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Interdiction de pêche dans le golfe de Gascogne : "L'année prochaine, ça ne sera pas soutenable"

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Ils sont restés à quai pendant plus d'un mois. 51 bateaux du port de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure n'avaient plus le droit de pêcher pour préserver les dauphins des captures accidentelles dans le golfe de Gascogne. Les différents acteurs du secteur ont dressé le bilan ce jeudi.

51 navires sont restés à quai du 22 janvier au 20 février 2024 dans le port de Saint-Jean-de-Luz/Ciboure. 51 navires sont restés à quai du 22 janvier au 20 février 2024 dans le port de Saint-Jean-de-Luz/Ciboure.
51 navires sont restés à quai du 22 janvier au 20 février 2024 dans le port de Saint-Jean-de-Luz/Ciboure. © Radio France - Adrien Michaud

"Un pêcheur en mer, c'est quatre emplois sur terre." C'était le mantra de la filière pêche du Pays basque, ce jeudi 22 février 2024, lors d'une réunion bilan après le mois d'interdiction d'aller en mer. Quand on touche aux pêcheurs, c'est toute la filière qui en pâtit disent-ils. Ces derniers temps : sardines, turbots, soles et autres merlus se sont faits rares sur les étales, car 51 navires du port de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure n'ont pas pu pêcher pendant plus d'un mois. Ils n'avaient pas le droit d'exercer, entre le 22 janvier et le 20 février, dans le but de préserver les dauphins des captures accidentelles dans le golfe de Gascogne. Une interdiction qui rentre dans le plan national mammifères marins (PAMM).

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Depuis le 21 février, les bateaux peuvent reprendre la mer, mais ce mois d'arrêt va laisser de lourdes traces et pas seulement pour les pêcheurs.  "Le mois de février est un mois important pour nous. Il ne faut pas croire qu'en s'arrêtant un mois, on a perdu qu'un douzième de notre chiffre d'affaires. En moyenne, le mois de février représente entre 30 et 35 % du montant annuel. C'est en gros mois de pêche pour la sardine, la sole et le bar, par exemple", explique Serge Larzabal, président du comité interdépartemental de pêche. Et pour l'instant, les compensations financières promises par le gouvernement ne sont pas arrivées.

Les différents acteurs du secteur au Pays basque se sont retrouvés, ce jeudi 22 février, pour dresser le bilan de ce mois sans pêche.
Les différents acteurs du secteur au Pays basque se sont retrouvés, ce jeudi 22 février, pour dresser le bilan de ce mois sans pêche. © Radio France - Adrien Michaud

Toute une filière touchée

Si les marins sont en première ligne face à cette interdiction, toute la filière pêche est dans le rouge. "Au niveau national, les criées ont perdu entre 50 et 60% de leur volume de vente. Ici, nous sommes à 79%", précise David Milly, directeur de l'organisation de la pêche en Aquitaine. Pour la criée de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure, cela représente une perte nette de 120 000€. La situation est même "catastrophique".  "Nous tirons la sonnette" alarme le maire de Saint-Jean-de-Luz, Jean-François Irigoyen. "L'année prochaine, ça ne sera pas soutenable", ajoute Mikel Arregui, président du syndicat des mareyeurs de la côte basque.

Du côté de la Coopérative maritime La Basquaise, le constat va dans le même sens. "Nous avons perdu 150 000€ de chiffre d'affaires sur la période, car quand les bateaux et les marins ne peuvent plus rien faire, nous de notre côté on ne travaille plus non plus", raconte Patrick Emasabal, directeur de la coopérative.

Quid des dauphins ?

Le but de cette pause forcée était de faire baisser le nombre de captures accidentelles de dauphins, et donc le nombre d'échouage sur les côtes. Selon les derniers chiffres officiels du gouvernement, entre le 1er et le 15 février 2023, 40 dauphins se sont échoués sur la façade Atlantique. Cette année, sur la même période, alors que les bateaux étaient à quai, 75 échouages ont été répertoriés"Il y a bien des prises accidentelles, on ne peut pas le nier, mais ça prouve bien que nous ne sommes pas la cause de tout", dépeint David Milly, directeur de l'organisation de la pêche en Aquitaine.

Pour les scientifiques, les premières constatations sont un peu différentes. "À l'échelle locale, on constate moins d'échouages et avec moins de traces de captures accidentelles. Après, il y a plein de facteurs qui rentrent en cause, comme les conditions météo ou les courants pour connaître tous les tenants et les aboutissants. Une fois toutes les données centralisées, on pourra faire le bilan", rend compte Aurore Toulot, biologiste et présidente de l'association Itsas Arima, qui recense notamment les échouages de dauphins sur la côte basque et le sud landes pour l'institut Pelagis.

Ainsi, le bilan final de l'arrêt de la pêche sur les dauphins dans le golfe de Gascogne sera connu dans le courant de l'année. Mais, selon les pêcheurs, pour préserver les cétacés sans compromettre la filière, il n'y a qu'une seule solution possible. "Il faut faire des expériences à grande échelle, comme nous le faisons depuis 20 ans. C'est-à-dire en installant des caméras sur les bateaux ou en équipant les navires de moyens de dispersion qui permettront de diminuer les prises accidentelles. Le problème, c'est que quand on nous arrête un mois, on ne peut plus rien tester. En tout cas, pour nous, il n'y a pas d'autres alternatives. Il ne sera pas possible de s'arrêter l'année prochaine, ni dans deux ans, il faut en être conscient. Si on continue avec ce système d'arrêt, on signe la fin de cette activité", relate Serge Larzabal. Son collègue David Milly acquiesce : "Si en 2025, c'est deux mois d'arrêt, comme les instances gouvernementales voudraient le faire, ça marquera simplement la fin de la filière."

Le plan d'action national mammifères marins (PAMM) a fait très mal à la filière pêche au Pays basque.
Le plan d'action national mammifères marins (PAMM) a fait très mal à la filière pêche au Pays basque. © Radio France - Adrien Michaud

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