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Quand le Roussillon dit non à Napoléon III

À retrouver dans l'émission
Hélène Legrais
Du lundi au vendredi à 07h25
De

Un épisode très tendu de notre passé, raconté par Hélène Legrais.

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Illustration © Getty - bgblue

Elu Président de la IIe République en 1848, Louis Napoléon Bonaparte ne va pas mettre longtemps à suivre la trace de son oncle et le département n’a pas aimé ça !

Les Pyrénées Orientales ne lui ont d’ailleurs donné que 47, 61% des suffrages lors de son élection et Etienne Arago, le jeune frère de François, avait prédit ce qui allait se passer au neveu de Napoléon Ier : « Si nous vous repoussons, c’est que, voulussiez-vous rester dans le giron républicain, vous seriez forcé, par tout ce qui fait cohue derrière vous, de marcher vers une monarchie. » Bref, quand on est un Bonaparte, on est forcé de devenir un Napoléon ! Et c’est ce qui se passe. Après avoir juré de « rester fidèle à la République démocratique et de défendre la constitution », Louis Napoléon Bonaparte renie ses engagements et le 2 décembre 1851, il dissout l’Assemblée et annonce un plébiscite pour être autoriser à réinstaurer l’Empire. Le département, très républicain, est vent debout et se soulève. Dès le 3 décembre, des troubles éclatent à Perpignan, Collioure et Elne où le centre de la contestation est le café Aubert, tenu par l’activiste Joseph Mas. Vêtu de rouge, il harangue ses amis socialistes, debout sur une table. L’armée intervient. Dans la nuit du 7 décembre, cette fois ce sont plusieurs villages qui se soulèvent en Roussillon, dans la Salanque, Estagel, St Génis des Fontaines, Laroque des Albères … 10 000 personnes, selon les autorités, prennent les armes. A nouveau, la troupe accourt pour éteindre l’incendie révolutionnaire. Les émeutes sont matées. Le plébiscite est organisé le 20 décembre. Savamment orchestré, il donne un résultat sans appel : le IIe empire est né.

Fin de l’histoire…

Hélas non. Le pouvoir saisit l’occasion de démanteler le camp républicain. Et le préfet va s’y employer avec zèle : plus de mille personnes sont arrêtées, jugées de façon sommaire, condamnées à être déportées à Cayenne pour les « incorrigibles, les chefs » ou en Algérie, exilées, internées ou placées sous surveillance. On sévit dans tout le département avec des « nids » particulièrement visés : Perpignan bien sûr mais aussi Estagel, patrie des Arago, Espira de l’Agly, Corneilla de la Rivière, Ille sur Têt, Pia, Corneilla del Vercol …  La commission mixte d’application des peines sera plus clémente. Les déportations à Cayenne ne toucheront finalement que 10 personnes sur les 57 prévues, les autres étant elles aussi envoyées en Algérie, 350 au total

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