À Quemper-Guezennec, le maire part sur les traces des Petits Graviers
À Quemper-Guézennec, dans les Côtes-d'Armor, le maire vient de découvrir l'histoire des Petits Graviers. Ces enfants étaient vendus par leur famille pour aller sécher la morue à Saint-Pierre-et-Miquelon. Ils partaient travailler dans des conditions épouvantables. Il souhaite leur rendre hommage.
Quand une petite commune costarmoricaine part à la recherche de son histoire. À Quemper-Guézennec, à 12 km au sud de Paimpol, le maire vient de découvrir la tragédie des Petits Graviers. Les Petits Graviers, ce sont ces enfants qui étaient vendus par leur famille pour aller sécher la morue à Saint-Pierre-et-Miquelon. Ils partaient travailler dans des conditions terribles : sept jours sur sept et à mains nues. Un documentaire est en préparation sur cette histoire méconnue.
Et c'est dans ce cadre-là que le maire de Quemper-Guezennec, Gilbert Le Vaillant, a découvert cette histoire en janvier dernier. En 1847, 17 enfants de la commune sont morts noyés dans le naufrage d'un bateau en route pour Saint-Pierre-et-Miquelon, la Clarisse. Depuis, l'élu se mobilise pour retracer l'histoire de ces enfants, pour leur rendre hommage. Et pour l'instant, les documents récoltés tiennent dans une chemise bleue cartonnée.
Un quotidien épouvantable
Âgés de 11 à 17 ans, tous sont morts avant d'atteindre l'île. "Les enfants, les Petits Graviers, étaient partis des côtes bretonnes deux mois et demi environ avant, raconte Gilbert Le Vaillant. Ils ont été pris dans une tempête alors qu'ils allaient débarquer à Saint-Pierre-et-Miquelon. Sans doute un ouragan les a fait chavirer, et les enfants étaient a priori dans la cale et sont tous morts." Depuis qu'il a découvert cette histoire, le maire cherche des descendants de ces familles.
Il veut aussi rendre hommage à ces enfants au quotidien épouvantable. "Ces petits graviers étaient recrutés pour aller sécher la morue et les autres poissons sur les graves de Saint-Pierre-et-Miquelon. Les graves, ce sont les graviers, d'où le nom des Petits Graviers. Ils travaillaient quasi nuit et jour, mains nues, pieds nus. Ils étaient nourris avec de la soupe de morue", poursuit le maire.
Rabatteuses
Impossible aujourd'hui encore de savoir combien d'enfants sont partis. Alors le maire cherche sur Internet, dans les archives de la commune, dans les bibliothèques, avec l'aide de deux bénévoles. Joële Gervaise participe à ces recherches. Elle raconte que des armateurs "venaient recruter à l'intérieur des terres parce que, au bord de la mer, les gens ne voulaient plus aller à Saint-Pierre-et-Miquelon. Quand il y en a qui revenaient et qui expliquaient comment ça se passait, ça ne donnait pas envie aux autres d'y aller. Donc, ils envoyaient une femme pour recruter, pour mettre en confiance la maman qui donnait son accord plus facilement".
Les deux bénévoles ont identifié certaines familles. "C'étaient des familles très nombreuses, on parle de dix à douze enfants. Donc il fallait arriver à nourrir toute cette famille. Et les garçons, on les envoyait là où il y avait moyen d'avoir un peu d'argent", raconte Joëlle.
Le maire et les bénévoles espèrent que des descendants se manifesteront et quand ils en sauront plus, inscrire leur histoire dans celle de la commune.