Mare latinu : Mai 1958 la Corse répondait au putsch d’Alger et soutenait De Gaulle. Une préfecture occupée.
La revue Études corses et méditerranéennes consacre son dernier numéro au Putsch qui se jouait en Corse en mai 58 en écho à celui du 13 mai d’Alger, l’opération Résurrection. Récits, témoignages, photos.
La revue Études corses et méditerranéennes revient sur la journée d’études organisée il y a tout juste deux ans à Corte, sous l’égide du centre de la méditerranée moderne et contemporaine de Nice, et L’UMR LISA de Corte.
« Comment comprendre ce ralliement de la Corse au mouvement d’Alger dont les contemporains ont eux-mêmes eu du mal à percevoir les ressorts? » écrit dans l’introduction la secrétaire de la revue Vanina Profizi :
"En mai 1958 la IVe république connait une énième crise ministérielle qui dans le contexte de la guerre d’Algérie va déclencher une série de manifestations à Alger avec la création Du Comité de Salut Public. Le but est de réclamer le retour au pouvoir du Général de Gaulle. En Corse un écho particulier à ces événements est la création de deux CSP qui vont être des catalyseurs et très probablement contribuer au retour au pouvoir du Général De Gaulle. Les parachutistes présents en Corse, estimés à 800, vont mener des actions plus ou moins pilotés depuis Alger, notamment par le député Pascal Arrighi."
L’ appel depuis Alger de Pascal Arrighi: « Il y a quinze ans, la Corse, premier département français libéré, se plaçait sous l’autorité du général de Gaulle. Les Corses se doivent de continuer cette tradition et d’être à la pointe du combat. Constituez, partout, des comités de salut public »
Le 24 mai l’occupation de la préfecture d’Ajaccio, l’exfiltration du préfet Savreux qui sera conduit dans une résidence à Vizzavona.
Marcel Savreux refuse de devenir « le préfet d’Alger », c’est le colonel Thomazo qui est nommé commandant civil et militaire de la Corse par le général Salan.
"Une occupation de la mairie de Bastia est également entreprise par les parachutistes et le Csp mais cela est stoppé par les autorités municipales qui résistent et se barricadent refusant de céder aux injonctions du comité de salut public."
Dans son ouvrage Les complots d'Ajaccio Paul Silvani précisait ceci: 25 mai – Les paras ne peuvent investir la mairie de Bastia en raison de la résistance opposée par le premier adjoint Sébastien de Casalta et les élus républicains qui ont voté par 16 voix contre 4 une motion affirmant « l’attachement aux institutions de la République ». Ce n’est que dans la soirée que les manifestants de Bastia, en tête desquels se trouvent Léon Delbecque, Roger Frey, Alain de Sérigny et le colonel Thomazo (arrivés à Ajaccio le 24 au soir), peuvent occuper l’Hôtel de ville.(ed Albiana)
La revue Etudes Corses et Méditerranéennes parait depuis 1972, ce nouveau numéro est publié par l’association des chercheurs en sciences humaines ACSH, chez Albiana.
Notez aussi les deux documentaires de la réalisatrice Jackie Poggioli « La Corse à l’heure d’Alger », cette période de l’histoire de la Corse mérite que l’on y revienne dans un contexte où la France et l’Algérie débattent autour du rapport Stora.