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Cargos à voile : l'avenir d'un fret maritime décarboné ?

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Comment décarboner le fret maritime ? Responsable de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le transport par cargo se réinvente, dans la perspective d'une réduction des émissions carbone à horizon 2050. Parmi les solutions : le voilier cargo.

L'Anemos en construction dans le port de Concarneau. La livraison est prévue à la fin du mois de juin
L'Anemos en construction dans le port de Concarneau. La livraison est prévue à la fin du mois de juin © Radio France - Mathilde Cariou

Dans le port de Concarneau, un bateau attire l'attention : l'Anemos. 81 mètres de long, une coque glaze flambante neuve, deux mâts de la taille d'une cathédrale. C'est le nouveau voilier-cargo de l'armateur normand Towt, construit dans le Finistère sur les chantiers Piriou. Le premier exemplaire doit être livré en juin, mais celui qui ambitionne de devenir leader mondial du fret à la voile en a déjà commandé sept autres.

Avec ses 3 000 m2 de voile, l'Anemos navigue à 95% grâce aux vents : "Cela me semble être une évidence qu'à partir du moment où on arrive à faire des voiliers efficaces, il faut le faire" soutient Vincent Faugeour, le président des chantiers Piriou. "Ce bateau peut traverser l'Atlantique en une dizaine de jours, ça n'est pas beaucoup plus qu'un cargo classique. Et en termes d'émission de gaz à effet de serre, c'est dix, voire quinze fois moins". Les 5% d'énergie restant viennent tout de même des machines : "C'est un organe de sécurité" explique Clément Santoro, le chargé d'affaire du constructeur. "Les chenalages, on n'a pas le droit de les faire à la voile, les dispositifs de séparation de trafic non plus". Le moteur, même utilisé au minimum est donc obligatoire, et celui-ci fonctionne avec deux hélices "qui servent à faire de l'hydro-génération", c'est-à-dire "produire de l'électricité pour alimenter la centrale".

"La voile sera une solution, mais pas la seule ! "

Clément Santoro, chargé d'affaire, et Vincent Faugeour, président des chantiers Piriou
Clément Santoro, chargé d'affaire, et Vincent Faugeour, président des chantiers Piriou © Radio France - Mathilde Cariou

L'Anemos, comme ses copies à venir, a une capacité de cargaison d'environ mille tonnes, répartie dans six cales. "On peut effectivement mettre des voiles sur des cargos de 150 mètres, avec des tonnages relatifs" souligne Paul Touret, directeur de l'Institut Supérieur d'Economie Maritime (ISEMAR), "mais il faut bien se rendre compte qu'un cargo classique c'est plutôt autour de 300 000 tonnes, ça ne peut être propulsé uniquement par un système vélique". Les alternatives sont nombreuses : hydrogène vert, nucléaire, solaire... Pour Jean Vareille, maître de conférence en mécanique et développement durable à l'Université de Brest, la solution est mixte : le panachage. "Il faut avoir plusieurs sources d'énergie sur un même bateau : on peut imaginer un cargo qui fonctionnerait avec du solaire, de la voile, et un moteur thermique classique".

Autant de solutions adaptables à la flotte d'environ 60 000 cargos qui circulent actuellement sur les mers. Et qui permettrait par ailleurs de conserver les routes maritimes telles qu'elles sont : car ne compter que sur la voile, c'est naviguer au gré des vents : "On ne peut pas demande aux cargos de longer les côtes comme les font les régates !" illustre Jean Vareille. "Pour la transatlantique ça va dans un sens... Beaucoup moins dans l'autre". Et le chercheur de comparer, en guise de conclusion, le fret maritime à notre modèle agricole : "Comme on ne pourrait pas revenir à une agriculture uniquement basée sur la force animale, on ne peut pas revenir aux goélettes de la fin du XIXe siècle. Et pourtant... Il faut changer, et maintenant !"

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