Sécheresse, flambée des prix : ce qu'il faut retenir des annonces d'Emmanuel Macron au Salon de l'Agriculture

C’est le rendez-vous traditionnel des présidents de la République. Le Salon de l’agriculture 2023 a ouvert ses portes ce samedi 25 février au Parc des Expositions de Paris. Plus de 500.000 visiteurs sont attendus jusqu’au 5 mars. Le coup d’envoi a été donné peu avant 9 heures par Emmanuel Macron. Sa déambulation à la rencontre des professionnels du monde agricole a duré près de 13 heures. Le chef de l'État a notamment fait des annonces sur la sécheresse, la pêche et a appelé les groupes de grande distribution à contenir leurs marges face à la flambée des prix alimentaires. Voici ce qu'il faut retenir de sa visite.

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Prolongation de l'aide financière pour les pêcheurs

Emmanuel Macron est arrivé ce samedi matin, pour une longue déambulation qui doit durer toute la journée. Il renoue ainsi avec un rituel très prisé par les politiques. Le président de la République a entamé sa visite par une rencontre avec les professionnels de la pêche. Le président Emmanuel Macron a annoncé la prolongation, jusqu'en octobre, de l'aide financière de 20 centimes (hors taxe) par litre accordée aux pêcheurs pour faire face à la hausse des prix du carburant.

La prolongation de cette aide qui devait prendre fin à la mi-mai est une manière de "donner de la visibilité" au secteur de la pêche, "en attendant la conclusion du contrat stratégique de filière entre tous les acteurs", a fait valoir le secrétaire d'État à la Mer Hervé Berville. Le coût de cette mesure est d'"environ 2,5 millions d'euros par mois", a-t-il spécifié, soulignant que la France était aujourd'hui le "seul pays qui soutenait à ce niveau-là" ses professionnels de la pêche.

Un plan de sobriété sur l'eau

Pour le président de la République, le Salon lui permet de prendre le pouls de la France rurale et du pays, en plein bras-de-fer sur les retraites. Parmi les sujets sur lesquels il est attendu, il y a la sécheresse et les nombreuses restrictions d'eau qu'elle pourrait engendrer dès le mois de mars faute de pluie. Le président Emmanuel Macron a appelé samedi à "un plan de sobriété sur l'eau" sur le modèle de la "sobriété énergétique", évoquant encore une fois "la fin de l'abondance".

"On sait qu'on sera confronté comme on était l'été dernier à des problèmes de raréfaction (d'eau) : plutôt que de s'organiser sous la contrainte au dernier moment avec des conflits d'usage, on doit planifier tout ça", a expliqué Emmanuel Macron.
Il a appelé à "mieux récolter l'eau de pluie", "avoir moins de fuites dans les réseaux d'eau" et "mieux répartir l'utilisation de l'eau potable selon les usagers", notamment en "continuant de produire et d'investir sur des rétentions collinaires".

Contenir les marges des distributeurs

Au moment où certains redoutent un "mars rouge", qui verrait les prix alimentaires flamber encore davantage, le président Emmanuel Macron a aussi appelé les groupes de grande distribution à contenir leurs marges pour lutter contre l'envolée des prix : "Ceux qui doivent faire un effort sur leurs marges, c'est les distributeurs", a-t-il déclaré en estimant que les producteurs avaient fait leur part, compte tenu de l'explosion de leurs coûts. Des négociations annuelles entre industriels et grande distribution sont actuellement en train de s'achever, ce qui alimente le spectre d'un nouveau rebond des prix dans quelques jours.

Le chef de l'État met en garde sur l'accord avec le Mercosur

À l'intention des agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs, Emmanuel Macron a multiplié les gestes. Il a ainsi exclu de soutenir en l'état un accord commercial avec les quatre pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), conclu en 2019 avec l'Union européenne, mais pas encore ratifié. La Commission européenne espère que le processus aboutira dans les prochains mois. Ce ne sera "pas possible s'ils ne respectent pas comme nous les accords de Paris (sur le climat) et s'ils ne respectent pas les mêmes contraintes environnementales et sanitaires qu'on impose à nos producteurs", a-t-il dit.

Les agriculteurs français et les éleveurs bovins en particulier redoutent de voir affluer sur le marché européen davantage de denrées agricoles sud-américaines soumises à des standards de production moins exigeants.

Emmanuel Macron entre applaudissements et sifflets

Emmanuel Macron s'est aussi écharpé avec un membre du collectif "Dernière rénovation" lors de sa déambulation au Salon de l'agriculture. Le jeune homme, qui arborait un t-shirt barré de la mention "À quoi tu sers ?", a interpellé le chef de l'État en l'appelant à "écouter les rapports scientifiques" sur le changement climatique. Dans un communiqué, le collectif a revendiqué l'action de son militant en déplorant qu'"aucune mesure d'ampleur pour contrer le dérèglement climatique n'(ait) été prise par le gouvernement".

De nombreux sifflets ont également jalonné le parcours du chef de l'État au cours de l'après-midi, alors que certains manifestants ont été écartés par les agents de sécurité. "L'ambiance est très conviviale et sympathique : c'est un salon qui se passe bien", a toutefois voulu convaincre le chef de l'État, en estimant que "ces petits événements" étaient "normaux".

Un rendez-vous incontournable pour les agriculteurs

Pour de nombreux agriculteurs en France, le Salon de l'Agriculture est aussi l'occasion de présenter leurs animaux à Paris. Les vaches sont évidemment largement représentées. Elles représentent un dixième des 4.000 animaux présents dans ce Salon où chaque année, près de 1.400 éleveurs sont présents.

La vache égérie du Salon se nomme Ovalie. Elle est âgée de cinq ans et vient de Saint-Alyre-ès-Montagne dans le Puy-de-Dôme. La vache a déjà sa chanson, un tube, imaginé par le groupe Wazoo avec des lycéens d’Aurillac, qui ont enregistré un clip vidéo.