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La clémentine de Corse au défi de la concurrence et du changement climatique

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La récolte bat son plein pour la clémentine de Corse qui se distingue des autres clémentines par son Indication Géographique Protégée (IGP) obtenue en 2007. Outre la concurrence qui fait rage sur les marchés, cet agrume emblématique de l’île doit faire face à de nouveaux défis.

clémentines corses clémentines corses
clémentines corses © Radio France - Pascale Lorens

Chaque année, la Corse produit plus de 30 000 tonnes de clémentines IGP dont la grande majorité est exportée. Cette année, la récolte bat son plein. Elle a même commencé avec 10 jours d’avance par rapport à l’an passé. Cette production précoce a ainsi permis aux producteurs de se positionner plus tôt sur les marchés. D’autant que la concurrence est rude. Et sur l’ouverture de la saison, les producteurs insulaires ont pu constater qu’ils devaient faire front à une concurrence particulière mais néanmoins flatteuse puisque les clémentines de début de saison sont commercialisées avec le feuillage. Feuillage qui était jusque-là la marque distinctive de la clémentine de Corse. Un produit connu et reconnu mais qu’il faudra peut-être demain commercialiser différemment pour lui permettre de continuer à tirer son épingle du jeu face aux productions étrangères.

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Concurrence féroce

Pour Jean-Paul Mancel, agrumiculteur et président de l'APRODEC (Association pour la Promotion et la Défense de la Clémentine de Corse), « les tonnages vont certainement augmenter du fait d’un accroissement des surfaces plantées ; de l’ordre de 50 hectares par an. D’ici une décennie, on prévoit d’atteindre les 50 000 tonnes de production annuelle » explique-t-il. « Toutefois, nous ne sommes pas sûrs de trouver des acheteurs en face de ces 50 000 tonnes. On a une concurrence acharnée de l’Espagne et maintenant du Portugal et de l’Afrique du Sud ». Et d’ajouter : « Depuis 10 ans, on a bien structuré la filière avec une stratégie de communication efficace. Mais la communication ne suffit pas. Je pense qu’il y a une question de prix. Il faut peut-être chercher de nouveaux débouchés. Sur le continent, on a fait des études de marché et on s’aperçoit qu’on est présent partout. Après, il faut pousser les autres pour gagner davantage de place et ça c’est toujours compliqué ».

Un prix en phase 

Concernant le prix présenté comme élevé de la clémentine de Corse, « c’est vrai que c’est cher mais lorsque l’on regarde aujourd’hui les clémentines d’Espagne de marque, elles sont souvent au même prix, sinon plus chères » poursuit Jean-Paul Mancel. « Aujourd’hui, tout a augmenté, à l’image du prix des emballages cartons qui a fait un bond de 35 à 40%. Le coût du transport aussi ne va pas en diminuant. On ne sait pas où ça va s’arrêter. Cela reste compliqué de restreindre nos coûts. Il y a vraiment deux marchés, celui du tout-venant, et celui de la clémentine de Corse IGP qui doit se payer plus cher, c’est évident ».

Les impacts du changement climatique

Outre une concurrence féroce, la clémentine de Corse doit également faire face aux changements climatiques et, en particulier, à la sécheresse qui peut influer sur ses qualités gustatives. « Plus il fait chaud et plus on du sucre, quelque part c’est plutôt bon pour le consommateur » souligne le président de l'APRODEC. « Après, c’est vrai qu’on part avec un taux d’acidité plus bas que les années précédentes. On va pouvoir le maintenir à un bon niveau grâce aux caractéristiques des sols corses et de cette variété de clémentine. Le problème c’est que la fenêtre de récolte pourrait se réduire, et, avec elle, le temps de la perte d’acidité ».

Problèmes de main d’œuvre

Comme chaque année, l’agrumiculture corse a fait appel à un millier de saisonniers extérieurs à l’île, dans un premier temps, pour la cueillette, puis pour la taille des clémentiniers. « Avant de faire venir nos salariés qui, pour certains, travaillent pour nous depuis plus de 15 ans, nous lançons un appel sur Pôle Emploi pour tenter de fonctionner avec de la main d’œuvre locale et je peux vous affirmer que nous n’obtenons que très peu de réponses. Cela reste compliqué… » conclut Jean-Paul Mancel.

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