Quand St Symphorien et Ste Radegonde étaient deux communes indépendantes !

Tout commence avec une commune qui se trouve à l’étroit

Au début des années 60, la ville de Tours est à l’étroit et tire rudement sur les coutures de ses frontières. La commune, forte de plus de 90 000 habitants, n’a plus de place pour s’agrandir. Des grands ensembles sont certes en cours de construction du côté du Sanitas, mais cela ne suffit pas à répondre à l’impérieuse et urgente demande de logements neufs. Jean Royer, le maire de la ville, est donc à la recherche de nouveaux terrains.

Des terrains disponibles, il y en a au nord de la Loire

Absolument Alain, et sur le territoire de deux communes plus particulièrement : Sainte-Radegonde-en-Touraine (2 700 habitants) et Saint-Symphorien (11 000 habitants). Ces deux petites villes, qui s’étendent depuis la Loire jusqu’au haut du coteau, disposent alors de vastes espaces fonciers non aménagés.

Un deal gagnant-gagnant ?

Chers auditeurs, l’équation est alors assez simple à comprendre : on a d’un côté une commune avec de gros moyens mais pas de place... et de l’autre, deux petites villes avec plein de place, mais pas de moyens financiers pour les aménager. Va donc naître l’idée d’un deal gagnant-gagnant avec l’absorption de Sainte-Radegonde-en-Touraine et de Saint-Symphorien par Tours. Trois hommes travaillent à faire aboutir ce projet : Jean Royer, Louis Jouhanneau maire de Saint-Symphorien et Jean Le Reste maire de Sainte-Radegonde.

Des habitants peu favorables…

Si les élus des deux villes sont favorables à la fusion, la population est plus partagée, attachée qu’elle est à sa quiétude, à son foncier accessible et à son « identité ». La population paysanne craint, elle, à juste titre, de voir disparaître les terres qu’elle exploite au bénéfice des futurs projets d’aménagements immobiliers.

… Mais une fusion réglée en un petit mois !

Mais malgré ces réticences, l’ambition politique est la plus forte. Le 30 avril 1964, le conseil municipal de Sainte-Radegonde-en Touraine se prononce en premier : 12 votes pour, deux contres. Une semaine plus tard, le 9 mai, c’est celui de Saint-Symphorien qui rend son avis. Les débats ont a priori plus houleux (la commune est aussi plus grande), notamment avec la frange paysanne qui souhaite défendre ses terres… Score final : 12 pour, 6 contres. Là aussi, la fusion est entérinée. Après le vote du conseil municipal de Tours, l’absorption des deux anciennes communes est affective le 1er juin 1964. Sainte Radegonde et Saint Symphorien deviennent officiellement des quartiers de Tours.

La promesse d’une certaine autonomie qui ne dure pas

C’était l’une des promesses des anciens maires : les deux communes fusionnaient certes avec Tours mais conservaient une certaine autonomie. Dans un premier temps, ce fut le cas, avec notamment le maintien de deux mairies « annexes » à la mairie centrale, et des représentants au conseil municipal (4 pour « Sainte-Ra » et 2 pour Saint Symphorien). Mais assez vite, tout se dilue et nos communes s’effacent derrière le vocable de Tours-nord avec la création du quartier de l’Europe et de zones d’habitation.

Une troisième commune qui dit non

A l’époque, il faut savoir en effet que les terrains disponibles de la ville de Saint-Cyr-sur-Loire (11 000 habitants à l’époque) sont également convoités par Jean Royer. La ville joue son avenir lors des élections municipales de 1965. Mais la liste soutenue favorable à la fusion, soutenue par le maire de Tours, est finalement battue par celle défendant l’indépendance de la commune.