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Gaz à effet de serre : "la moitié de la baisse des émissions" est "entre les mains des entreprises"

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L’Ademe, l’agence de la transition écologique, organise le "grand défi écologique" : des rencontres, des animations, autour de l’écologie, jusqu'à samedi au Carré des Docks du Havre.

Antoine Pellion, Secrétaire général à la planification écologique.
Antoine Pellion, Secrétaire général à la planification écologique. © Maxppp - Thomas Padilla

L’écologie au menu au carré des Docks au Havre à partir de ce mercredi et jusqu'à samedi. L’Ademe, l’agence de la transition écologique, organise le “grand défi” : des rencontres, des animations, autour de l’écologie. On y trouvera par exemple des coachs sobriété, des associations locales, etc. Et pour ouvrir ce rendez-vous ce mercredi le Secrétaire général à la planification écologique, Antoine Pélion vient au Havre. Il est l'invité de France Bleu Normandie.

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Antoine Pellion, vous êtes secrétaire général à la planification écologique depuis quasiment deux ans. Quel est votre rôle exactement ?

Alors, le Secrétariat général est placé auprès du Premier ministre. Vous savez, il y a deux ans, Emmanuel Macron a confié la mission de la planification écologique à la Première ministre, à l'époque, Elisabeth Borne, et puis maintenant au Premier ministre Gabriel Attal. Parce que c'est une politique qui est prioritaire, et parce qu'elle concerne absolument toutes les politiques publiques, elle traverse les politiques publiques. C'est l'enjeu aujourd'hui au Havre d'arriver à faire cette mobilisation générale pour gagner la bataille, à la fois pour le climat, la biodiversité et puis la protection de nos écosystèmes.

Pour gagner cette bataille, vous avez publié en septembre dernier un plan, le premier pour la planification écologique. Que contient-il ce plan ?

Alors ce plan, il contient à la fois les actions très concrètes qui vont nous permettre de baisser nos émissions pour atteindre notre objectif. L'objectif, vous savez, celui de la France qui est celui de l'Europe aussi, c'est de baisser de 55 % les émissions en 2030, de réduire notre consommation des matières premières naturelles et donc d'avoir une gestion durable de nos ressources. Et puis c'est aussi un objectif d'adaptation au changement climatique, de façon à pouvoir se préparer à une température qui continue d'augmenter, avec des conséquences que l'on voit sur le territoire, comme les inondations par exemple, ou les sécheresses.

Vous vous appuyez notamment sur les entreprises pour lutter contre le réchauffement climatique. Nous avons en Seine-Maritime des entreprises polluantes, Yara notamment près du Havre Nord qui produit des engrais. Le groupe s'engage à réduire son empreinte carbone. Est-ce que les entreprises, comme Yara, jouent vraiment le jeu ?

Dans notre plan, on a fait en sorte qu'à peu près la moitié de la baisse des émissions de gaz à effet de serre, elle soit entre les mains des entreprises. Donc, que ce soit la conséquence des actions concrètes des entreprises pour baisser leurs émissions. Et sur l'autre moitié restante, il y en a à peu près un quart qui est entre les mains des pouvoirs publics, l'État, mais aussi les collectivités locales. Et le dernier quart de baisse des émissions, c'est les citoyens, vous et moi, avec notamment les sujets de rénovation de la maison, de changement des mobilités. Et j'insiste sur le fait que la moitié des baisses sont vraiment entre les mains des entreprises. Et ça commence par les entreprises comme Yara que vous citez, qui font partie des 50 entreprises qui émettent le plus de gaz à effet de serre aujourd'hui en France et qui sont engagées dans un plan très concret de baisse de leurs émissions quasiment de moitié à l'horizon 2030, en contrepartie d'investissements importants qui sont accompagnés par l'Etat. Il faut avoir en tête que quand on parle de baisse des émissions, on pense souvent à l'industrie. Mais ce n'est pas que les industries qui sont concernées. Tout le système de la logistique, mais aussi les bâtiments tertiaires comme les locaux commerciaux doivent contribuer à cette baisse des émissions de gaz à effet de serre. Et c'est tous ensemble qu'ils doivent faire vraiment cet effort.

L'Etat va t il, doit t il donner plus de moyens aux collectivités locales pour agir localement contre le réchauffement climatique ? Elles dénoncent souvent le fait que l'Etat donne beaucoup de responsabilités aux collectivités locales, mais pas les moyens pour assumer ses responsabilités ?

Alors là, c'est l'occasion de vous redire que les moyens financiers pour la planification écologique, pour réussir à atteindre cet objectif, ils ont été considérablement augmenté en 2024. Dans la loi de finances, il y a une augmentation de 8 milliards d'euros des crédits de la planification écologique, dont une partie importante va aux territoires, aux collectivités notamment, mais aussi sur les projets de transports en commun, sur le ferroviaire par exemple, la rénovation des bâtiments publics, etc. Et donc, de ce fait, l'Etat a mis des moyens importants et attend des collectivités aussi qu'elles cofinancent l'ensemble de ces actions là. L'Etat met sur la table 38 milliards d'euros pour la transition, c'est 8 milliards de plus que l'année 2023. Donc c'est considérable. Et ça, ça intègre ce qu'ont été les mesures de réduction budgétaire annoncées par Bruno Le Maire en début d'année. Donc, malgré ces réductions, on garde une augmentation considérable et elle bénéficie beaucoup, même majoritairement à l'ensemble des territoires, que ce soit des subventions directes aux collectivités. Je pense par exemple au Fonds vert de 2 milliards d'euros, ou alors des projets de financements très concrets sur les territoires. Je pense par exemple aux transports en commun avec le ferroviaire qui est financé, je pense à la rénovation des bâtiments publics. Je pense aussi à tous ces accompagnements très concrets sur les territoires. Donc, encore une fois, beaucoup d'argent a été mis sur la table, ce qui va nous permettre de progresser sur les émissions. Résultat d'ailleurs des émissions qui sont excellents puisque l'année dernière, en 2023, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 4,8 %. C'est un record historique du coût de baisse des émissions et qui montre qu'on est maintenant sur le bon rythme pour atteindre la baisse de 55 % en 2030.

L'Etat fait des efforts, mais l'Etat a tout de même été condamné pour inaction climatique par le tribunal administratif de Paris en 2021. L'Etat lui même en fait il assez contre le réchauffement climatique ?

Alors je vais répondre très précisément à votre question est ce qu'elle est importante. L'Etat a été condamné en 2021 pour un dépassement des émissions sur la période 2015-2018. Et donc là, quand on regarde les chiffres, c'est vrai. Après par contre, ce qu'il faut regarder, c'est aussi quelle a été l'ampleur de la baisse entre 2019 et 2023. Et là, on s'aperçoit que l'intégralité du retard qui avait été pris a été rattrapé. Et c'est pour ça d'ailleurs que ce même tribunal vient de rendre une nouvelle décision en décembre 2023, en reconnaissant que finalement, le retard avait été rattrapé. Et en mettant fin à ce contentieux qui s'appelle "l'Affaire du siècle" sur les émissions de gaz à effet de serre. Donc, il y a eu effectivement une condamnation en 2021. Mais cette condamnation, du coup, a été a été suspendue dans la mesure où les efforts complémentaires et l'accélération des efforts a été suffisante pour rattraper l'intégralité du retard.

Est ce que ça passe par la sensibilisation, par de la prévention pour que le grand public aussi tente, à son échelle, de lutter contre le réchauffement climatique ?

Oui, complètement. C'est très important. Après, je pense que c'est important aussi de garder en tête que ce n'est pas uniquement par le grand public et les gens qu'on va atteindre nos objectifs. Il y a une forme de répartition juste de l'effort. Encore une fois, 75 % des baisses, ça va être les gros. Je simplifie, je caricature un peu, mais les entreprises et les pouvoirs publics, et un quart des baisses à l'horizon 2030, c'est le grand public, c'est vous et moi, les citoyennes et citoyens. Et donc c'est important de sensibiliser, de mobiliser parce qu'il y a des gestes du quotidien qui sont efficaces pour protéger la planète, pour baisser les émissions de gaz à effet de serre. Par contre, en ayant conscience que dans le même temps, on demande beaucoup aussi aux plus gros, ceux qui émettent le plus et c'est bien normal. C'est ça aussi une transition juste. C'est une transition qui répartit l'effort entre tous.

  • Le Grand Défi Écologique, organisé par l'Ademe, l’agence de la transition écologique, c'est au Carré des Docks du Havre jusqu'à samedi.
  • Entrée gratuite pour le grand public, vendredi et samedi.

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