bovins de la région, mais aussi de France, Suisse ou Belgique l'utilisent comme complément à la paille pour la litière des animaux d'élevage. Sur place, une pelleteuse et un camion suffisent à extraire ce sable, ensuite déposé sur un tapis roulant qui l'achemine jusqu'aux tamis. "Le produit est fini avec le double tamisage et est stocké à l'abri pour être livré ensuite aux éleveurs", détaille le responsable commercial, qui souligne que le nom donné à la Dolomie ainsi tamisée pour servir de litière est la Dollit. "Contrairement à tous les systèmes de litière qui existent aujourd'hui, que ce soit de la paille, du miscanthus ou autres déchets, ici, on est vraiment sur un produit minéral qui donne un confort sanitaire apprécié par les éleveurs."

Naturellement chargée en calcium et en magnésium, la dolomie sert même d'amendements pour réduire l'acidité des champs grâce à sa concentration naturelle en calcium et magnésium. "C'était quand même son utilisation initiale de redresser le niveau de Ph des sols, raconte Sébastien Baudinière. Donc là, c'est de faire coup double avec ce produit, que de l'utiliser une fois en litière et après aux champs." Une fois la Dolomie extraite, la carrière est remise en état avec la terre cultivable du site et avec les matériaux non utilisés.

Réduction de la consommation de paille

Côté éleveur, l'utilisation de la Dollit semble convaincante. Patrice Brulé, éleveur ovin à Availles-Limouzine dans la Vienne, utilise ce minéral pour la litière de ses 750 brebis depuis plus de six ans. Il est conquis par ce procédé. "On a vu une réduction de la consommation de paille, explique l'éleveur. Maintenant la paille, on l'utilise systématiquement pour l'engraissement de nos agneaux." L'agriculteur est aussi satisfait de se fournir localement. "Tous les ans, on allait faire de la paille chez un voisin qui faisait un peu plus de céréales pour la vente et une année, on a été obligé d'acheter de la paille, précise-t-il. On s'est rendu compte que la paille du fournisseur venait d'Espagne. Ça devenait un système un peu aberrant pour nous."

Outre la réduction de la consommation de paille, l'éleveur trouve la Dollit très pratique pour le bien-être de ses bêtes. "On utilise du foin de luzerne pour les brebis allaitantes et on s'était rendu compte que les litières se salissaient à une vitesse assez importante, provoquant des échauffements, détaille-t-il. Maintenant après désinfection virale du bâtiment, on étale une couche de Dollit sur huit à dix cm environ. On a vu l'effet que ça produisait sur les litières, avec un assèchement beaucoup plus rapide, un environnement beaucoup plus sain et du bien-être pour les animaux."

Avec un Ph entre 8 et 9, la Dollit permet aussi d'agir sur l'acidité de certains sols. "Mélanger avec le fumier ensuite, ça fonctionne très bien pour amender nos sols, souligne Patrice Brulé. Ça s'étale assez bien dans les champs. Comme un fumier classique. Ça contient de la magnésie, ça contient du calcium. Dans les champs qui ont reçu justement ce mélange, on commence à voir une meilleure production d'herbe."