Paris Collector : "Ma môme” de Jean Ferrat
Une chanson totalement à contre-courant des artistes à la mode et des succès rock à la radio.
Prouesse de Jean Ferrat : concurrencer Elvis Presley et Johnny Hallyday. Comme quoi, on peut faire rêver en vivant un amour simple dans un HLM en banlieue parisienne.
Pourtant, la chanson “Ma môme” est écrite loin de la grisaille de la banlieue parisienne. Jean Ferrat est en vacances sur la côte d’Azur entourée de sa femme Christine Sèvres, de son ami auteur Pierre Frachet et de sa fiancée. Le petit groupe bronze sur la plage, quand Jean Ferrat propose à la jeune femme des lunettes de soleil. Réponse lapidaire, “je ne suis pas une starlette, je ne mets pas de lunettes de soleil”. Pierre Frachet écrit la suite, et histoire de faire populaire qu’elle “ne pose pas pour les magazines et qu’elle travaille en usine à Créteil”.
Dès les premiers passages à la radio, “Ma môme” est reprise par la France entière. Et pour ceux qui n’ont pas les moyens de se dorer la pilule sur les plages du sud, Ferrat et Frachet en remettent une couche, “nous les gens de la banlieue, on ne va pas à Saint-Paul-de Vence, on passe toute nos vacances à Saint Ouen”.
Banlieue sud, Villeneuve-le-Roi, Choisy, Ivry et Créteil... Tout à changer en 60 ans, l’esprit de classe et usinier a disparu. Reste “cette môme de 25 berges” qui se fout de l’air et du temps, si bien que chaque génération de chanteurs redécouvre la chanson comme l’artiste ragga hip-hop Mao Sidibé.