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La forteresse médiévale de La Roque-Saint-Christophe vue par Jean-Max Touron

À retrouver dans l'émission
L'un des châteaux du Périgord, celui de Castelnaud-la-Chapelle au bord de la Dordogne
Par

Jean-Max Touron est presque né sur le site ; ses parents en étaient propriétaires

La Roque Saint-Christophe
La Roque Saint-Christophe - Sylvain CROUZILLAT

Longue de 1km et haute de plus de 80 mètres, La Roque Saint-Christophe constitue le plus grand site troglodytique d’Europe. Ses cavités naturelles ont été occupées par l’homme à la Préhistoire puis ensuite modifiées pour devenir un fort et une cité du Moyen âge jusqu’au début de la Renaissance. Jean-Max Touron y est très... très "attaché", et ce depuis l'enfance...

Dans les grottes et abris du site, les recherches archéologiques ont permis de mettre au jour un nombre considérable d’objets. Nul doute qu'un tel site qui superpose sur cinq niveaux tant de refuges naturels et s'offre comme un magnifique observatoire sur la rivière et sa vallée où abondait le gibier, n'ait attiré, dès le Paléolithique Moyen, les peuplades préhistoriques. D'ailleurs, à quelques centaines de mètres de là, se trouve le célèbre gisement du Moustier dont les fouilles ont exhumé les restes d'un homme de Néandertal. Silex taillés, os gravés, instruments de musique, armes et outils préhistoriques ainsi que des sépultures de nos lointains ancêtres. Ces collections témoignent de la présence humaine à la Roque Saint-Christophe depuis au moins 55 000 ans jusqu’à l’aube des temps modernes.

Au Moyen-Âge, les populations vont s’accroître de façon considérable et se lancer dans de grands travaux d’aménagement afin de transformer la falaise en fort et cité. De cet extraordinaire labeur restera aujourd’hui un site de référence mondiale en matière d’architecture troglodytique tant par ses dimensions que par son nombre d’habitats et la qualité́ des aménagements laissés sur les parois. Il est vraisemblable que dès l'époque gauloise, on ait commencé à modifier et agrandir les cavités naturelles de la falaise ; mais c'est au Xème siècle de notre ère qu'elle va se transformer en une véritable forteresse troglodytique. Nous sommes alors à la fin des incursions normandes et celles-ci ont laissé suffisamment de mauvais souvenirs pour que l'évêque de Périgueux, Frotaire, représentant le seul véritable pouvoir en place dans cette époque troublée, pour prévenir de nouveaux raids, décide la construction d'un réseau de forts surveillant les traditionnelles voies d'accès des pillards. La Roque Saint-Christophe, de par son excellente position stratégique, est l'un de ces verrous. Sa garnison pouvant contrôler la vallée et interdire, à l'aide de projectiles, le trafic sur la rivière qui coule directement au pied du rocher, véritable fossé naturel. Dès lors, abri et terrasses se ferment de palissades de bois et de murs de pierre, sont reliés entre eux par des escaliers et des trappes creusés dans le roc ou par des passerelles et des échelles dont on voit encore les appuis. Pour se préserver des attaques, on aménage soigneusement les entrées en les réduisant à de simples étroitures ouvertes sur le vide, surveillées par des loges et casemates de défense. On creuse niches, bat-flancs, cheminées, rigoles et canalisations drainant les eaux de sources et de ruissellement vers des réservoirs.

Les énormes rochers que surplombe la falaise et qu'entoure la rivière sont eux aussi fortifiés et transformés en un véritable port alors qu'une petite cité vient se greffer à la forteresse. Ainsi favorisée par sa position naturelle et par ses confortables aménagements, la Roque Saint-Christophe va prospérer pendant quelques siècles et attirer, lors de la Guerre de Cent Ans, la convoitise des Anglais. Ils l'assiégèrent en 1401 et s'en emparèrent par la famine avant d'être eux-mêmes chassés 5 ans plus tard. Enfin, pendant les guerres de religion, la forteresse étant sporadiquement occupée par les protestants, le sénéchal du Périgord décide de leur ôter définitivement ce point d'appui et ordonne sa destruction en 1588. Tous les habitants de la région, avec leurs outils et chariots, seront réquisitionnés pour la démolition, ce qui prouve indirectement la solidité et l'importance des constructions qui s'élevaient là et leur intérêt militaire. Peut-être, est-ce curieusement depuis cette époque et jusqu'à sa récente mise en valeur, que l'endroit a connu sa plus longue période d'abandon (300 ans).

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