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"L'aide sociale à l'enfance au bord de l'effondrement", selon Alma Dufour, députée LFI de la Seine-Maritime

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Alma Dufour dévoile les résultats d'une enquête menée auprès de 130 travailleurs de la protection de l'enfance dans le département. La députée La France Insoumise de la Seine-Maritime est l'invitée de France Bleu Normandie ce jeudi.

Alma Dufour, députée de la France Insoumise de la 4e circonscription de la Seine-Maritime, dans les locaux de France Bleu Normandie.
Alma Dufour, députée de la France Insoumise de la 4e circonscription de la Seine-Maritime, dans les locaux de France Bleu Normandie. © Radio France - Marianne Naquet

Elle a présenté ce mercredi avec son homologue communiste seinomarin, Edouard Bénard, les résultats d'une enquête réalisée auprès de 130 travailleurs de la protection de l'enfance. La députée La France Insoumise de la quatrième circonscription de la Seine-Maritime, Alma Dufour, dénonce ce jeudi sur France Bleu Normandie "une situation de la protection de l'enfance en Seine-Maritime et en réalité, au niveau national, qui est très inquiétante. On est un peu au bord de l'effondrement de ce secteur majeur qu'est la protection de l'enfance dans notre pays".

Alma Dufour évoque des "situations de maltraitance à la fois évidemment envers les enfants en premier lieu. La Défenseure des droits évoque des violations graves des droits fondamentaux des enfants placés à la protection de l'enfance en France, mais aussi envers les éducateurs qui peuvent être aussi l'objet de violences. C'est ce qu'on découvre aussi dans ce questionnaire. Les violations sont dans tous les sens. Il y a plus de la moitié des répondants qui disent avoir vu des situations de violations graves ou très graves des règles qui sont censées encadrer la protection de l'enfance."

Un jeune torturé à Aumale en 2022

L'élue rappelle "ce jeune torturé à Aumale en 2022. Ça avait défrayé la chronique, il s'agit de quatre jeunes qui ont fugué d'un foyer : trois des quatre enfants ont torturé le quatrième pendant toute une nuit. Il faut comprendre que si ce genre de situation arrive, c'est qu'on a une situation d'effectif à flux tendu dans les foyers. Il peut y avoir des éducateurs qui se mettent en arrêt maladie parce que leur charge de travail est beaucoup trop lourde. 87 % des répondants disent que leurs horaires ne sont pas respectés et 79 % des répondants disent qu'ils se sentent dépassés par la charge de travail. Ça, plus des rémunérations très faibles qui n'augmentent pas, ça fait une situation où on a de moins en moins de présence."

Selon Alma Dufour, "il n'y a pas assez d'encadrement et donc il y a des fugues, voire aussi des jeunes qui se pendent, comme cette jeune fille qui a mis fin à ses jours dans un foyer parce qu'on était en sous-effectif d'encadrement." Des cas de prostitution existent également, "c'est un phénomène endémique et très inquiétant, avec des filières de prostitution qui concernent des jeunes filles. On parle d'enfants de 12 ans, 14 ans. C'est pour cela qu'on doit tirer la sonnette d'alarme. On demande au président du département, Bertrand Bellanger, qui a déjà rallongé le budget du département l'année dernière, d'augmenter le budget 2024. On nous a laissé entendre qu'il y aurait cinq millions de plus sur la table."

Le budget alloué à l'ASE par le département en jeu

Alma Dufour et différents parlementaires jugent que ce n'est pas assez. "Il y a vraiment des besoins pour arrêter l'hémorragie. On a autour de 300 mesures non exécutées, dans le département. Par exemple, lorsqu’un placement est décidé par un juge, il faut savoir qu'on peut attendre un à deux ans pour qu'une mesure décidée par la justice soit réellement exécutée. Ça veut dire des enfants qui peuvent rester dans des familles et qui sont l'objet de violences. Il faut aussi revaloriser ces métiers qui sont sous-payés depuis des années déjà, la titularisation des agents contractuels qui sont précarisés, l'extension du SEGUR aux agents techniques. Ce qui revient quand même à une enveloppe entre 40 et 50 millions d'euros, donc on est très loin du compte avec ces cinq millions proposés."

Les députés socialistes lancent également une commission d'enquête, en utilisant leur droit de tirage annuel, à l'Assemblée nationale, pour comprendre les dysfonctionnements du système et pointer les failles institutionnelles.

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