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Le cancer de la prostate reconnu comme maladie professionnelle, "une marche vers plus de santé au travail"

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L'Assurance maladie vient de reconnaitre le cancer de la prostate d'un agriculteur mosellan comme maladie professionnelle, après une première vie dans les mines. La CFDT mineurs, qui porte ces dossiers, déplore le "décalage" entre les avancées scientifiques et leur traduction dans la loi.

François Dosso, membre de la CFDT mineurs et spécialiste de la santé au travail, était l'invité de France Bleu Lorraine ce mardi.
François Dosso, membre de la CFDT mineurs et spécialiste de la santé au travail, était l'invité de France Bleu Lorraine ce mardi. © Maxppp - Alexandre MARCHI

"C'est à chaque fois une marche vers un peu plus de santé au travail", témoigne François Dosso, membre de la CFDT mineurs et spécialiste de la santé au travail, invité de France Bleu Lorraine mardi 28 novembre. Le syndicat basé à Freyming-Merlebach vient de faire reconnaitre le cancer de la prostate d'un agriculteur mosellan, ancien mineur, comme maladie professionnelle. Pendant dix ans, cet homme a été exposé à des pesticides dans les mines et à des produits phytosanitaires dans les champs. "Le travail ne doit plus tuer", dit François Dosso.

La CFDT mineurs est habituée à porter ce type de dossiers, qui nécessitent souvent des années de procédures. "Il y a un décalage entre les avancées scientifiques, ce qui est publié par le Centre international de recherche sur le cancer, et leur traduction dans la législation française", assure le spécialiste de la santé au travail. "On voit souvent quinze ans d'écart ! Beaucoup de gens veulent bloquer ce processus, à commencer par les employeurs. Et le plus réticent de tous, c'est probablement l'Etat."

Transmettre l'expérience

Au mois de mars, le syndicat avait aussi accompagné une infirmière de Sarreguemines pour faire reconnaitre son cancer du sein comme maladie professionnelle. "Nous n'avons jamais centré notre action que sur les mineurs", justifie François Dosso. "Pour faire avancer le droit des mineurs, nous sommes obligés de faire avancer le droit général. Aujourd'hui, les mineurs n'ont plus les moyens de dire qu'il faut des droits spécifiques pour les mineurs. Les droits aux maladies professionnelles sont les mêmes pour tous les salariés."

Et le syndicaliste espère pouvoir transmettre cette "expérience acquise depuis cinquante ans" à des salariés plus jeunes. "Nous savons que nous sommes les derniers", regrette-t-il. "Les plus jeunes à la CFDT mineurs ont soixante ans. Il faut que cette expérience de santé au travail se prolonge, et que quelqu'un s'occupe de nos veuves quand on ne sera plus là. On doit être la section syndicale avec le plus de veuves en France !"

Des dossiers parfois bouclés après la mort du salarié

D'ailleurs, le système de reconnaissance de maladie professionnelle permet aussi de mener des démarches même quand le salarié est déjà décédé. "Le système français permet de revenir jusqu'en 1948 pour reprendre tous les dossiers", explique François Dosso. "Mais ça suppose que les familles ont conservé un certain nombre de documents ou qu'ils peuvent avoir accès aux documents médicaux. On a déjà fait reconnaitre des maladies professionnelles presque trente ans après le décès. Bien sûr c'est plus compliqué, mais c'est possible."

"On met en place des processus et des aides pour que tout le monde puisse y arriver, avec ou sans nous", affirme le spécialiste de la santé au travail. "Après, si les gens viennent nous voir on les aidera. Mais le premier point c'est de les informer. Par exemple, on leur donne le nom commercial du formol à l'époque, pour qu'ils sachent s'ils y ont été exposés. Et je les appelle à nous contacter s'ils ont une leucémie ou un cancer du nez, pour pouvoir faire ces démarches avec eux."

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