Le mot du jour : poisson d'avril

C’est bien sûr le thème que vous avez choisi Jean. 

Oui, et il est d’ailleurs question de faire du 1er avril un jour férié, pour permettre à chacun de mieux préparer son poisson d’avril. Et là franchement, j’espère que cette proposition qui sera faite cette après-midi à l’Assemblée nationale sera votée, j’en attends beaucoup. 

Bon, Jean, votre poisson d’avril n’est pas bon, on n’y croit pas un instant… 

Ah aïe aïe, il faut que je prenne des cours d’art dramatique. Alors pour être plus sérieux, c’est en 1466 que le poisson d’avril semble pour la première fois attesté dans notre langue avec pour sens inattendu : « jeune garçon chargé de porter les lettres d’amour de son maître ». Mais ce sens va évoluer pour aboutir, dès le XVIIe siècle, à l’expression « donner son poisson d’avril à quelqu’un » avec l’idée d’une tromperie avec, lit-on en 1718 dans le Dictionnaire de l’Académie française, la volonté d’obliger « quelqu’un à faire quelque démarche inutile pour avoir lieu de se protéger », d’où peu à peu un lot de plaisanteries propre au 1er avril.

Mais alors, Jean, pourquoi un poisson…

Eh bien en plein Carême, offrir un poisson alors qu’on faisait maigre, ça n’avait pas plus de valeur qu’un poisson de papier, celui qu’on nous accroche alors dans le dos. Et par ailleurs la pêche étant interdite à partir du 1er avril, offrir un hareng à un pêcheur c’était une manière de se moquer de lui. Il y a eu une tradition au tout début du XXe siècle consistant à envoyer à ses amis une carte postale consacrée au 1er avril et représentant un poisson, parfois avec un poème. En voici un : « Avril fit naître au buisson Ce matin les premières roses Dont il façonne ce poisson Porteur de mille aimables choses ». Ah le délicieux poisson de l’amoureux à son amoureuse. Un poisson qui en région parisienne était forcément issu de la Seine, de l’Oise ou de la Marne. Ou même encore de la Bièvre. Bon, eh bien je pars à la pêche...