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"C'est à devenir fou" : la proche d'un patient hospitalisé en psychiatrie à Reims témoigne

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Alors que plusieurs patients de la clinique Henri-Ey de Reims ont parlé de "dysfonctionnements" dans leur prise en charge au micro de France Bleu Champagne-Ardenne, une proche de l'un d'eux a également accepté de témoigner anonymement ce lundi.

Hospitalisation en psychiatrie (illustration)
Hospitalisation en psychiatrie (illustration) © Maxppp - FRANCOIS DESTOC

"Je me suis dit, comment il fait pour rester ici ?". Invitée de France Bleu Champagne-Ardenne ce 22 avril, une proche de patient de la clinique médico-psychologique Henri-Ey de Reims, qui a accepté de témoigner anonymement, raconte ce qu'elle a ressenti lorsqu'elle a rendu visite à un ami hospitalisé.

Pris en charge "sous contrainte après avoir fait un saut aux urgences psychiatriques", elle est allée voir son ami "deux fois lorsqu'il était à l'hôpital", explique-t-elle. "Ce qu'il m'a fait comprendre" et ce qu'elle a aussi pu voir, "c'est qu'il était seul dans sa chambre" et "qu'il n'y avait pas vraiment d'activités mises en place" dans l'établissement, qui dépend de l'Établissement public de santé mentale (EPSM) de la Marne.

Lorsque cette proche de patient est entrée dans la clinique Henri-Ey, elle a été surprise par le fait "qu'on voit des gens dans des états divers et variés dans les couloirs". "J'ai trouvé qu'il y avait un peu un décalage entre" la raison de l'hospitalisation de son ami "et d'autres personnes. Je me disais 'mais il n'a rien à faire avec des gens qui ont potentiellement un problème beaucoup plus profond et beaucoup plus grave'."

"Un lit, une table, une chaise"

Concernant l'infrastructure, où 700 à 800 patients sont hospitalisés chaque année pour une durée moyenne de 30 jours, "il n'y a pas grand chose dedans. Dans l'entrée, il y avait une table, des chaises, rien de plus. Dans la chambre de mon ami, par exemple, les fenêtres ne fermaient pas, donc il nous a expliqué qu'il devait dormir en doudoune", poursuit l'invitée de France Bleu Champagne-Ardenne. "Il n'y avait vraiment rien dans sa chambre : un lit, une table, une chaise... ça fait vraiment un peu prison." D'autant que son ami faisait partie des patients auxquels le personnel retire le téléphone portable, et "du coup pendant une semaine, il n'avait vraiment rien d'autre à faire que d'essayer de tuer son temps libre."

"Ce qu'il m'avait dit" aussi, c'est qu'il devenait "tellement fou" qu'il est allé "demander des produits ménagers et des balais" pour "astiquer" le patio "qui était dégueulasse, parce qu'il devait s'occuper", poursuit-elle.

"Il était en hôpital psychiatrique, mais c'est un truc à devenir fou", ajoute la jeune femme, "parce que les journées, elles ne passent pas. Non seulement il n'y avait pas d'activités prévues" et "en plus, il ne voyait pas de médecin, ni d'infirmière, ni de psychologue. Il voyait un docteur, je crois, une à deux fois dans la semaine pendant 10 à 15 minutes, ensuite des infirmières passaient. Mais si j'ai bien compris, la cadence était assez limitée, et le suivi pas non plus dingue. Donc en fait, il ne faisait rien de ses journées."

La visite d'un médecin "une à deux fois dans la semaine"

Après ses visites à la clinique médico-psychologique Henri-Ey de Reims, l'invitée de France Bleu Champagne-Ardenne se dit "très tiraillé entre 'je sais qu'il a besoin d'un suivi', donc sur le papier il a toutes les raisons d'être là-bas, et en même temps, je ne vois pas comment il va s'en sortir là-bas s'il n'y a pas de suivi psy. C'est un peu le serpent qui se mord la queue", regrette-t-elle, ajoutant s'être sentie "vidée" en sortant de l'établissement. "On ne se rend pas compte de la charge que c'est de voir quelqu'un dans un tel contexte, qui en plus passe 40 minutes à nous raconter que ce n'est pas une partie de plaisir, et qu'en plus les conditions dans lesquelles il est ne sont pas bien du tout."

Aujourd'hui, "notre idée à nous, ses amis, c'est de le pousser à aller consulter à l'extérieur", conclut l'invitée de France Bleu Champagne-Ardenne. "Et du coup je trouve ça un peu dommage qu'il ne ressorte pas grand chose du temps qu'il aura passé à l'hôpital", hormis le fait qu'il se soit "rendu compte de pourquoi il en est arrivé là".

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