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60 ans après la grève dans la mine de Trieux : "Ça a été le début du démantèlement de la sidérurgie"

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Il y a soixante ans, les mineurs de Trieux, dans le Pays-Haut, passaient 79 jours sous terre pour protester contre la suppression de 258 postes. L'association Trieux63 tente de faire vivre leur mémoire dans la région.

À 250 mètres de profondeur, la vie a continué pour les mineurs de Trieux.
À 250 mètres de profondeur, la vie a continué pour les mineurs de Trieux. - Association Trieux63

"Le souvenir de cette grève ne s'estompe pas du tout", assure Jean-Claude Kociak, maire de Trieux et président de l'association Trieux63, invité de France Bleu Lorraine lundi 4 décembre. Entre octobre et décembre 1963, les mineurs de cette commune du Pays-Haut ont fait grève pendant 79 jours au fond de la mine, pour demander la fin d'un plan de suppression de 258 postes. "Personne ne savait vraiment qu'ils allaient occuper le fond", se souvient celui qui est aussi fils de mineur. "S'ils l'avaient dit, les patrons les auraient empêchés de descendre."

Jean-Claude Kociak se remémore le "roulement" de ces mineurs pour que la grève ne s'arrête pas. "Les 600 mineurs occupaient le fond à tour de rôle. Ils y passaient peut-être une semaine et après ils remontaient pour voir les familles. Mais c'est vrai que quand mon père restait au fond, ce n'était pas facile."

A l'air libre, la solidarité des habitants s'est vite organisée. "Les femmes avaient un rôle très important", explique le maire de Trieux. "Elles s'occupaient en faisant la cuisine, et après tout était descendu au fond. C'était normal pour elles d'appuyer leurs maris, surtout que la plupart ne travaillaient pas. Une autre équipe s'occupait de tous les colis distribués par les communes avoisinantes. On a même eu des courriers venus de Pologne, de Russie, d'Allemagne, du monde entier !"

Un exemple pour les autres mineurs

Au terme de ces 79 jours de grève, et face à l'intransigeance des patrons, les mineurs décident de remonter à la surface, le 29 décembre 1963. Finalement, la mine de Trieux fermera définitivement quelques mois plus tard. "Mais ça n'a pas été un échec parce que s'ils n'avaient pas fait tout ça, ils seraient repartis sans rien", indique Jean-Claude Kociak. "Là ils ont quand même eu une prime de licenciement, des reclassements, ainsi que l'installation d'un centre d'apprentissage à Langres, qui malheureusement va fermer d'ici peu."

"Cet épisode, ça a été le début du démantèlement de la sidérurgie", reconnait le président de l'association Trieux63. "Trieux a été le premier touché mais ensuite, ça a concerné toutes les autres mines, même celles de charbon. Et puis les usines ont été visées et ainsi de suite... Mais à chaque fois qu'il y avait une grève dans une mine, les mineurs s'appuyaient sur les acquis obtenus par les grévistes de Trieux."

Avec son association, Jean-Claude Kociak dit se battre pour "parler un peu plus des gueules jaunes". "On parle souvent des mines de charbon, mais pas assez des mines de fer", regrette-t-il.

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