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Allergie aux pollens : "Arrêtons de planter n'importe comment !", le coup de gueule d'un allergologue mosellan

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La Moselle est en alerte rouge sur la carte des allergies au pollen en ce moment. Une période qui commence de plus en plus tôt chaque année, à cause de la pollution et du dérèglement climatique.

Sébastien Lefèvre, chef du service allergologie du CHR Metz-Thionville, était l'invité de France Bleu Lorraine ce vendredi.
Sébastien Lefèvre, chef du service allergologie du CHR Metz-Thionville, était l'invité de France Bleu Lorraine ce vendredi. © Radio France - Bastien Munch

"C'est quelque chose qu'on répète chaque année : c'est de plus en plus tôt, de plus en plus fort et de plus en plus long", reconnait Sébastien Lefèvre, chef du service allergologie du CHR Metz-Thionville, invité de France Bleu Lorraine, vendredi 23 février. Comme 70 départements français, la Moselle est déjà en alerte rouge aux pollens, notamment pour les noisetiers et les aulnes, selon la carte du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). "Par rapport à l'an dernier, ça intervient quinze jours en avance. C'est énorme !"

Premier fautif : le dérèglement climatique. "Il y a de moins en moins d'hivers froids, or les arbres ont besoin de se reposer", explique-t-il. "Là, ils se sentent menacés par le dérèglement climatique et la pollution donc ils pollinisent, c'est-à-dire qu'ils relâchent les protéines allergisantes, de plus en plus tôt et de plus en plus fort pour sauver leur espèce. C'est un stress environnemental."

"Je déteste l'appellation de rhume des foins"

La pollution joue aussi son rôle. D'abord parce que les particules fines "ont un effet délétère sur le corps, ils entrainent une inflammation de nos muqueuses nasales et respiratoires", détaille celui qui est aussi président du conseil national professionnel d'allergologie. "Mais en plus de ça, ces particules fines vont entrer en collision avec les pollens qui volent dans l'atmosphère. Quand elles rentrent dans ces petits sacs de protéines, ça les explose et ça libère plus de protéines allergisantes dans l'environnement."

Ces deux facteurs contribuent donc à aggraver les symptômes liés à ces allergies aux pollens au fil des années. "Je déteste l'appellation de rhume des foins, parce que ça banalise les choses", déplore Sébastien Lefèvre. "On a l'impression que ce n'est pas grave d'avoir un rhume des foins parce que ça fait rhume. Mais il faut bien comprendre que les gens qui ont une rhinite allergique peuvent être embêtés pendant six mois de l'année, avec un nez bouché et des maux de crâne", Dans les cas les plus graves, ces allergies peuvent aussi provoquer des crises d'asthme.

Planter des tilleuls plutôt que des bouleaux

Pour ne rien arranger, le nombre de personnes allergiques aux pollens ne cesse d'augmenter. "En 1960, il y avait 3% de personnes allergiques, et 60 ans plus tard on est à 25%", indique le spécialiste. "La génétique ne peut pas expliquer cela. Ce n'est pas possible, ça va trop vite. Donc c'est vraiment à cause de notre environnement qui devient hostile avec la pollution que ces allergies explosent." Il cite notamment des espèces de plantes, comme l'ambroisie, qui remontent des régions du Sud vers le Nord à cause du réchauffement.

Le chef du service allergologie du CHR Metz-Thionville veut donc faire passer un message : la lutte contre les allergies est l'affaire de tous, notamment des communes ! "Il faut absolument que les maires prennent en compte le potentiel risque allergisant des arbres", affirme-t-il. "Par exemple, c'est plus intéressant d'aller planter des tilleuls parce que le pollen retombe juste au pied du tilleul. Il ne va pas voler comme un pollen de bouleau, qui peut faire 15-20 kilomètres. Quand on revégétalise nos villes, il faut le prendre en compte. Arrêtons de planter n'importe comment !"

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