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Laissons parler les émotions par Béatrice Mabilon-Bonfils

À retrouver dans l'émission
- Mis à jour le
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Les émotions : des signaux forts qui nous alertent et nous donnent envie de nous engager.

S'engager dans une cause de solidarité en écoutant son coeur
S'engager dans une cause de solidarité en écoutant son coeur © Getty

La cuisine telle que vos invités la partagent avec nous, c’est d’abord vivre des émotions. Votre invité Jeffrey Cagnes montre dans ses propos qu’en pâtisserie, la technique ne suffit pas. L'émotion de l'homme, trop souvent contenue, doit aujourd'hui s’exprimer complètement.

Comprendre notre société par les émotions, tel est l’objet du dernier ouvrage de Pierre Rosanvallon « les épreuves de la vie » : il y montre que ce sont nos expériences subjectives qui donnent sens à notre monde, des expériences traversées par 4 principaux sentiments : sentiments d’injustice, de mépris, de discrimination, et d’incertitude. Non pas que ces émotions n’aient pas une base réelle mais que cette boite noire des attentes des colères, des peurs, des désirs, n’a pas été assez ouverte pour penser notre émancipation collective.

Et pourquoi parler des épreuves dans une rubrique sur le bien-être ?

Parce que ces épreuves sont celles qui constituent le cœur de nos préoccupations collectives et que seul un diagnostic permet de faire bouger le monde. Les épreuves liées à l’intégrité personnelle (harcèlement, violence sexuelles, pédo-criminalité), à la domination sociale (mépris, justice et discrimination) et à l’incertitude radicale (crise climatique, sanitaire, migratoire, risque géopolitique, crise financière). Même la pauvreté renvoie à des formes nouvelles de vulnérabilités, de désaffiliation.

Les mouvements sociaux reposent d’aujourd’hui sur des émotions partagés ?

Oui, des gilets jaunes à meetoo, des manifestations « black lives matter », jusqu’à la mobilisation des jeunes contre le dérèglement climatique et bien d’autres. Ce sont des communautés d’expériences, d’indignation, qui recèlent une force collective. Et le fait de partager une émotion est un moyen de créer du Commun par des modalités positives que la politique n’arrive plus à proposer.

Et donc comprendre pour agir ?

Ne pas ouvrir la question des émotions, ne pas entendre ces affects, c’est laisser la place aux extrémismes d’exclusion de la différence. Ecouter les narrations de soi, entendre la parole est central. On se rappelle le magnifique livre de Florence Aubenas « le quai de Ouistreham » où la journaliste s’inscrit au chômage, s’invente un passé de femme au foyer et nous raconte de l’intérieur les ressentis liée à son immersion dans la précarité notamment la vie des femmes de ménages.

C’est aussi cela le laboratoire du bonheur, entendre les voix des "sans voix" pour penser les voies de l’émancipation collective.

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