La Lorraine de Marcel Proust est à Metz, Verdun et Commercy

On peut parler d'un Marcel Proust lorrain. Proust, grande figure au panthéon des grands auteurs, avec Flaubert, Camus, Zola, Hugo, Sartre et quelques autres ; certains disent même que Proust est le plus grand auteur du XXe siècle. La Lorraine de Proust est guerrière, pâtissière et maternelle puisque sa maman, Jeanne Weil-Proust, est issue d'une grande famille lorraine, une famille de la bourgeoise de Metz dont certains ont fait fortune dans la porcelaine. Côté guerrier, c'est la Première Guerre mondiale qui marque Marcel Proust et le rapproche de la Lorraine. Il a 43 ans lorsque la guerre éclate et il est théoriquement mobilisable, sauf qu'il est malade, et ce n'est pas une maladie imaginaire, il souffre d'un asthme grave et il a été rayé des cadres en 1911. Donc, normalement il ne sera pas mobilisé. Mais Marcel est quand même terrorisé à l'idée de devoir aller se battre et il écrit : "Je ne vivrais pas plus de 24 heures si je devais aller au front". Sur le front, précisément à Verdun, son frère Robert Proust y est, et il est même cité comme héros de guerre. D'ailleurs, pendant la guerre, la presse parle davantage de Robert Proust que de Marcel Proust, pourtant déjà très célèbre : l'une de ses œuvres majeures, le premier tome de "A la recherche du temps perdu", titré "Du côté de chez Swann", a été publié avant-guerre en 1913. Marcel est déjà une vraie star littéraire mais son frère Robert, lui, est un héros de guerre, il est médecin chirurgien et il opère sur le front, sous les bombes, dans ce qu'on appelait les "auto-chir", sorte de mini blocs opératoires mobiles. La Lorraine de Proust est aussi bien sûr pâtissière. On utilise aujourd'hui le terme de "Madeleine de Proust" pour évoquer un objet ou un parfum qui vous remet en mémoire un souvenir. Pour Marcel Proust, c'est la madeleine qu'il décrit ainsi dans "A la recherche du temps perdu" : "Ce gâteau court et dodu appelé madeleine et qui semble avoir été moulé dans la valve rainurée d'une coquille de saint Jacques". Cette madeleine le renvoie au souvenir de sa tante. Et comme il écrit ce roman à Cabourg (où il résidait très souvent au Grand hôtel), beaucoup croient que la madeleine est normande. Je rassure les Lorrains, dans les boutiques touristiques de Cabourg, il est souvent indiqué que la madeleine (qui est un produit phare) est d'origine lorraine, précisément de Commercy... il faudra juste souffler à nos amis normands qu'elle est aussi de Liverdun.