Eric Fradin, maître-confiseur : du 8 au 14 novembre

Une villa route d'Appiettu, à quelques mètres du stade Ange Casanova, à Mezavia, c'est ici qu’Éric Fradin et sa petite famille ont élu domicile il y a 3 ans. Né à La Rochelle il y a 52 ans, Éric est arrivé en Corse suite à une promesse de mariage : « Ma femme venait depuis toute petite ici en vacances. Quand je l'ai épousée, elle m'a demandé de venir s'installer un jour en Corse, j'ai bien sûr tenu ma promesse. Nous sommes arrivés sur l'île il y a 3 ans avec notre fille qui à l'époque avait 5 ans, nous sommes repartis de zéro et nous ne le regrettons pas, si j'avais su, je serais venu plus tôt » confie Éric.

Ce Lyonnais d'origine est tombé dans la marmite de la confiserie à l'âge de 13 ans, dans la ville des Lumières, grâce à son grand-père qui l'a élevé, « Il m'a présenté Jean, son ami de Résistance, Jean était confiseur à Lyon, je suis rentré un jour dans son atelier et j'en suis ressorti 3 ans après, j'y ai fait ma formation en apprentissage» poursuit le quinquagénaire.

Jean – l'ami de son grand-père – lui a tout appris : la technique du thermomètre, la fabrication des fruits confits en passant par la confiture, la pâte de fruit et d'amande, la cuisson du sucre cuit et du caramel.

Quelques années plus tard, Éric décide de voyager avec des organismes consulaires et des syndicats professionnels hôteliers afin de représenter la confiserie et la gastronomie françaises à travers le monde : Angleterre, Australie, Thaïlande, Pologne, Afrique du Nord parmi d'autres pays.

Le berlingot corse

Depuis 3 ans, Éric confectionne ses produits dans son petit atelier, sous sa villa à Mezavia, aux portes d'Ajaccio. L'artisan a créé sa marque U frigettu et possède déjà une gamme de produits variés : sucettes, sucres d'orge, caramel parmi tant d'autres gourmandises, « J'ai hérité d'une recette de mon aïeul de 1849 pour le caramel tendre et les bonbons aux fruits » souligne le maître-confiseur. Mais sa plus grande fierté c'est le berlingot corse.

Sur l'île, il y a des confiseurs spécialisés dans le nougat, la confiture ou encore la pâte de fruit mais personne dans le sucre cuit. J’ai pensé qu'il y avait une place à prendre dans ce domaine. C'est tout naturellement que je me suis dit : pourquoi ne pas faire des berlingots en Corse ?

L'idée lancée, l'artisan contacte des producteurs corses, Éric veut mettre en avant ce que la Corse produit. Le Lyonnais accommode le bonbon avec des essences locales : myrte sans alcool, clémentine, miel, citron, cédrat, huiles essentielles « les parfums issus de l'île sont 100% naturels et sans conservateurs ».

Le berlingot est l'un des plus vieux bonbons au monde avec le nougat et le loukoum. Né en 1310 à Avignon et rendu célèbre par Clément V, le dernier pape de la cité, le berlingot est aujourd'hui indémodable « Ça rappelle des souvenirs aux clients, ça procure une certaine nostalgie, en plus il est fait à partir d'une recette ancestrale dans laquelle j'incorpore du sucre, un peu d'eau, du sirop de glucose, le tout aromatisé aux essences locales, mais je rajoute également mon petit secret » souligne le maître confiseur.

Petite entreprise devient grande

Les confiseries d’Éric Fradin connaissent déjà du succès. L'artisan a sa clientèle et sillonne les foires de l'île, les marchés, les salons pour faire connaître ses produits en proposant aux visiteurs – petits et grands – des démonstrations sur son stand. Mais le quinquagénaire ne veut pas s'arrêter en si bon chemin, « J'aimerais avoir une unité de fabrication plus grande tout en gardant ma méthode artisanale, créer des emplois, développer le e-commerce pour me positionner à l'international, mais pour cela il me faudrait des investisseurs ».

Des idées que le maître-confiseur fait mijoter dans sa marmite, avec toujours la Corse chevillée au cœur.