"Être un ado comme les autres": quatre jours de surf pour 14 jeunes déficients intellectuels de Concarneau
Un groupe de jeunes de 14 à 18 ans vient de terminer un camp surf à Clohars-Carnoët. 14 adolescents déficients intellectuels, qui sont pris en charge toute l'année par le Dame, le dispositif d'accompagnement médico-éducatif les Primevères, à Concarneau.
Il n'y a pas de soleil ce matin là, pour leur dernier jour de surf à Clohars-Carnoët, dans le Finistère. Mais peu importe, les 14 adolescents déficients intellectuels sont prêts à profiter de leurs derniers instants dans l'eau, protégés par une combinaison, planche à la main, et surtout réchauffés par leurs fous rires. C'est la première fois, pour la plupart d'entre eux, qu'ils quittent leurs familles l'espace de quatre jours. Le projet a été porté par les éducatrices spécialisées du Dame, le dispositif d'accompagnement médico-éducatif les Primevères à Concarneau, où ces jeunes sont accueillis tout au long de l'année en journée.
Quatre jours où ils se sont sentis des jeunes comme les autres, hébergés au camping Paradis du Quinquis. "Il y a de la liberté, davantage d'autonomie, des moments à papoter juste comme ça, souligne Marion Lattusi, éducatrice coordinatrice aux Primevères et référente du projet. C'est chouette et c'était ça aussi, leur proposer d'être un ado comme un autre, quitter le foyer familial et partager un moment avec ses pairs."
"Quand tu es sur la planche, tu ressens que c'est trop bien"
Sur la plage du Kerou, Antoine, l'un des moniteurs de l'école de surf de Bretagne, leur prépare un petit échauffement. "Est-ce-que vous vous souvenez comment vous avez fait le serpent hier?", interroge le jeune professeur. "Je peux montrer?" questionne Manon, 15 ans. Les 14 adolescents s'allongent dans le sable et se mettent à ramper comme des serpents. Puis ils imitent le crabe en agitant leurs poignets comme des pinces.
Une bonne façon d'échauffer tous leurs membres avant de s'immerger dans l'eau encore bien froide ! "Ils sont super attachants, sourit Antoine. Le matin ils arrivent tout sourire, toujours enthousiastes ! Ils sont émerveillés par la moindre vague, pour nous c'est super épanouissant. Et puis il y a une réelle progression : au début ils n'arrivaient pas à se mettre allongé sur la planche, maintenant ils sont allongés dans l'eau, même quand ils se font secouer par les vagues. On est beaucoup dans le jeu, le ludique."
Dans l'eau, aux côtés de Manon, Yann, Néfertiti ou Louna, il y a aussi Marion et Edwige, leurs deux éducatrices spécialisées. Et voir leurs ados hors les murs, c'est du pur bonheur s'exclame Edwige : "C'est vraiment génial parce qu'ils donnent tout ! Et on voit qu'ils ont des capacités parfois insoupçonnées. Pour eux, c'est aussi apprendre la concentration, savoir écouter les consignes. Cela va leur servir pour leur vie future et c'est un plaisir de les voir évoluer, grandir. "
Louna ressort de la mer, sa planche au pied. La jeune fille de 14 ans est trempée mais tout sourire. "J'ai pris deux fois la tasse, s'amuse Louna. Elle est froide mais c'est trop bien. Quand tu es sur la planche, tu ressens que c'est trop bien, avec tes copains et tout, c'est trop bien."
Trop bien, aussi, de dormir trois nuits au camping, dans la même chambre que ses amis. Il y a bien eu quelques coups de mou, des envies de rentrer chez soi. Mais les jeunes sont unanimes : ils veulent tous revenir l'année prochaine faire du surf à Clohars-Carnoët.